Devoir sur table de Sciences Economiques et Sociales

Classe de Première ES

 

Dissertation :
A partir du cours, vous discuterez des moyens de créer de la monnaie et des limites à cette création.
Les annexes pourront vous permettre d'approfondir votre réflexion.

 

Annexe 1

Théorie monétariste
Friedman, prix Nobel 1976 et père de cette théorie cherche à prolonger la théorie quantitative de la monnaie et à réfuter la théorie keynésienne. Ainsi, il soutient qu'à court terme, une augmentation de la masse monétaire se répercute sur le niveau général des prix mais également sur le volume de production car il n'y a pas plein emploi des facteurs de production. En revanche, à long terme, la théorie quantitative est à nouveau vérifiée. Les fluctuations cycliques seraient sinon provoquées, du moins aggravées par les politiques monétaires erratiques. C'est pourquoi il propose une règle monétaire, à savoir que la masse monétaire doit varier à un taux constant, égal au taux de croissance à long terme de la production nationale. (Friedman)

Problèmes Economiques, La documentation française, 2003

 

Annexe 2

7,9% de croissance de la masse monétaire et de grandes rigidités de notre économie

 

Mais d’où vient l’inflation ? Fondamentalement, de l’excès de création monétaire. C’est lorsque l’offre de monnaie (représentée par la masse monétaire) augmente plus vite que la demande de monnaie (quantité que les agents économiques veulent conserver, compte tenu par exemple de leur revenu à long terme) que les ménages dépensent l’excès d’offre de monnaie et que se produit l’inflation.

Désormais, cette offre de monnaie est européenne. Or la Banque Centrale Européenne est affirmative. Alors que l’objectif de croissance de la masse monétaire (M3) devrait être de 4,5% par an (valeur de référence depuis 1998), les derniers chiffres publiés par la BCE font état d‘une progression de 7,9% pour les trois derniers mois, en termes annuels. Commentaire de la BCE « la forte croissance monétaire observée dans la zone euro au cours des deux dernières années s’est traduite par l’accumulation d’un excès de liquidités au regard de ce qui est nécessaire au financement d‘une croissance économique non inflationniste. ». Il est incontestable « qu’un excès de liquidités important s’est accumulé dans la zone euro ». Voilà pourquoi l’inflation n’est pas nulle.

Mais cette monnaie se répartit dans toute la zone euro. Et on observe que les taux d’inflation ne sont pas les mêmes dans les douze pays. C’est donc aussi qu’il existe des facteurs nationaux. On peut penser aux déficits budgétaires, qui sont excessifs en France. On peut penser au dérapage des revenus et en particulier aux hausses excessives du SMIC. Mais ce sont surtout les facteurs structurels qui sont en cause. L’économie française est caractérisée par de grandes rigidités, à commencer par les 35 heures, ou encore par les rigidités du marché du travail ou du secteur public. Cela signifie que l’offre ne peut pas augmenter aussi rapidement que chez nos voisins : nous n’avons d’ailleurs que 0,2% de croissance en 2003. Résultat : avec un même accroissement de la masse monétaire, l’inflation est chez nous plus forte parce que les rigidités administratives et fiscales empêchent l’offre de progresser plus vite. Voilà ce qui, en dehors du dérapage de la BCE, auquel il faut mettre fin, devrait inquiéter notre premier ministre.

 

Courrier de l'ALEPS, mars 2004

 

Annexe 3

La première chose, c'est que je voudrais que vous rejetiez complètement une idée sans doute enfouie au fond de votre esprit lorsque vous allez voir un banquier en disant "j'ai besoin d'un prêt", ou "j'ai besoin d'un découvert" . Cette idée, c'est celle de penser que pour qu'un banquier puisse vous proposer un crédit, il FAUT qu'un épargnant soit passé avant vous à la banque pour y déposer des économies correspondantes au prêt que vous allez demander, et que, quasiment, c'est l'épargne d'un autre que le banquier va vous prêter, en prenant sa commission au passage (l'intérêt).... c'est FAUX, ce n'est pas ainsi que ça se passe.
Ce n'est pas de la monnaie épargnée ou déposée que vous prête un banquier... d'ailleurs, si vous avez la chance d'être plutôt en positif sur votre compte, vous pouvez vous apercevoir que jamais votre banque vous a dit "On a utilisé l'argent que vous aviez en dépôt chez nous pour le prêter à Monsieur Untel... désolé, votre compte est maintenant à zéro, jusqu'à ce que Monsieur Untel rembourse..."

Il y a une phrase que connaissent bien les économistes (pas tous, hélas), mais qu'oublient très souvent les banquiers (le feraient-ils exprès ?), et qui est "Ce ne sont pas les dépôts qui permettent les crédits, mais ce sont les crédits qui permettent les dépôts".

Manuel Foucher, 2000

 

 

Introduction

L'argent est souvent présenté comme négatif, pourtant dans le cadre de la division du travail la monnaie nous est indispensable afin d'acquérir ce dont nous avons besoin, sans elle nous ne pourrions pas avoir accès aussi facilement à la production des autres, nous heurtant à la double coïncidence des besoins.

La monnaie n'est effectivement pas une fin, elle est un lien social car instrument d'échange accepté par tous sur un territoire donné. Elle mesure également la valeur de toute marchandise et peut être épargnée donc permet de projeter nos désirs de consommation ou d'investissement dans le futur.

