Marché et société
Les manuels abordent souvent ce cours à travers une problématique qui renvoie à l'opposition factice faite entre l'économie de marché et la société de marché. Pour ce faire nombre d'erreurs et de simplifications y sont commises. Ainsi, dans une première partie le marché est défini et critiqué pour sa logique marchande. Puis il s'agit de montrer que l'organisation sociale y compris en ce qui concerne les échanges ne passe pas nécessairement par le marché, des sociétés de troc ou de don en seront artificiellement différenciées. Enfin pour parfaire la relégation du marché, plus largement du capitalisme, le cours procède généralement par une minimisation de son autonomie vis-à-vis de l'État. L'intention est de montrer aux étudiants que le capitalisme n'est pas naturel et que toute organisation économique de la société ne dépend que de l'État. Nous reprendrons ces différents points en les démystifiant.
I. Une approche économique et sociale du marché
A. Définir le marché
1. Le marché implique l'échange
Le marché est le lieu de rencontre d'offreurs et de demandeurs, il permet par leur rencontre la réalisation d'échanges mutuellement profitables. Le marché passe-t-il par des échanges purement marchands ? Non, il suppose que lors de l'échange chacun se sente gagnant, que ce gain soit matériel ou non, cette recherche par chacun de son gain définit l'homme comme homo oeconomicus.
2. L'échange se fonde sur la propriété
Les échanges sont justes et fondés dans la mesure où ils portent sur des choses dont on possède la propriété. Or les droits de propriété ne reposent sur aucun postulat mais sur un axiome: celui du droit de propriété sur sa propre personne.
Un axiome est un énoncé que l'on ne peut pas nier sans le présupposer vrai. Il est impossible d'argumenter sans présupposer logiquement et implicitement la validité de toute la théorie des droits de propriété individuelle à commencer par le droit de propriété de soi. Prétendre le contraire signifierait que chacun appartient à tout le monde et qu'avant de prononcer un mot il faudrait en demander le droit à tout le monde. De même pour l'usage des choses. Nous ne pourrions pas survivre sans nous approprier de droit ce que nous utilisons et qui a été acquis légitimement par l'échange ou qui n'appartenait à personne. La théorie des droits absolus de propriété est donc vraie a priori. Et les droits existent avant le moindre contrat ou la moindre reconnaissance par les autres.
Si l'on suppose donc que la propriété privée est inhérente à l'homme, l'échange et le marché en découlent. Il ne s'agit donc pas d'une construction artificielle.
B. Une critique sociale du marché
La critique du marché est un exercice communément pratiqué, mais il faut garder à l'esprit que critiquer le marché n'est pas anodin, c'est remettre en cause les échanges libres et donc la propriété privée et la liberté de disposer de soi.
1. Le marché ne répond qu'aux besoins solvables
La loi de l'offre et de la demande pénalise ceux qui n'ont pas les moyens de se positionner en tant que demandeurs. Ainsi en cas de pénurie les prix partent à la hausse et pénalisent les plus pauvres. En outre ceux qui sont faiblement utiles dans une logique de marché sont faiblement rémunérés ce qui implique une inégalité des conditions, doit-on pouvoir consommer indépendamment de sa participation à la création de richesses ?
Par ailleurs en dehors des biens essentiels, le marché permet de satisfaire de nouveaux besoins, l'incapacité de satisfaire des besoins non essentiels est aussi porteuse de frustration, d'envie et pousse certains à vouloir l'égalité par le bas.
Contre-exemple : Investir dans la générosité
2. Le marché est porteur d'injustices et de contraintes
Rêve et réalité Qualifier
les échanges capitalistes de "volontaires" est vrai certes mais pas
suffisamment éclairant. Car il est vrai que je *ne veux pas* travailler
pour 1.000 euros par mois, le salaire que je veux vraiment est 10.000 euros par
mois. Je *ne veux pas* aller à l'hôpital, je veux être
toujours en bonne santé. On
ne peut estimer juste pour soi ce que l'on estime injuste pour les autres Et
ensuite comprendre la différence entre un échange libre et un échange contraint.
J'ai le choix entre donner ma bourse
et perdre la vie, mais ce choix n'est pas libre puisque les deux termes sont signifiés
par le même individu (le voleur). Christian Michel, http://www.liberalia.com
L'échange est-il
compatible avec l'exploitation ? Vous pouvez raisonner à partir de Nike
Il faut montrer ici qu'exploiter c'est contraire
à la misère de son propre fait en étant à l'origine de l'alternative donc en dégradant
la situation de celui qui n'accepte pas le contrat, or ici Nike n'est pas à l'origine
de la pauvreté des Indonésiens dont la situation se détériorerait sans la présence
de la multinationale américaine. A partir de là, rappeler donc que l'échange doit
profiter aux parties. |
3. La logique de la concurrence : la course à la productivité
L'autre critique habituelle porte sur une des caractéristiques du marché : la concurrence. Cette concurrence qui permet de satisfaire les consommateurs infligerait aussi une pression insoutenable sur les producteurs, les salariés et l'environnement.
À travers un exemple issu de l'actualité, examinons comment se manifeste cette "mauvaise" concurrence à travers le problème du transport routier. Dans ce domaine, la concurrence entre les transporteurs routiers, sous la pression des donneurs d’ordres qui imposent des délais de livraison très courts, les conduit à rouler de plus en plus longtemps au détriment de la sécurité et en infraction avec les lois du travail. Les faits divers nous apprennent qu'un camion a été arrêté dans le Jura (Le Monde, 18 mars 2002) pour avoir roulé 72 heures d’affilée sans s’arrêter. En fait le conducteur était un roumain et ses deux frères dormaient à l’arrière du camion pour le relayer. Avec une telle concurrence, précise le journaliste du Monde, les transporteurs qui ne s'alignent pas se font prendre les marchés, ainsi en acceptant de telles conditions ces travailleurs clandestins mettent à mal la profession. Sans compter les accidents toujours possibles à cause de la fatigue et de l'absence de professionnalisme. La conclusion en était que l’État devait réglementer.
Lois ou pas lois, des transporteurs agissent de la sorte, mais la loi fait qu’il s’en trouve toujours quelques uns pour dénoncer une « concurrence déloyale ». Donc elle sert effectivement à décourager ces pratiques. La question se pose de savoir maintenant si le marché encourage cette « mauvaise » concurrence ?
