La
logique de l’éloge du politique … jusqu’au révisionnisme
Participer au politique ?
La politique doit être réhabilitée en tant que
telle et sous toutes ses formes. C'est là le message d'"Éloge de la
résistance à l'air du temps", un livre du trotskiste Daniel Bensaïd
que nous présente avec complaisance le Monde du 23 avril 1999. La politique, il
nous invite à y participer (enfin quand je dis nous …) est-il donc toujours
révolutionnaire, croit-il toujours au grand soir ou propose t il de nous
déplacer pour voter et légitimer les valets du système capitaliste qu'il vomit
? Propose t il de se syndiquer et de faire avancer des propositions de
"progrès social" alors que ses amis des Brigades rouges mitraillaient
les jambes des syndicalistes pour les punir de vouloir réformer l'exploitation.
Oui, oui, oui, il propose tout cela mais a t il
changé pour autant ?
Eh bien non car le terrorisme de l'après guerre froide a
changé de visage, il n'est plus conquérant car la Révolution qui s'annonce est
Libertarienne (ce qu'il appelle la contre-réforme libérale"). Il parle
donc d'une résistance qui irait à contre-courant du néolibéralisme pur et dur,
il ne s'agit pas là en vertu de la novlangue collectiviste de prétendre que le
pouvoir en place fait régner le néolibéralisme, non tous les pouvoirs et tous
les politiques sont des alliés de l'ignoble résistance de Bensaïd contre la
libération du peuple.
Comme il le dit : "Qu'il s'agisse de participer,
par le vote, au jeu parlementaire, ou bien de s'opposer, par la grève, aux
menaces qui pèsent sur les droits des travailleurs et des exclus, tout acte
proprement politique est salutaire car il est propre à enrayer le
fonctionnement de la machine d'oppression."
La machine d'oppression dit-il ? L'oppression
que nous ressentons face à une décision qui ne nous serait pas imposée pas les
politiques. Décidément les politiques, syndicalistes et autres groupes de
pression sont tellement opprimés que l'air du temps en respire la liberté.
Ou se battre pour notre liberté ?
Parler encore de droite et de gauche n'a plus
grand sens dans le contexte de l'après-guerre froide. Le vrai clivage se révèle
dans "Éloge de la résistance à l'air du temps" : il y a d'un côté
ceux qui veulent réhabiliter la politique et de l'autre ceux qui se battent
contre elle.
Les réhabilitateurs sont ceux qui parlent le plus
souvent à la télé dans les journaux, ils ont matériellement besoin de cette
réhabilitation et crient aux loups contre le libéralisme, contre ces marchés
qui réduisent à l'impuissance toute politique économique. Daniel Bensaïd de la
LCR en est, il s'agit pour lui d'une position de repli face à l'irréalisme de
sa "révolution prolétarienne", il a ainsi rejoint les "partis
bourgeois" défendant le scrutin universel et les vertus de ces politiques
qui ont toujours raison contre des myriades de décisions inter individuelles
exprimées par le marché.
Chevènement, Jospin sont sur la même longueur d'onde, le
politique doit assurer son hégémonie sur l'ensemble de la société. Une position
de gauche me direz vous à laquelle s'opposent les hommes de droite, mais non,
ils ne s'y opposent pas et en rajoutent même comme les Pasqua, Séguin, Juppé,
le mot nation est un leitmotiv qu'ils personnalisent en tant que politiques,
peut-on encore alors s'étonner de la convergence Pasqua-Chevènement alors que
des hommes de gauche comme Cohn-Bendit se situent sur une ligne plus critique
vis-à-vis du politique ?
En face de ces réhabilitateurs devrait-on se
trouver à droite ?
Non ailleurs.
Donc ailleurs se trouvent ceux que les médias
dans leur presque intégralité vilipendent : des beaufs, des égoïstes, les
ivrognes du café du commerce, ces "poujadistes" qui gueulent tous
pourris et regardent "Combien ça coûte" à la télé. Ces admirateurs de
Jean-Pierre Pernod (gorgés aux Ricard), ils frauderaient bien, le fisc s'ils le
pouvaient et n'ont évidemment aucun réflexe citoyen !!! Des Libertariens dans
l'âme qui en plus représentent la moitié de la population, celle qui ne va pas se déplacer pour voter.
Une population décidément bien mature celle sur laquelle les
partisans de la liberté pourront compter tant qu'elle sera consciente qu'ils
nous prennent tous pour des cons.
La lutte est en marche et la secte
État use de
ses "infrastructures" pour réhabiliter son rôle : l'instruction
civique citoyenne obligatoire, l'inéducation nationale obligatoire, la chaîne
parlementaire obligatoire, la novlangue obligatoire et non plus optionnelle.
Le politique est-il nécessairement révisionniste et
solidaire des crimes de l’Etat ?
Cours de révisionnisme obligatoire aussi avec
Daniel Bensaïd dans "Qui est le juge ?", les politiques
doivent aussi mettre au pas les juges qui ont donné l'impression qu'il soit
possible qu'un homme de l'État puisse être coupable de quoi que ce soit, ces
juges sont aussi responsables de la dépolitisation car ils se trompent
"lorsqu'ils s'efforcent d'appliquer à des réalités historiques, par nature
opaques et conflictuelles, des critères juridiques ou moraux, purement formels
et, dans le meilleur des cas inutilisables." A substituer le judiciaire au
sacro-saint politique on ne fait que préparer la contre réforme libérale.
