Intégration régionale et nouveau cadre des politiques économiques
Alors que la mondialisation se développe avec le principe du multilatéralisme basé sur le principe de la nation la plus favorisée, des zones régionales se constituent à l'intérier desquelles le libre-échange règne, mais bâtissent des barières vis-à-vis de l'extérieur. Alors la régionalisation est-elle une façon de s'intégrer à la mondialisation ou de reconstituer à l'intérieur d'ensemble nationaux plus élargis des moyens pour des fédérations d'Etats d'échapper à la contrainte extérieure ?
I. La construction de la zone Europe
A. Les phases de l'intégration économique régionale
1. La théorie de Bela Belassa
Dans "Théorie de l'intégration économique" (1961), Bela Balassa, économiste hongrois émigré aux Etats-Unis, distingue des phases croissantes de l'intégration régionale :
la zone de libre-échange consiste à démanteler les
barrières tarifaires sur les biens et les services à l'intérieur
d'une zone régionale;
l'union douanière, en plus des caractéristiques de la zone
de libre-échange, prévoit un tarif extérieur commun pour
les pays extérieurs à la zone ;
le marché commun établit une zone de libre circulation
des biens et des services, mais aussi des capitaux et des hommes, il y a alors
non seulement unification des marchés de biens et de services mais aussi
des marchés de facteurs de production;
l'union économique prévoit de surcroît la mise en
place de politiques économiques communes ;
l'union économique et monétaire est la forme maximale de
l'intégration puisqu'elle implique un abandon de souveraineté
des pays la composant au profit d'une monnaie unique donc de politiques économiques
régionales.
2. L'intégration européenne
La régionalisation est une intégration économique dont les niveaux de réalisation peuvent être différents, l'intégration européenne en est la forme la plus achevée.
La Communauté Européenne du Charbon et de l'Acier avait instauré en 1950 une zone de libre échange limitée au charbon et à l'acier entre la France, l'Allemagne, la Belgique, les Pays-Bas, le Luxembourg et l'Italie. La CECA se transforme en Communauté Economique Européenne au traité de Rome le 28 mars 1957, l'objectif est la mise d'une union douanière pour les produits industriels et agricoles, laquelle est créée en 1968. Ainsi les barrières douanières sont supprimées entre les 6 pays fondateurs puis avec le Royaume-Uni, l'Irlande et le Danemark en 1972, la Grèce en 1981. Simultanément et un tarif extérieur commun est mise en place à l'encontre des pays extérieurs et des politiques communes sont décidées en matière de concurrence, d'agriculture, de transports et d'énergie.
En 1986, alors qu'adhèrent l'Espagne et le Portugal, l'Acte unique est mis en place, il se donne jusqu'au 1er janvier 1993 pour le passage à un marché commun pour les biens, les services, le travail et les capitaux.
En réalité l'ouverture totale à la concurrence en matière de services prend du retard, elle a avancé progressivement dans les entreprises de réseaux :
- transports aériens de l'ouverture partielle en 1984 à l'ouverture totale en 1997 ;
- télécommunications à partir de 1998 ;
- électricté partiellement à partir de 2002.
RISQUES
ET OPPORTUNITÉS DE LA DÉRÉGLEMENTATION DE L'ÉLECTRICITÉ Par Michel Robin, présidentdirecteur général de Siemens France
Récemment, on apprenait que l'Air Liquide gagnait un contrat de production d'électricité pour Usinor à Dunkerque grâce à une offre plus compétitive que celle d'EDF. [...] Ce contrat est tout d'abord la conséquence directe de la transposition de la directive de 1996, applicable en France depuis le 19 février 1999, qui met fin au monopole d'EDF en ouvrant le marché de l'électricité à la concurrence. Si 20 % du marché est aujourd'hui accessible aux concurrents d'EDF, 33 % du marché de l'électricité pourrait être dans les mains de groupes privés à l'horizon 2003. Ainsi la production d'électricité va basculer dans le monde de la concurrence. À la logique de service public va se superposer une logique de compétition, et donc plus de compétitivité. La déréglementation et la libéralisation du marché de l'énergie électrique vont libérer des forces économiques au travers d'une compétition accrue. Les acteurs sont également soumis aux règles européennes de la concurrence. Aujourd'hui, à part la France et l'Italie, tous les pays européens ont plus ou moins déjà libéralisé leur marché. Citons l'exemple de la Grande-Bretagne où la libéralisation, lancée dès les années Thatcher, s'est accompagnée de la privatisation de la plupart des compagnies du secteur. Depuis, des centaines de milliers de consommateurs, particuliers comme entreprises, ont changé de fournisseur de courant pour faire baisser leur facture. ln fine, c'est bien sûr le consommateur qui est gagnant. L'accroissement des pressions concurrentielles se traduira par une baisse sensible des prix de l'électricité à l'instar de ce que l'on peut constater dans le domaine des télécommunications. La seule perspective d'une arrivée prochaine de la concurrence a déjà poussé EDF à réagir. Le prix moyen du kWh a diminué, en valeur réelle, de 6 % en 1997 et de 3,5 % en 1998, et devrait atteindre sans doute 14 % sur la période 1997-2000. Les clients, plus exigeants, mieux à même de procéder à des comparaisons grâce à la transparence des prix, n'hésiteront pas à aller vers l'opérateur le plus compétitif. Audelà du prix, la qualité du produit électricité différenciera à terme les acteurs du marché. La
Tribune, 11 mai 1999
1.