Supposons que tous les camions roulent sans interruption avec un équipage qui se relaie. Supposons que pour gagner encore en productivité, le chauffeur roule à lui seul 12 heures sans s’arrêter. Que se passerait-il alors ? Le nombre d’accidents mortels ou non augmenterait avec la fatigue des conducteurs, un accident mortel aurait des répercussions gigantesques qui souvent ne se limiteraient pas au décès du conducteur. Les primes d’assurance augmenteraient donc fortement pour les sociétés de transports, anticipant les dommages et intérêts à rembourser. En outre la pénibilité des tâches dissuaderait toute la profession des chauffeurs et aspirants chauffeurs, créant une crise des vocations qui pousserait les salaires à la hausse ou créerait une pénurie de personnels impliquant une amélioration nécessaire des conditions de travail - comme c'est le cas dans la restauration ou le bâtiment - . Au total l’augmentation du chiffre d’affaire des transporteurs serait obérée des frais supplémentaires d’assurance et de masse salariale. Ce à quoi on peut répondre : oui mais les roumains ne sont pas regardants, ils acceptent déjà pour faire ce boulot des salaires que personne ne veut, des routiers de chez nous il y en a plus le boulot est trop dur et ils sont trop exigeants en salaire. La constatation est juste et la crise des vocations existe déjà, mais tant que le marché profite aux intervenants : roumains, transporteurs et donneurs d’ordre, les camions rouleront. Aurait-on quelque chose à reprocher à cela ? La concurrence générera son propre ordre, les roumains travailleront dur jusqu’à ce qu’ils trouvent mieux ailleurs, les transporteurs augmenteront les cadences jusqu’à ce que les primes d’assurances deviennent prohibitives. Le plus malin dans l’affaire sera peut être celui qui fait rouler raisonnablement et paie correctement un personnel qualifié.
4. Pour les consommateurs, les risques du tout-privé
Mais la logique de la concurrence ne pousse-t-elle pas à rogner sur les coûts, y compris sur les dépenses de sécurité comme dans le cas des transports ferroviaires privitisés au Royaume-Uni et pour les transporteurs aériens low-cost ? Ce qui est public ne serait donc pas plus sûr que ce qui est privé ?
Les consommateurs dans une situation de concurrence préfèrent en majorité payer plus cher pour avoir des produits de qualité, un accident est une très mauvaise publicité (voir dans l'aviation), nul n'a intérêt à mettre ses clients en danger. On pourrait dire aussi que ce qui est public est en monopole donc, sûr ou pas sûr l'usager n'a pas le choix, l'incitation à investir et faire des travaux n'est pas évidente et les erreurs personnelles sont difficilement sanctionnables quant les salariés sont fonctionnaires. Dans le cas de British Rail les infrastructures publiques étaient déjà en ruine avant la privatisation, de mêmes les usines publiques dans les pays de l'Est étaient des ruines polluantes, les investisseurs étrangers ont préféré les détruire pour reconstruire. Concernant la vache folle, les autorités sanitaires françaises sont aussi coupables que celles anglaises, le recyclage des farines animales vient aussi de l'interdiction du soja transgénique dans l'alimentation du bétail. Quant à la concurrence qui pousse les transporteurs maritimes a avoir recours à des cargos poubelles le problème est que le principe pollueur-payeur, c'est à dire la responsabilité qui va avec la liberté d'entreprendre, n'existe pas. Problème, à qui appartient la mer, à qui les pollueurs doivent ils payer des dommages et intérêts ?
La logique de la concurrence : la course aux bons sentimentsC. Réhabiliter le marché
1. La légitimité de la propriété individuelle
On peut citer une évidence : la propriété individuelle permet à toute personne de se réaliser, de pouvoir atteindre grâce à ses propres moyens les buts qu’elle s’est fixée sans porter atteinte à la propriété de ses semblables. En conséquence, sans propriété individuelle l'atteinte d'un objectif se réalise par des moyens politiques donc avec la propriété des autres, ce qui s'apparente à de la spoliation. Quant à dire que des biens seraient une propriété collective cela ne tient pas logiquement car comment peut-on disposer personnellement pour ses propres objectifs de biens qui appartiendraient à tous ? Ceci reviendrait à utiliser les autres pour satisfaire ses besoins, seuls les hommes de l'Etat peuvent le faire, on en revient à l'utulisation de moyens politiques.
2. Les vertus de la concurrence
Or l’utilisation de la propriété se complète de l’état de concurrence. Cette concurrence est naturelle et résulte de la liberté d’entreprendre par l’usage de sa liberté individuelle, elle est aussi une contrainte qui pousse à l’excellence. Ainsi la concurrence forme une main invisible qui permet au consommateur et au producteur de bénéficier mutuellement du marché. Le producteur, naturellement poussé à proposer ses biens et services de manière à maximiser ses gains, ne pourra pour autant sacrifier la qualité ou être trop gourmand sur ses prix, sa cupidité le mènerait tout droit à la faillite. Le consommateur, de son côté, cherchera toujours mieux et moins cher.
Véritable système de motivations et de sanctions individuelles, la concurrence laisse donc libre cours à la créativité ; elle stimule l’innovation par l’encouragement à la recherche et à l’utilisation de nouveaux produits, de nouveaux procédés, elle oriente ainsi l’entreprise vers une combinaison plus efficace de ses ressources. Enfin, elle est un facteur de productivité par l’orientation qu’elle donne aux facteurs productifs vers leurs usages les plus productifs.
3. Les marchés contestables
Friedrich von Hayek dans Individualism and Economic Order (1948) remet en cause la croyance des économistes en la nécessité d'une marché de concurrence pure et parfaite pour le bon fonctionnement de l'économie. Il faut rappeler ici que la remise en cause de l'économie de marché par certains économistes se basent encore sur la constatation de l'irréalisme du modèle néo-classique de concurrence. Rappelons que pour qu'une concurrence soit pure il faut l'atomicité et la fluidité des offreurs et des demandeurs, autrement dit que les uns et les autres soient très nombreux et puissent entrer et sortir sans coûts du marché, il est nécessaire aussi que les produits vendus soient homogènes. Pour que la concurrence soit en plus parfaite il faut que les facteurs de production soient mobiles géographiquement et fonctionnellement, et aussi que l'information soit fiable et gratuite. Ce dernier point est certainement le plus irréaliste, l'information est imparfaite et on ne peut donc garantir l'usage le plus efficace des ressources productives.
Heureusement d'ailleurs que la concurrence est imparfaite, sinon aucun profit ne serait possible et l'économie pourrait être gérée par des robots calculant et maximisant, un rêve de planificateur. Hayek fait donc de l'imperfection de la concurrence la condition de l'existence de marchés libres et décentralisés. Ainsi pour que l'économie de marché fonctionne, il que des milliards d'acteurs individuels négocient librement, que par leurs désirs concrétisés en des offres et des demandes ils fassent circuler une information prix impliquant des ajustements continus sur le marché. On n'atteindra jamais les optimums théoriques mais on réalisera ainsi en pratique le meilleur usage possible des ressources.
Ce processus n'est possible que par la liberté de négocier et d'entreprendre. Ceci implique de la part de l'État un devoir de non-intervention. L'État ne vient pas au secours du marché lorsqu'au nom de la concurrence il met en place des lois anti-trusts, ou qu'au nom de la lutte contre les gaspillages il déclare le monopole d'une entreprise de réseaux de type SNCF, EDF ou France Télécom. Au contraire, son pouvoir de nuisance consiste à empêcher la libre entrée du marché puisque tous les services publics possèdent un monopole incontestable, c'est-à-dire qui ne peut légalement être remis en cause.
Le meilleur fonctionnement possible du marché suppose donc une seule condition, l'absence de barrières légales à l'entrée ou à la sortie, on parle là de marchés contestables. Si un monopole se constitue et qu'il n'est pas légalement protégé, nul besoin d'une loi anti-trust pour le dissoudre, ce monopole n'existe que dans la mesure où la concurrence potentielle ne serait pas rentable, ce qui garantit bien qu'il rend le meilleur service à la société.
