Si toutes les cultures n'ont pas le même degré d'achèvement, se valent-elles toutes moralement ou notre jugement moral découle-t-il de notre culture ?
Une piste de réflexion. Les droits naturels doivent être respectés pour permettre l'épanouissement social, toute société légitimant le développement d'une classe de parasite ou de pratiques attentatoires aux libertés individuelles se condamne d'elle-même. La réprobation du meurtre et du vol est un jugement moral qui découle d'une conception rationnelle de la société.
Une
partie de cette lâcheté intellectuelle provient d’une crainte irrationnelle à
l’égard de toute responsabilité, il s’agit alors de s’abstenir de tout jugement
et ainsi ne pas avoir à reconnaître la moindre erreur. Dans ce monde compliqué
qui est le nôtre, les valeurs auxquelles nous tenons le plus sont souvent contradictoires
: nous devons faire cohabiter notre tolérance envers toutes les idées alors que
certaines pratiques culturelles nous sont monstrueuses. Difficile. La vie est
remplie de choix difficiles à faire, rien ne garantit que la vie soit simple et
facile.
La
meilleure façon de s’en tirer est le relativisme complet, interdit de considérer
qu’une valeur soit supérieure à une autre. On évacue ainsi le problème à bon compte.
L’exemple
le plus révoltant de ce relativisme m’a été offert lors de mes études d’anthropologie.
Il s’agissait d’une profession de foi en sciences sociales proclamant que toutes
les cultures se valent et possèdent donc le droit de poursuivre leurs finalités.
C’est alors que j’ai posé la question sur la culture Thugs, je rappelle que les
Thugs sont une secte Hindouiste qui vénérait la déesse Kali, cette dévotion impliquait
la séduction des voyageurs afin de les sacrifier en les étranglant puis en les
dépouillant.
Bon,
maintenant il faut bien comprendre que ces gens là n’étaient pas de simples voleurs
et assassins. La plupart étaient capables de mener des vies exemplaires dans leur
village. Il semble qu’ils ne souffraient pas de remords, certains qu’ils étaient
d’accomplir des actes de foi et non de simples crimes. Quand ils furent mis en
prison par les Anglais, ils crurent endurer une juste pénitence pour avoir violé
un des éléments de leur structure complexe de tabous religieux.
Finalement
on me dit de laisser ces pauvres Thugs tranquille. La première fois qu’on me l’a
demandé, j’ai pensé avoir acculé un prof dans ses raisonnements et l’avoir fait
sortir de ses gonds. J’admirais beaucoup mes profs et j’ai pas mal appris d’eux,
mais le problème fut, qu’au nom de l’objectivité scientifique, ils en sont venus
à soutenir des obscénités morales et à les enseigner comme des idéaux valables.
Il s’agit d’un exemple extrême mais si nous ne sommes pas capables de le traiter
comment allons nous nous prononcer sur la mutilation du clitoris des petites filles
africaines, cette interdiction là donne-t-elle droit à asile pour persécution
des mutilateurs ? Quant aux pratiques vaudoues de la Santeria en Floride
avec ses sacrifices d’animaux sur les bords des routes, ne doit on plus considérer
que l’étalage d’entrailles sanguinolentes est un danger pour la santé publique ?
Steven BROWNE
1. Citer des pratiques culturelles que vous désapprouvez.
2. A votre avis d'où provient votre désapprobation ?
3. Le relativisme culturel nous interdit-il de fonder des règles morales ? Voir chapitre de Simonnot sur la Justice.