Bensaïd condamne alors la notion de crime
contre l'humanité, l'imprescriptibilité, de quel droit juger des politiques et
qui le peut ? Qu'est ce qu'un crime,
qu'est ce qu'une victime, en bon communiste il sait que le politique, élu ou
pas, agit au nom du peuple et pour le peuple. A son sens le procès Papon
n'était qu'une mascarade honteuse, les "macabres statistiques du Livre
noir du communisme ne reposent sur aucune définition du concept de
"victime" (les photos ne devaient pas être assez explicites !!) ni de
celui de communisme, quand au Passé d'une illusion, ce n'est pas un livre mais
l'archive pathétique d'un sombre règlement de comptes entre un ex-stalinien et
son propre passé ».
Alors si je te foutais mon poing dans ta gueule
de révisionniste, tu te sentirais "victime" Bensaïd ou je peux
continuer jusqu'à ce que tu saisisses le sens du mot.
NB : Étant libertarien il ne s'agit pas pour
moi d'user de violence pour réprimer des "opinions" qui me heurtent,
non il n'est ici question que d'une expérience pédagogique visant à la
compréhension du mot "victime".
Les
révisionnistes antimondialistes n'ont pas de frontières eux !
J'ai lu récemment un excellent
ouvrage de Norman Podhoretz : Pourquoi les Américains se sont battus au
Viêt-nam, préfacé de Jean-François Revel et publié dans la collection Libertés
2000 par les éditions Robert Laffont en 1987.
Il s'agit certainement de la
meilleure analyse du conflit sur lequel on a entendu tellement de conneries et
qui s'est traduit après la chute de Saïgon par l'une des plus grandes atrocités de ce
siècle. Qui dit atrocités dits négationnistes
et là encore l'extrême gauche ayant pignon sur "L'immonde
diplomatique" se manifestent : avant Daniel Bensaïd c'est l'incontournable
Marvin Chomsky qui se répand.
Ainsi Norman Podhoretz évoque
l'autre pote d'Ignacio Ramonet (Castro en étant un autre) : "D'anciens
membres du mouvement d'opposition récusèrent les rapports des réfugiés comme
Toaï, Coan, Tang ou de journalistes comme Jean Lacouture. Noam Chomsky parle,
par exemple, de "l'extrême manque de fiabilité" de ces comptes rendus
(in "After the dominoes fell", Commentary, mai 1978), et William
Kunstler, Dave Dellinger et d'autres apologistes invétérés des communistes
vietnamiens lui feront écho. Les comparant à "des individus qui nieraient
la réalité de l'Holocauste", Peter Berger considère à juste titre qu'ils
se situent "au-delà de tout discours rationnel".
L'éditeur ajoute
d'ailleurs une note approfondissant la comparaison de Peter Berger : "La
comparaison était bienvenue, concernant Noam Chomsky, puisque deux ans après,
l'éminent linguiste préfaçait le second livre "révisionniste" de
l'universitaire français Robert Faurisson, déniant la réalité des chambres à
gaz : Mémoire en défense contre ceux qui m'accusent de falsifier l'histoire, La
Vieille Taupe, 1980. Voir le deuxième chapitre, "De Faurisson et de
Chomsky", du livre de Pierre Vidal-Naquet, Les Assassins de la mémoire, La
Découverte, Paris, 1987.
Xavier
COLLET, le 18/05/1999
Post-
scriptum sur le livre noir du communisme
La
LCR assume les crimes du communisme
Rions
un peu.
Enfin,
rire m’est difficile face au révisionnisme affiché sur le site de la ligue
communiste révolutionnaire. Bensaïd en rajoute une louche dans l’ignominie
en s’en prenant au livre noir du communiste de Stéphane Courtois et en
poussant l’absurde jusqu’à tenter de mettre Hannah Arendt de son côté.
Comme disait Audiard : « les cons ça ose tout c’est même à cela
qu’on les reconnaît ».
Voici
donc un extrait affligeant mais savoureux, où les crimes d’Etat deviennent
par magie crimes du capitalisme :
|
"
Avec de tels procédés idéologiques, il ne serait pas très difficile d'écrire
un Livre rouge des crimes du capital, additionnant les victimes des pillages et
des populicides coloniaux, des guerres mondiales, du martyrologue du travail,
des épidémies, des famines endémiques, non seulement d'hier, mais
d'aujourd'hui. Pour le seul vingtième-siècle, on dénombrerait sans peine
plusieurs centaines de millions de victimes. Dans la seconde partie trop souvent
oubliée de sa trilogie, Hannah Arendt voyait dans l'impérialisme moderne la
matrice du totalitarisme et dans les camps de concentration coloniaux en Afrique
le prélude à bien d'autres camps (Hannah Arendt, Les Origines du
totalitarisme, tome II, L'impérialisme).
S'il s'agit non plus d'examiner des régimes, des périodes, des conflits
précis, mais d'incriminer une idée, combien de morts imputera-t-on, à
travers les siècles, au christianisme et aux Evangiles, au libéralisme et au
"laisser-faire" ? Même en acceptant les comptes fantastiques de M. Courtois,
le capitalisme aurait coûté bien plus de vingt millions de morts à la Russie
au cours de ce siècle en deux guerres mondiales que le stalinisme." |
La Ligue des blaireaux dans ses oeuvres |
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Une
petite gerbe devrait élégamment compléter le ton et le tout.
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