Il y a 2-3 ans, j'ai trouvé un article dans le journal vaudois "Le Matin", qui parlait d'un Suisse émigré au San Salvador et créateur d'une entreprise fabriquant des briques. Ils le montraient avec un Colt à la ceinture, ce que le Valaisan disait détester, puisqu'il était de nature pacifique, mais il semblerait qu'il s'était déjà plusieurs fois fait tirer dessus à l'AK-47. Mais pourquoi donc ? Parce qu'il avait instauré une concurrence "déloyale": il avait le meilleur produit du marché et il le vendait MOINS CHER que la concurrence ! Et pire que ça: ce salopard se permettait de payer ses employés 2 à 3 fois les salaires usuels, attirant du coup les meilleurs travailleurs et assurant leur fidélité ! Alors les producteurs concurrents ne voyaient qu'un moyen de l'éliminer, c'était à coup de balles, mais heureusement, ils étaient aussi mauvais tireurs que poseurs de briques. Cohérents dans la nullité ! Stefan Metzeler, Le Matin, 18 mai 2002 Qu'appelle-t-on
un monopole contestable, un monopole incontestable ?
On parlera plutôt d'auto-régulation, la réglementation implique une intervention extérieure. Le marché corrige tout désajustement par le mécanisme des prix. Dans le cas de dangers ou de prises de risque induit par la concurrence, la couverture des risque implique un prix et celui-ci décourage les pratiques dangereuses. Dans le cas de l'ouverture du dimanche ou d'innovation lancée par un concurrent, tous les autres doivent suivre si ils ne veulent pas perdre le marché. L'innovateur ici profite du fait qu'il est le premier à lancer son innovation et il en profite avant d'être imité. Bien évidemment la pression concurrentielle n'est pas agréable pour les producteurs, mais elle permet de se surpasser au service des consommateurs. |
II. Le marché, une forme d'organisation des rapports sociaux parmi d'autres
Pour Karl Polanyi, dans La Grande Transformation (1944), les formes prises par les échanges sont relatives à la société dans laquelle ils prennent place. Il parle là d'un phénomène d'encastrerment de l'économie dans les règles sociales. L'existence d'échanges basés sur des règles traditionelles et non selon des considérations marchandes est le propre de sociétés mettant en avant la réciprocité dans la relation, le lien social.
Polanyi critique l'échange marchand et cherche à favoriser des formes d'échanges mettant en avant le retour à l'encastrement au sens de lien social : ainsi en est-il selon lui de la réciprocité comme par exemple les SEL ou l'économie du don ou encore la redistribution publique (échange non consenti passant par l'État).
A. Les échanges réciproques
1. L'échange à volume égal
Jean-Michel Servet, proche de Karl Polanyi entend montrer la non-universalité de l'échange marchand. Dans une de ses contributions datée de 1993 "Du troc au réseau, les marchés dans l'histoire", il décrit "l'échange à volume égal" pratiqué en Casamance : "Dans cet « échange à volume égal », on troque par exemple un panier de riz contre le même volume d'arachide. A Buka Passage, en Nouvelle-Guinée, il y a un type d'échange similaire, dit « charge contre charge », dans lequel des femmes échangent entre elles les charges qu'elles portent sur le dos. Dans ces deux formes d'échanges, il y a bien sûr une inégalité dans la valeur des produits. Les gens qui les pratiquent en sont d'ailleurs parfaitement conscients. Si vous leur faites remarquer que, dans le troc, il n'y a pas équivalence comptable des marchandises, on vous répondra que c'est bien là une idée de « Toubab », (de blanc), de vouloir obtenir une égalité en terme de temps de travail ou de la valeur des biens."
1.
Ne peut-on échanger que des biens ayant une valeur égale?
Non
car sinon on ne gagne rien à l'échange, donc pas d'échange, la valeur est subjective.
2.
Qu'est ce qui motive selon vous l'échange "charge contre charge" ?
2 solutions, soit
on connaît le contenu de la charge de l'autre, et on préfère ce qu'il a plutôt
que ce que l'on possède, soit on ne le connaît et on fait le pari d'obtenir une
valeur supérieure à la sienne.
3.
Peut-on être indéfiniment bénéficiaire de ce type d'échange
?
On peut faire référence au Tit for Tat, si un échangiste
cherche systématiquement à échanger une valeur moindre contre
une valeur plus importante, il risque l'ostracisme.
2. Kula et potlach
Jean-Michel Servet décrit une pratique culturelle, la kula : "La kula est pratiquée en Mélanésie, notamment par les habitants des îles Trobriand, au large de la Nouvelle-Guinée. Elle correspond à un système d'échanges cérémoniels de biens, sous forme de dons circulaires (« kula ») très codifiés. La kula se pratique ainsi : les habitants d'une île A partent en pirogue vers une île B amie. Ils emportent avec eux quelques cadeaux sans grande utilité ni grande valeur décorative, comme des brassards de coquillage. Arrivés sur l'île B, ils vont offrir ces présents. Les habitants de l'île B vont alors, en retour, offrir d'autres cadeaux symboliques. Cet échange signifie que de nouveaux liens se sont créés entre les tribus devenues amies. L'importance du cadeau détermine le prestige et la renommée du donateur. Elle crée aussi une relation de dépendance de celui qui reçoit à l'égard de son hôte, toujours plus généreux. Les habitants de l'île A vont alors continuer leur tournée dans d'autres îles de l'archipel. L'année suivante, ce sera une expédition de l'île B qui partira à son tour en visite chez ses voisins pour recevoir de nombreux dons cérémoniels de la part de ceux qui lui sont désormais obligés. [...]"
La kula constiturait donc une forme de troc différé donc l'objectif ne serait pas utilitariste.
La Kula c'est ça !
La dame devait bien entrer dans son troisième âge et à cette heure le métro de Tokyo n’était plus bondé, il n’y avait pourtant pas encore la moindre place assise. C’est dans un tel contexte qu’un homme bien élevé se lève pour céder son siège. Mal lui en prendrait pourtant, se heurtant à un profond malaise et à un refus gêné de prendre la place ainsi libérée, il réaliserait l’affront porté à cette vieille dame qui ne saurait payer en retour le menu service rendu. Evidemment, offrir sa place à une personne âgée, ou à une femme enceinte nous paraît naturel, nous ne demandons rien en échange mais nous en percevons une récompense morale, l’euphorie passagère d’être un bien chic type. Si nous ne nous étions pas levé le premier, un autre l’aurait fait et nous l’aurions regretté un instant avec un petit sentiment de honte. Mais c’est là raisonner d’une façon que certains qualifieraient de « judéo-chrétienne », don et compassion récompensent au premier chef ceux qui en font montre et c’est certainement ce que devait penser un missionnaire chrétien envoyé en Indonésie puis adopté par une tribu locale. Après tout il devait bien honorer ses hôtes par sa présence, mais voulant leur rendre la pareille il leur promit après un voyage de revenir avec fils, aiguilles et boutons. Une promesse faite à la légère en ce qui le concernait car il revint en l’ayant oublié, ce qui lui valu un mortel accueil et une fin au fond de l’estomac de ses hôtes.