Cette fonction d'épargne est cependant celle qui peut le plus aisément poser problème, la monnaie conserve-t-elle indéfiniment sa valeur ? Partant du fait que ce qui est rare est cher et ce qui est abondant ne vaut plus rien, ne devons nous pas appliquer ce même principe à la monnaie ?

Il est difficile d'estimer le volume idéal de la masse monétaire dans une économie, ce qui est certain est que ce volume ne doit pas atteindre l'infini faute de quoi la monnaie n'en serait plus une car elle ne vaudrait plus rien. Pour mieux comprendre les rudiments de la gestion monétaire nous verrons d'abord comment se créée la monnaie pour ensuite étudier le moyen d'en limiter la croissance.

 

I. Les moyens de créer de la monnaie

 

A. Les prêts bancaires aux agents non financiers

On expliquera que, contrairement à l'idée répandue, les banques commerciales ne font pas que transformer les dépôts en crédit. En réalité ce sont les crédits qui font les dépôts (annexe 1). Les banques créent donc de la monnaie scripturale en accordant des crédits. On définira brièvement ce qu'est la monnaie scripturale. La monnaie créée ne sera détruite que lors des remboursements de prêts, le développement des encours correspond donc à une croissance de l'émission monétaire. A préciser que 85 % de la création de masse monétaire passe par les banques.

 

B. Les avances à l'Etat

On précisera que le Trésor public, personnification financière de l'Etat, contrôle les CCP donc peut aussi créer de la monnaie scripturale, mais aussi de la monnaie divisionnaire. Mais c'est là bien peu puisque les déficits budgétaires de l'Etat sont une source bien plus considérable de création monétaire. On montrera que les déficits budgétaires de l'Etat (annexe 2) doivent être remboursés et que pour cela  les banques commerciales acquièrent des bons du Trésor. Attention, on insistera pour montrer que l'achat de bons du Trésor par les particulier n'est pas une création monétaire car les particuliers achètent avec de la monnaie déjà créée, ils n'ont pas le pouvoir de créer de la monnaie scripturale.

 

C. Les opérations de change

Une dernière façon de créer de la monnaie passe par les opérations de change de devises, le mécanisme est à détailler éventuellement par un exemple. A contrario on montrera que l'achat de devises détruit de la monnaie nationale (ou européenne), que cette destruction et création ne correspondent pas à déchirer des billets mais à additionner ou soustraire des sommes dans les dépôts à vue.

 

II. Les limites à la création de monnaie

 

A. Les besoins de l'économie

On exposera que la demande de monnaie correspond à la volonté de consommer ou d'investir donc d'acquérir des biens déjà produits ou d'en créer de nouveaux, qu'il existe donc un lien entre la monnaie en circulation et la production (annexe 1). En effet la création de monnaie dépend des prêts consentis par les banques commerciales, elle varie donc en fonction des sollicitations des ménages, des entreprises et de l'Etat pour le financement de ses déficits.

 

B. Les fuites en monnaie fiduciaire

        1. Principe des fuites

a. Expliquer d'abord ce qu'est la monnaie fiduciaire et insister sur le fait que seule la banque centrale peut l'émettre et la prêter aux banques commerciales.

b. Dire ensuite que c'est la banque centrale qui décide des conditions de refinancement en "monnaie banque centrale" à travers son taux directeur, il peut rendre l'argent cher (taux élevés) ou bon marché (taux faibles), ce qui influe sur les taux d'intérêts proposés aux emprunteurs. On montre notamment que des taux directeurs élevés freinent la croissance de la masse monétaire.

   2. Les différents types de fuites

a. Les fuites en billet : les agents économiques peuvent réclamer la conversion de monnaie scripturale en monnaie fiduciaire (notamment aux DAB)

b. Les fuites en réserves : la Banque Centrale impose aux banques commerciales de détenir auprès d'elle des comptes non rémunérés en monnaie fiduciaire. Cette pratique est moins répandue mais néanmoins les banques doivent conserver au moins 8 % des encours consentis en monnaie fiduciaire (ratio Cooke).

c. La compensation interbancaire : L'argent créé par les banques commerciales ne restera pas sur les dépôts à vue de ses clients, il servira en partie à effectuer des chèques, des virements vers d'autres banques. L'argent que se devront les banques entre elles nécessitera le recours à la monnaie banque centrale.

C. Les interventions de la banque centrale sur le marché interbancaire

La politique des réserves obligatoires laisse sa place à une intervention de la Banque centrale  sur le marché interbancaire pour limiter la création monétaire. On pourra évoquer les pensions sur appels d'offre, les pensions à l'initiative des banques et les opérations de réglage fin.

Conclusion

La création monétaire appartient donc aux banques commerciales, et a priori, elle apparaît  illimitée même si l'offre de monnaie est censée répondre à une demande, elle même fonction des besoins de l'économie. En réalité les banques commerciales ne font pas ce qu'elles veulent, d'abord contraintes par une limite naturelle due au multiplicateur de crédit, c'est-à-dire à la part statistiquement vérifiée de monnaie scripturale se transformant en monnaie fiduciaire ; elles subissent également une contrainte de refinancement dépendant de la politique monétaire décidée par la banque centrale, seul institut d'émission de la monnaie fiduciaire.

Mais en quoi consiste une parfaite politique monétaire ? Les Monétaristes ont répondu à cette question à travers la théorie quantitative de la monnaie et proposent leur expertise pour éviter aussi bien l'inflation que la récession.