Le Potlach pas mort ! C’est en parcourant la liste des invités qu’Anne-Marie se dit que les 30 prochains jours risquaient d’être stressants pour elle et ruineux pour ses parents, elle reposa la liste et tenta sans trop y croire d’insuffler à sa mère le sens des réalités. - Non Maman je n’aurais pas dû te laisser choisir les invités, franchement où on va trouver de la place pour 123 pékins dont je ne connais certains ni des lèvres ni des dents. Auguste Mirepoux c’est qui ? Et Géraldine Laposse ? Si je connaissais des noms pareils, je les aurais certainement pas oubliés… Ah et puis tu as trouvé le moyen d’inviter ce gros con d’Alexis Duclos et ce qui lui sert de femme, il va nous pourrir la cérémonie. La mère ramenant les deux soucoupes lui proposa négligemment une Winston, pris une sucrette et tout en touillant son café lui répondit d’un ton qui ne supportait pas la réplique : - Ecoute ma petite fille, Alexis nous a tous invité pour le baptême de sa petite dernière, alors on ne pouvait pas faire autrement que de le compter parmi les convives. - Ah mais merde alors, ça c’est ton problème, t’avais qu’à pas y aller, j’y suis allé moi ? - Une invitation pareille ne se refuse pas, tu as été impolie et c’est tout ! Encore une fois l’atmosphère promettait d’être bon-enfant, en famille on aimait bien faire monter un peu le ton de la conversation, Anne-Marie n’allait pas se priver de sortir ses vérités à qui voulait bien les entendre. - C’est nouveau depuis quand tu l’apprécies Alexis ? - C’est un con parvenu tu le sais bien, et encore parvenu on se demande où, envieux et jaloux de nous comme il l’est … - Alors pourquoi tu l’invites à MON mariage, la coupa sèchement Anne-Marie. - Parce que ce con a voulu nous en mettre plein la vue avec le baptême de sa moutarde, dit-elle d’un ton suraigü, puis reprenant son souffle : mais bien sûr il ne sait faire que dans le luxe vulgaire, c’était tapageur et criard son buffet et ses musiciens, franchement j’en avais honte pour lui. - Tiens, pourtant Josiane et Bernard avaient trouvé cela très bien, digne, respirant l’abondance et la convivialité. - C’est que ces gens là n’ont pas le moindre goût, grimaça-t-elle. Ah ils en veulent de la dignité et de la convivialité, je te prie de croire qu’ils vont en avoir… Il fallait voir comment le désir de faire plaisir s’était impérieusement emparé de la mère, ce flot de bons sentiments la submergeait, la générosité la rongeait littéralement se dit Anne-Marie. - Justement Maman, tu as terminé le programme de la cérémonie ? - Oui ma chérie, j’ai rajouté quelques éléments pour rehausser la tonalité, justement écoute … - Je crains le pire, fit-elle d’un air faussement accablé. - Mais non, trois fois rien, j’ai seulement rajouté un attelage pour le cortège de la mairie à l’église, avec, tiens-toi bien, quatre cheveux pie de chair et d’os … La future mariée la fixa, interdite, Non mais je rêve ? - Attends, un vrai attelage de location, tu verrais les huiles qui l’ont déjà utilisé à ce jour, que du beau monde et pas pour des petites occasions festives à quatre sous. Bon, de toute façon ça c’est réglé, il y aura aussi une envolée de colombes à la sortie de l’église. Quant à ton karaoké, tu sais ce que j’en pense, je te l’ai laissé, mais j’ai aussi loué une seconde salle avec un orchestre viennois qui nous jouera des valses comme à la belle époque. - Ca va pas bien chez toi ? C’est trop kitsch TA fête. - Mais non, et tout ces peigne-culs d’invités vont bien voir ce que l’on vaut, je te garantie que plus aucun n’osera nous inviter à moins d’être capable de raquer un an de salaire pour une vraie cérémonie.
En
quoi consiste la kula ? Il s'agit d'échange de don, échange encastré dans des structures sociales selon Polanyi, donc échange non marchands et qui dépendent des traditions. Quelle différence faîtes vous entre kula et potlach ? Toute l'économie de don n'est pas la Kula. La Kula des Mélanésiens, impliquant une espérance de gain à travers des échanges de don et de contre-don, se distingue du Potlach des indiens Kwakiutl, où le prestige dépend des dépenses somptuaires que l’on fait pour impressionner et humilier ses invités. Quelles sont ses ressemblances et ses différences avec l'échange marchand ? Celui qui reçoit doit ensuite offrir une valeur au moins aussi grande que celui qu'il donne, sous peine de devenir l'obligé du donateur. En donnant on s'attend à recevoir autant ou à dominer celui qui reçoit. L'effet pervers est que ceci ne contribue pas à une main invisible mais à l'appauvrissement pour des raisons de prestige, une société basée sur le potlach ne peut se développer, une société basée sur la kula le peut mais est porteuse d'affrontements, chacun espère recevoir un don plus important que le sien à ses yeux mais peut être déçu. On constate que les sociétés qui se sont développées sont basées sur l'échange marchand. Constitue-t-elle davantage une relation d'échange ou de pouvoir ? Les rapports de "réciprocité" existent-t-ils chez nous ? Oui, notamment à l'occasion des cadeaux pour les cérémonies ou de l'organisation des cérémonies : concurrence pour organiser le plus beau mariage mais aussi cela amène à la ruine. |
Quelles sociétés pour la kula et le potlach ?
B. Le troc
1. Le troc traditionnel
Nous avons déjà vu en quoi consistait le troc dans le chapitre sur la monnaie, il s'agit d'un échange direct marchandise contre marchandise sans intervention de la monnaie, mais ce système d'échange se heurte au problème de la double coïncidence des besoins.
Développement : Nous serions encore à l'âge de la pierre si la monnaie n'avait pas été inventée
2. Les systèmes d'échange locaux
Imaginez une société sans aucune forme d'argent - ni espèces, ni chèque, ni carte bancaire - mais où l'on pourrait quand même s'offrir ce que l'on désire... Un rêve ?
Non
puisque les
réseaux d'échange locaux sont nés dans les années
80 d'un contexte de chômage important, ils permettent l'accès à
des biens et à des services en dehors des circuits monétaires
traditionnels. Ces SEL échappent au problème de la double coïncidence
des besoins par la création d'une unité de compte virtuelle permettant
de créditer ou de débiter les échangistes en cette unité.
On peut y échanger des vêtements contre un cours de musique, ou
encore un bricolage en plomberie contre des fruits et des légumes. Tous
les échanges sont possibles sans compter le moindre euro. Les différents
SEL ont cependant comme points communs les principes de réciprocité
- on peut bénéficier des services mais il faut aussi en rendre
-, de liberté - on s'engage avec qui on veut et on peut négocier
librement les prix - de triangularité - pour éviter la double
coïncidence des besoins le réseau permet d'ouvrir l'échange
à tous les participants, c'est là en vérité que
l'unité de compte sert d'intermédiaire des échanges -.
Concrètement le SEL nécessite des administrateurs pour fonctionner, il ne peut fonctionner qu'à une échelle limitée puisque les administrateurs devront pouvoir mettre à jour et diffuser l'ensemble des offres et des demandes de biesn et de services. Lors de chaque transaction, les administrateurs créditeront en SEL le compte de l'offreur et débiteront celui de l'acheteur, les comptes de chacun partent de 0 et il est possible de continuer à échanger même avec un compte négatif, mais globalement les débits et les crédits doivent s'annuler.
Il est à noter que les SEL se développent plus facilement dans les pays anglo-saxons qu'en France où ils connaissent des problèmes de mise en cause judiciaire pour travail clandestin, fraude fiscale.
En France les promoteurs des SEL présentent cette innovation comme une alternative au fonctionnement capitaliste de la société, ils insistent sur le fait que les SEL permettent la satisfaction de besoins non solvables, que les unités de compte détenues ne permettent pas la perception d'intérêt ni de spéculer ou de détenir des capitaux et que ce système d'échange développe le lien social.
Débat chez les Selistes Voilà, pour moi le SEL reproduit un marché dans une anarchie parfaite dans le sens où il se passe de l'intermédiaire monnaie qui permet un contrôle de l'État sur les échanges, une intervention par l'inflation (taxation supposée indolore) et la taxation qui perturbent l'équilibre du marché réel. Un marché sans État donc, par conséquent il n'est pas étonnant que des volontés de réglementation apparaissent pour que les sbires du secrétariat d'État à l'économie solidaire viennent se sucrer sur les sels. Par l'intermédiaire du sel nous satisfaisons des besoins, nous créons de la valeur, en effet quand vous dîtes " Là il ne s'agit plus de la relation intime à soi même, mais de la relation au collectif pour produire des biens et des services que les néolibéraux disent " utiles " quand ils rencontrent une demande " solvable ", vous vous trompez sur la nature des échanges. Il ne s'agit jamais d'une relation à soi-même mais d'une rencontre d'individus tous divers dans les talents et leurs besoins, car si nous ne savions tous faire qu'une chose et accordions tous le même prix à chaque chose, alors aucun échange ne serait possible. Quant à définir ce qui est utile, il s'agit tout simplement de ce qui correspond à un besoin, je produis un bien ou un service et je l'échange donc contre un autre qui m'apportera une satisfaction plus importante que le bien ou service dont je me sépare dans l'échange. Là encore pour qu'il y ait échange il faut que la personne qui échange avec moi m'apporte quelque chose qui me soit utile, nous revenons donc au principe de solvabilité : n'est pas solvable celui qui ne m'apporte rien dans l'échange. Mais mon besoin ne s'exprime pas que matériellement, la charité me donne aussi une satisfaction et satisfait le besoin que j'ai de m'estimer. Ainsi s'explique l'acceptation de ceux qui ont des comptes en sel débiteur, mais ces comptes n'impliquent pas pour autant en réalité que les débiteurs n'aient jamais contribué, ils ne sont pas assistés dans le sens où leur compte n'est débiteur que dans la mesure où j'accepte par exemple de donner sans contrepartie un cours de langue à un seliste. Ici, c'est moi qui accepte de donner, cela me concerne et on ne m'a pas forcé la main, l'État par contre introduit une assistance obligatoire qui me fait perdre la satisfaction de mon besoin de générosité dans ma relation avec l'échangiste débiteur. Ne passons pas nous plus à côté du fait que celui ou celle à qui j'offre mes services, mais aussi l'ensemble des selistes me sont agréables, que j'ai certainement plaisir à sa compagnie, ce plaisir là implique un échange dans lequel nous avons gagné l'un et l'autre, donc un jeu à somme positif. Ce que je veux dire ici c'est qu'il n'est pas important d'être créditeur ou débiteur dans le sel, à chaque fois que nous échangeons nous gagnons tous deux, car rien ne nous oblige à faire une transaction (les hommes de l'État ne sont pas là pour nous contraindre). Le sel, puis maintenant l'e-gold ressuscitent bien des marchés plus purs, le principe même de la main invisible en lequel vous semblez ne pas croire s'illustre bien dans la valeur que nous créons à chaque échange, une valeur fondée sur l'utilité que nous ressentons dans toute sa subjectivité. |
Commentez la première phase en gras, faire le rapport avec le
texte de Rand sur l'argent Les promoteurs des SELs se présentent
souvent comme des militants anti-capitalistes, hostiles au marché et à l'argent.
Mais en réalité le "grain de sel" possède tous les attributs de la monnaie,
il sert d'intermédiaire des échanges, de réserve et d'unité de mesure des valeurs,
il s'agit donc de rien de moins que d'une monnaie privée. L'auteur montre d'ailleurs
que lorsque les monnaies publiques ne remplissent plus une de leurs fonctions
(celle de réserve des valeurs à cause de l'inflation) alors des monnaies privées
apparaissent et se substituent à elle. Les SEListes considèrent l'argent comme
symbole d'inégalité entre riches et pauvres, ils oublient que l'argent n'est qu'un
intermédiaire. Comme le montre Ayn Rand l'argent exprime l'utilité sociale de
son possesseur, on ne l'obtient que par le service des intérêts des autres, de
la même façon que l'on obtient les grains de sel.
Le
marché peut-il s'auto-réglementer ?
L'absence d'argent implique-t-elle dans le cas des SEL une
absence de marché ? L'absence
d'argent étatique n'implique pas l'absence de marché, le sel met en relation des
offreurs et des demandeurs, il est un intermédiaire des échanges on ne peut donc
parler de troc mais d'échanges sur un marché.
L'existence
d'un marché vous paraît-elle naturelle ? Oui
car même ceux qui veulent échapper à l'échange marchand, réinventent le marché
comme dans le cas des SEL ici. L'État n'est pas une condition nécessaire
à l'apparition et au maintien des marchés, car ils existent même si ils sont interdits
(ex : le marché noir en URSS).Oui car même ceux qui veulent échapper à l'échange
marchand, réinventent le marché.
Pourquoi
les SELs sont-ils apparus ? Ils
devaient permettre aux plus pauvres d'avoir accès à l'échange effectivement ils
concernent surtout des chômeurs et des RMIstes, donc une catégorie de population
dont les besoins sont peu solvables. Pour les SEListes, le SEL est une façon de
redonner de la fierté et un sens du service à ceux dont les besoins ne sont pas
solvables dans la société marchande. Miracle, on s'aperçoit qu'effectivement des
besoins non solvables en monnaie étatique (dans une société prétendue marchande
mais en réalité hyper réglementée) deviennent solvables en monnaie privée. La
non-solvabilité des besoins s'explique donc par l'Etat et elle se résous par le
marché. En effet les réglementations sociales et le poids des charges exclut une
partie des chômeurs du monde du travail, alors qu'il est facile pour ces mêmes
chômeurs de louer leurs services afin de pouvoir acheter en sels des biens ou
services sans taxes ou charges. Les SEL apparaissent donc comme des lieux d'échange
sans autres règles que celle du consentement des échangistes. Les transactions
mutuelles peuvent se substituer à des contrats de travail ou à des contrats de
vente, la marchandisation devient donc ici complète et, contrairement à l'idée
véhiculée le plus souvent, elle profite aussi aux plus pauvres.
Qu'apportent
les SELs par rapport à l'échange monétaire ? Les
transactions réalisées n'impliquant pas versement en argent n'impliquent donc
pas non plus taxation et permettent le recours à une main d'oeuvre flexible, la
volonté de l'État français de tout réglementer et de tout taxer conduit
au développement de ces pratiques, le fisc s'en est d'ailleurs déjà mêlé. On soulignera
aussi le paradoxe entre la posture gauchiste des promoteurs des SELs et leur réalisation
qui consiste à réinventer un marché sans Etat dans lequel la seul loi est celle
des parties échangistes, le succès des SEL révèle donc la faillite de la réglementation
et contribue à l'affaiblissement de l'État.
C. Le don
Dans "L'esprit du don" (1992), puis "Le don, la dette et l'identité" (2000) Jacques Godbout oppose l'échange marchand en tant qu'échange qui a pour but l'indépendance des échangistes au don qui instaure un lien entre les partenaires. Il présente donc le don comme établissant un lien social sous différentes formes, que ce soit celle de la solidarité, de la dépendance ou de la rivalité. Il veut montrer que le champ du don ne se limite pas aux proches, mais qu'il se développe vers les étrangers : "Tous les rapports entre étrangers ne prennent pas la forme du marché. Il existe une catégorie de dons qui se produisent aussi entre inconnus: c'est le cas des échanges régis par ce qu'on appelle les lois de l'hospitalité, des dons que fait le public au moment de catastrophes naturelles, ou de certains événements politiques, des dons de charité, de certaines formes de bénévolat. Toutes ces formes de circulation des biens fonctionnent hors marché, et sans emprunter la voie de la redistribution étatique, c'est-à-dire qu'ils sont entièrement volontaires et spontanés. On peut même penser qu'ils ont une importance telle dans la société actuelle que cela en fait une caractéristique propre à cette société. Ce qu'on appelle par exemple la « vie associative » constitue un domaine riche et varié. Cet univers tend à être proche de l'esprit du don dans la mesure où la naissance des associations est un acte libre et où leurs membres ne visent pas le profit."
Il explique le don aux proches par un sentiment de dette positive, c'est-à-dire le sentiment de devoir quelque chose qui pousse à donner. Cependant comment expliquer le don aux étrangers, à des gens que l'on ne connaît pas et qui ne peuvent nous le rendre ? Pour Godbout ce don s'explique par une dette rensentie vis-à-vis de la société ce qui constitue pour lui un "réenchetement" des rapports sociaux. Il avance également une autre raison quelque peu discutable suivant laquelle fait de donner activerait "les mêmes régions du cerveau que le chocolat ou la cocaïne". Plus convaincante est sa vision suivant laquelle "l'appât du don répond à l'appât du gain". La course à l'enrichissement serait donc une façon de se mesurer tout comme le serait celle consistant à prouver sa capacité à donner. Nous ne sommes plus très loin du potlach puisqu'il s'agit de démontrer son pouvoir de donner.
Les riches étalent leurs richesses par le don ? En 2005, Warren Buffet, propriétaire de la première compagnien mondiale de jets privés, a légué 85 % de sa fortune, soit 37 milliards de dollars au profit de la fondation Bill Gates, dédiée à la recherche médicale dans les pays pauvres. Sandy Weil, ex-patron de la plus grande banque du monde, Citigroup, se dit touché par la grâce divine et fait don de 1,4 milliard de dollars à des oeuvres. American Express lance la carte Red dont le principe est de consacrer 1 % des sommes dépensées en carte pour la lutte contre le sida en Afrique, le succès de cette carte devrait permettre d'en étendre le principe. |
Pourquoi parler d'un réenchantement des rapports
sociaux ? Quand l'"enchantement" des rapports sociaux a-t-il été
brisé ? Cette
vision qui est celle du MAUSS (mouvement anti-utilitariste en sciences sociales)
dont fait partie Godbout oppose le lien social au lien marchand. Elle suppose
un âge d'or qui aurait-été oublié en occident et durant
lequel les échanges n'obéissaient pas à une recherche d'intérêt,
mais étaient encastrés dans la société - cette vision
est celle de Karl Polanyi - le désenchantement des rapports sociaux serait
marqué par l'apparition d'un individualisme qui ne serait pas dans la nature
de l'homme. Cette construction théorique revient à nier le concept
de droits individuels et à vouloir faire de l'homme l'élément
d'un grand tout. Le réenchantement des rapports sociaux remet donc en cause
l'autonomie et la liberté individuelle, il considère aussi comme
Polanyi le capitalisme comme un simple moment de l'histoire.
Peut-on
vraiment dire que le don ne résulte pas de la recherche du profit ? Non,
il s'agit en fait d'un profit non matériel ou la recherche d'une relation de pouvoir,
le témoignage d'une compassion. Le don aux étrangers relève souvent
d'un processus d'identification, on donne à des gens qui connaissent une
situation qui pourrait être la nôtre : victime d'une catastrophe naturelle
par exemple ... Mais il est plus difficile de donner à ceux qui sont différents
ou dont les réactions nous échappent, sauf à vouloir y gagner
des grâces mais là encore il s'agit d'un calcul religieusement utilitaire.
Dans les différents exemples recherchés on ne peut donc déterminer
de dons franchement désinteressés.ppelle-t-on
un monopole contestable, un monopole incontestable ?
N'existe-t-il
pas aujourd'hui un marché du don ?
Montrer
que les associations sont en concurrence pour la perception de dons et qu'elles
réalisent une surenchère afin de rendre le donateur plus concerné par leur cause,
prendre un exemple de demande de don. Pour la pauvreté : secours catholique, populaire,
resto du coeur, Emmaüs, ...u'est
ce que la concurrence pure et parfaite ?
Analyse documentaire
: capitalisme et gratuité
III. Le marché est-il un phénomène naturel ?
A. Société de marché
1. Le respect des droits individuels détermine la société
Les arguments d'Ayn Rand dans On Capitalism établissent les éléments suivants : "L'homme est naturellement un être rationnel, sa survie dépend de sa capacité à raisonner, à calculer. Il possède donc le droit d'exister, de survivre, sachant que le terme "droit" est un principe moral qui définit la liberté d'action de l'homme dans la société et non une créance sur d'autres ("droit de" et non "droit à"). L'homme a donc le droit de produire de façon à vivre de sa production par ses efforts et par les ressources de son esprit. Si il ne peut disposer du fruit de ses efforts alors ses propres forces d'action et de création ne lui appartiennent pas. Et si ses forces ne lui appartiennent pas alors sa vie ne lui appartient pas non plus. Sans droits de propriété, aucun autre droit ne peut être exercé."
Maintenant, ces faits étant acquis, interrogeons nous sur le type de société qui conviennent à l'homme. Une société se constitue de principes moraux, politiques et économiques se concrétisant dans des lois, des institutions et un gouvernement lequel détermine les relations s'établissant entre les hommes vivant sur un territoire donné. Les institutions et les relations qui s'établissent vont dépendre de la nature humaine et celle-ci différera suivant que nous ayons affaire à une société d'êtres rationnels ou à une sorte de colonie d'insectes sociaux. Il est évident que nous aurons affaire à des sociétés radicalement différentes si les hommes entretiennent des relations basées sur leur libre arbitre et que chacun s'y considère comme sa propre fin, ou si les hommes agissent comme les éléments d'une meute chacun ne considérant les autres que comme des moyens pour atteindre ses fins. Il n'y a que deux questions fondamentales (ou deux aspects de la même question) déterminant la nature de toute société : reconnait-elle les droits individuels et bannit-elle les rapports physiques de force des relations humaines ? La réponse à la seconde question est la concrétisation de la réponse à la première. L'homme est-il un individu souverain qui possède sa personne, son esprit, sa vie et sa production ou appartient-il à sa tribu (l'Etat, la société, la communauté) qui peut disposer de lui de toutes les façons qu'elle souhaite, qui peut lui dicter que penser, détermine les buts de son existence, contrôle son travail et en exproprie les fruits ? L'homme a-t-il le droit d'exister pour lui-même ou est-il né dans les chaînes comme un esclave qui doit racheter sa vie en servant sa tribu sans espérer vraiment d'être affranchi ? Voici la première question à laquelle répondre. Le reste n'est que les conséquences de cette réponse et découle de la liberté ou non de l'homme
2. C'est la société qui détermine le rôle de l'État
Dans l'histoire de l'humanité, le capitalisme est le seul système social qui repose sur l'hypothèse d'un homme naturellement libre. Le capitalisme est le système social qui repose sur la reconnaissance des droits de l'individu incluant les droits de propriété et posant que toute propriété ne peut être qu'individuelle. La reconnaissance des droits de l'individu implique que le recours à la force physique soit exclu des relations humaines dans la mesure où les droits ne peuvent être violés que par la force. Dans une société capitaliste, aucun homme, aucun groupe ne peut faire le premier l'usage de la force contre les autres. La seule fonction de l'État y est donc la protection des droits de l'individus c'est-à-dire la protection contre l'usage de la force physique. L'État n'apparaît donc que comme un agent investi du droit d'auto-défense au nom des individus lésés, en conséquence il peut effectivement se prévaloir de la violence mais uniquement afin de punir ceux qui en ont fait l'usage les premiers. Ainsi l'État est une façon de mettre le pouvoir d'usage de la force sous un contrôle objectif.
3. Le capitalisme est conforme à la nature humaine
Dans une société capitaliste, toutes les relations nouées entre les hommes sont volontaires. Les hommes sont libres de coopérer ou de ne pas coopérer, d'entrer en relation ou de ne pas entrer en relation, ils en décident selon leur jugement, leur conviction, leurs intérêts. Ils entrent en relation par suite de l'usage de leur raison c'est-à-dire suite à discussions, persuasion, et contrat par consentement mutuel au bénéfice de chacun. Le droit d'être en accord avec un autre n'est un problème dans aucune société, c'est le droit de ne pas être d'accord qui pourra être accepté ou non selon les sociétés. L'institution de la propriété privée protège et érige le droit de ne pas être d'accord et permet ainsi l'exercice du libre arbitre, de la créativité qui en découle. C'est là la différence fondamentale entre le capitalisme et le collectivisme. Le pouvoir qui permet l'établissement, le changement, l'évolution et la destruction des types de société est la philosophie. C'est donc en référence à la philosophie que les caractéristiques d'une société doivent être définies et évaluées. En correspondance avec les quatre branches de la philosophie, les quatres fondements du capitalisme sont : métaphysiquement la correspondance avec la nature humaine et la conservation de l'individu ; épistémologiquement la raison ; éthiquement les droits de l'individu ; politiquement la liberté. Ceci est, en substance, la base d'une approche correcte de l'économie politique et de la compréhension du capitalisme - mais cette approche n'est pas celle d'une vision tribale qui justifierait seulement le capitalisme parce qu'il permet une allocation optimale des ressources. L'homme n'est pas une "ressource", son esprit n'est pas une ressource et d'ailleurs sans le pouvoir créatif de l'intelligence humaine les matières premières ne seraient que des produits naturels sans aucune valeur. La justification morale du capitalisme ne repose pas sur la proclamation altruiste suivant laquelle il représente le meilleur moyen d'atteindre l'intérêt général. Il est vrai que le capitalisme y parvient, mais c'est là sa conséquence secondaire. La justification morale du capitalisme est que ce système est le seul compatible avec la nature humaine, qu'il permet le développement et la survie de l'individu et qu'il se base sur le principe de justice.
B. Le capitalisme institué par l'État
1. La propriété privée n'est pas naturelle
Karl Polanyi considère que la propriété privée n'est pas naturelle, tous les biens n'ayant pas vocation à être appropriés individuellement. Il en déduit que le marché ne serait pas non plus naturel et que tout n'a pas vocation à être l'objet d'un marché. On retouverait là la source des adversaires de la "marchandisation". Le développement du marché est donc pour lui le résultat de l'action de l'État qui en aurait délibéré permis l'essor et l'aurait imposé à une population qui tente d'y résister. Historiquement Albert Bresson fera pourtant la démonstration dans La cité marchande d'une organisation poussée des échanges marchands dès la Grèce antique, donc bien avant la révocation des Poor Laws.
2. L'économique désencastré
Polanyi oppose la société traditionnelle à la société de marché capitaliste. Dans la société traditionnelle l'économique est encastré dans les relations sociales, ce qui donne des échanges qui ne sont pas recherchés pour eux-mêmes mais pour le lien social ou politique qu'ils établissent ou maintiennent. L'âge d'or serait celui des sociétés de don et de troc, des sociétés d'ancien régime avec leurs corporations, les principes de vassalité et de protection.
Il convient tout de même de rappeler que les sociétés traditionnelles auxquelles se réfère Karl Polanyi ne conçoivent pas les droits individuels et font de chaque membre du collectif les sujets du chef, ceci signifie que chacun peut être sacrifié si le chef juge qu'il en va de l'intérêt du groupe. Aucun principe ne peut alors se mettre en place en dehors de la dévotion à la force brutale. La société tribale ne connait que seule limitation de ses désirs que le pouvoir physique, les autres tribus sont des proies à conquérir, à piller, à réduire en esclavage ou à tuer. L'histoire de tous les peuples primitifs est une succession de guerres tribales et de massacres inter-tribaux. Le tribalisme est aussi propre au féodalisme dans lequel les seigneurs sont censés détenir leurs privilèges de la protection qu'ils offrent à la communauté tout en étant dévoués au roi qui posséde tous les droits sur leur vie et leur propriété, de la même façon que les serfs appartiennent aux seigneurs. C'est bien là ce qui se passe quand l'économique n'est pas autonome du politique : le seigneur peut faire travailler gratuitement ses serfs mais aussi les punir, imagine-t-on qu'il soit souhaitable qu'un employeur non content de licencier un salarié dont il n'est pas satisfait puisse le faire incarcérer sans autre raison ?
3. Comment expliquer le développement de la logique de marché ?
Les pouvoirs exercés par les hommes de l'État sont ce que l'on appelle des pouvoirs politiques, ils sont basés sur le monopole de la "violence légitime". Le pouvoir politique organise la société et donc les rapports économiques : il peut exproprier, nationaliser, créer des lois et des institutions encadrant le fonctionnement du marché. Si l'on peut concevoir que le marché soit créé naturellement, on ne peut concevoir l'État que comme une entité artificielle, mais alors le fonctionnement du marché peut-il se passer de l'État ? Non répond Karl Polanyi, et il explique le capitalisme par l'État, il appelle capitaliste une économie fondée sur des marchés et la marchandisation des rapports sociaux. Ce développement du marché serait issu de la révolution agraire puis industrielle. L'épisode des enclosures en serait l'acte de naissance.
Un peu d'histoire - Au Royaume-Uni, la loi sur les pauvres de 1795 dite loi de Speenhamland, mis en place un revenu minimum indexé sur le prix du pain et financé par l'impôt. Ce revenu permettait de déconnecter le revenu des gains liés au travail. Pourtant bien avant cette date, Polanyi prétend que les pratiques féodales et celles du clergé allaient dans ce sens, dans la mesure où la loi d'établissement de 1662 garantissait aux pauvres l'accès à des ressources foncières communes avec notamment le droit de vaine pâture et de glanage. La loi de Speenhamland fut cependant révoquée en 1834 par loi sur les enclosures arrachée par des propriétaires foncières pétitionnant pour enclore leurs terres et regrouper leurs parcelles. Privés de moyens de subsistance, les pauvres durent se faire employer. La condition des salariés fut déplorable selon Polanyi non pour les revenus faibles qui étaient les leurs, mais par la destruction de leur culture et de leurs anciennes pratiques ainsi que par l'obligation d'un travail salarié comme source de revenu.
Pour Polanyi, la révocation de la loi de Speenhamland consiste en une intervention de l'État destinée à créer un marché du travail concurrentiel, donc une marchandisation du travail. En y regardant de plus près, il apparaît pourtant que l'État ne permet pas l'émergence du marché mais en est au contraire un obstacle dans la mesure où la propriétaire ne pouvait enclore son champ. Il faudra un changement d'ethos au sein de la population et la pression des catégories entreprenantes pour que l'Etat cesse, pour un temps, de réglementer. Mais son pouvoir réglementaire réapparaît sous différentes formes et lui permet de profiter de la prospérité assurée par le développement de la logique de marché.Il n'est pourtant pas étonnant que Karl Polanyi considère que le développement des marchés soit voulu par l'État, ce serait vrai si cette évolution avait eu lieu dans une société traditionnelle, mais la société britannique de 1834 est travaillée par un nouvel éthos selon l'expression de Max Weber.
La fixation des droits de propriété individuelle est au fondement de la société capitaliste. Ces droits impliquent une évolution culturelle marquée par la sortie du tribalisme. Considérer que cette évolution ait été voulue par l'État tient d'une grande incompréhension : "La philosophie américaine des droits de l'homme n'a jamais vraiment été comprise par les intellectuels européens. L'idée européenne d'émancipation se limite à remplacer le concept de l'homme en tant qu'esclave de l'absolutisme étatique personnifié par le roi à l'homme en tant qu'esclave d'un État personnifié par le peuple, ce qui correspond à substituer la soumission à une tribu à la soumission à un chef. Une vision non tribale ne parvint pas à pénétrer des mentalités qui considèrent les privilèges de ceux qui règnent par la force comme signe de noblesse. Ainsi les grands penseurs européens n'ont pas remarqué que, lors du dix-neuvième siècle, les galériens ont été remplacés par les navires à vapeur, que les forgerons ont été remplacés par les haut fourneaux. Alors ils ont inventé des termes aussi contradictoires que "esclavage salarial" ou "égoïsme antisocial des entrepreneurs qui prennent à la société plus qu'ils ne lui donnent" croyant que la richesse serait un produit anonyme, social de la production tribale...." dixit Ayn Rand.
Qui a institué
le libéralisme économique, s'agit-il d'une idéologie ? Le
libéralisme économique défend les principes permettant le capitalisme, c'est-à-dire
le libre exercice des libertés individuelles, ces liberté doivent être protégées,
mais on ne peut dire pour autant qu' il a été institué mais il peut être contrarié
par l'Etat, on pourrait dire que le libéralisme est naturel et que l'Etat ne l'est
pas. Une idéologie est un ensemble plus ou moins systématisé de croyances, d'idées
et de doctrines influant sur le comportement individuel ou collectif, on ne pourrait
donc pas parler d'idéologie dans le sens où le libéralisme fonde le respect en
des droits qui eux-mêmes sont naturels, parler d'idéologie supposerait que les
droits naturels seraient une création artificielle fruit de croyances, de doctrines,
...
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C. La grande transformation
1. La phase de réencastrement
Le mouvement de désencastrement fut la condition de la révolution industrielle, il a permis une phase de développement unique dans l'histoire de l'humanité. Ce désencastrement - ou plutôt le développement d'un nouvel éthos - résultent en la volonté individualiste de l'entrepreneur de se différencier, d'innover. Là est la véritable source de richesse. Au contraire la tribu ne produit que ce qui est nécessaire à sa survivance, elle n'innove pas, n'accumule pas, elle ne permet pas un rythme de croissance intensif.
Il faut donc bien concevoir un rapport de force entre une classe entrepreneuriale et la classe politique qui cherche à capter à son profit un développement qu'elle veut maîtriser. La représentation négative qui est faite du développement de la recherche du profit va justifier de nouvelles prérogatives pour l'État, la dénonciation des égoïstes individuels au profit d'une solidarité dont il serait le garant. C'est la période de la "Grande Transformation" dont Polanyi situe le début durant l'entre-deux-guerre et l'apogée pendant les Trente Glorieuses. Mais là encore il présente cette phase de réencastrement de l'économie comme une nécessité face à l'échec d'un système qui n'est pas capable de s'autoréguler, qui doit être construit et protégé par l'État. Il l'explique de par la marchandisation du travail dont les effets seraient destructeurs et impliquerait une réglementation voulue par le peuple. En d'autres termes le seul raisonnement est là de considérer que le capitalisme détruirait la société par l'extension du salariat et donc que la survie du capitalisme implique sa mise sous tutelle. Cette idée séduit les théoriciens de la régulation, mais elle datée du keynésianisme triomphant et ne rend pas compte des capacités de mutation et d'adaptabilité du capitalisme (voir Schumpeter).
2. L'échec de la grande transformation
La vision de Karl Polanyi est très répandue dans les milieux académiques français, les théoriciens de la régulation parlent d'ailleurs de mode de régulation fordiste pour décrire cette phase éphémère de "grande transformation". Pourtant l'interprétation de Polanyi était bien erronée et ses prédictions économiques aussi puisque le capitalisme n'apparaît plus comme un mode d'organisation ponctuel de la société. Tout en le constatant sans vraiment le reconnaître, des mouvements militants d'extrême-gauche dénoncent une "extension de la sphère marchande" aux dépens du non-marchand proposé par les administrations publiques (privatisation et dérégulation avec l'extension de la concurrence - cas de France Télécom et EDF -) mais aussi aux dépens du gratuit qui devrait être pris en charge par la collectivité directement ou par le biais d'associations (garde d'enfants, ménage, soin aux personnes âgées, ...). Le développement de la société avec notamment le travail des femmes, l'essor de nouveaux besoins étend effectivement la sphère marchande : les travaux de bricolage, la garde des petits, le besoin de loisirs et de communications passent de plus en plus souvent par le recours à des services payants créant de nouveaux emplois. Ce phénomène de développement des marchés appelé marchandisation, n'est pourtant qu'une forme du capitalisme.
Être anticapitaliste aujourd'hui