Rappelez ce qu'est une directive, un monopole. |
En 1991 le traité de Maastricht ouvre l'Europe des 12 à la création d'une Union Européenne dotée d'une monnaie commune et de politiques économiques conjointes. L'élargissement se poursuit en 1995 avec les adhésions de la Suède, de la Finlande et de l'Autriche, puis le sommet de Copenhague en décembre 2002 permet l'intégration de 10 nouveaux pays, lesquels intégrent l'UE au 1er mai 2004 faisant de l'UE un marché de 450 millions de consommateurs.
L'Europe dans le commerce mondial CEPI 2003 |
Exportation de capitaux IDE en milliards de dollars CNUCED 2003, World Investissement Report |
B. Un processus de convergence
1. Convergence réelle
La réalisation du marché unique est présenté comme un facteur de croissance des échanges entre les partenaires mais aussi de croissance économique de par :
- une spécialisation plus rationnelle avec la disparition des barrières entravant les échanges (suivant la loi des avantages comparatifs) ;
- une meilleure allocation des facteurs de production permise par leur libre circulation (capital et travail se dirigent là où leur productivité marginale est la plus forte) ce qui permet d'augmenter la compétitivité ;
- la réalisation d'économies d'échelle pour les firmes de ces pays de par l'extension de leurs marchés, ce qui va aussi impliquer une augmentation de la taille critique et donc un mouvement de concentration, mais aussi un plus grand pouvoir de négociation puisque les firmes devenues géantes pourront plus facilement avoir accès à des financements et à des approvisionnements à moindre coût ;
- la baisse des prix et des coûts avec les économies d'échelle, l'élargissement de la concurrence à l'intérieur et à l'extérieur de la zone (puisque les entreprises européennes deviennent plus compétitives en raison des éléments ci-dessus) ;
- une meilleure attractivité pour les IDE.
L'intégration de pays relativement pauvres dans la Communauté Européenne, tels que l'Espagne et le Portugal, a permis une convergence progressive des niveaux de productivité, de production et de niveaux de vie. La création d'une union douanière permet la création de traffic (et donc détournement de commerce vis-à-vis des pays tiers) dans une zone où chaque pays va se spécialiser selon ses avantages comparatifs, il faudra donc alors que la création de traffic compense le détournement de commerce, en effet les ventes liées aux capacités de production dégagées doivent compenser les pertes liées à des importations devenues plus chères. Ceci peut être le cas si le TEC est faible (donc faible surcoût des importations extérieures) et que les droits de douane existant autrefois entre les pays de la zone étaient forts. Donc la régionalisation profite à ses membres si elle signifie tout de même un moindre protectionnisme...
2. Convergence monétaire
Mais une monnaie unique c'est
aussi un abandon de souveraineté monétaire et un risque d'échanger
une monnaie stable contre une monnaie inspirant une faible confiance sur les marchés
internationaux. La
théorie de la zone monétaire optimale : on ne peut avoir que deux
éléments parmi ceux-ci :
- taux de change fixes
- politique monétaire
souveraine -
libre circulation des capitaux
Dans le cas de l'UEM la libre
circulation des capitaux et une monnaie unique implique bien une renonciation
à une politique monétaire souveraine.
De plus, si les conséquences
de l'adhésion à la Communauté Européenne sont une
convergence économique, l'admission dans la zone monétaire euro
fait de la convergence économique un préalable. L'Union Economique
et Monétaire va donc se faire en plusieurs phases posant des contraintes
de coordination des politiques monétaires.
Une première phase
de coordination de ces politiques a lieu en même temps que s'instaure la
libre circulation des marchandises, des services, des capitaux et des hommes entre
le 1er juillet 1990 et le 31 décembre 1993
La deuxième étape
correspond à l'entrée en vigueur du traité de Maastricht
sur l'Union européenne, elle s'échelonne du 1er janvier 1994 au
31 décembre 1998 avec la création de la Banque Centrale Européenne
et une plus grande convergence des politiques monétaires des Etats de l'UE
avec la détermination par le conseil européen des pays qui satisfont aux
critères de convergence et pourront participer à la monnaie unique.
La
troisième étape est celle de la monnaie unique, le taux de conversion
entre les monnaies est fixé définitivement et l'euro est créé sous
sa forme scripturale le 1er janvier 1999 puis sous sa forme fiduciaire le 1er
janvier 2002. Désormais la politique monétaire appartient exclusivement
à la Banque Centrale Européenne, épaulée par le SEBC
(système européen de banques centrales) dans lequel siègent
les gouverneurs des banques centrales nationales de la zone Euro. Seuls gardent
une politique monétaires autonomes le Royaume Uni, le Danemark et la Suède
qui n'ont pas adopté l'euro, les nouveaux pays par contre sont contraints
par les mêmes critères de convergence avant leur passage à
l'euro. 3.
Une divergence réelle due à l'union monétaire
Les taux d'intérêts
fixés par la BCE ont des effets différents suivant les pays. L'objectif
de la BCE de limiter l'inflation à 2 % n'est pas tenu par les petits pays
en rattrappage de croissance tels que la Grèce ou l'Irlande, lesquels en
dépassant ce taux d'inflation profitent d'un taux d'intérêt
réel négatif (taux d'intérêt nominal de la BCE - taux
d'inflation), au contraire de pays à faible inflation comme l'Allemagne.
Il en résulte une divergence de rythme de croissance profitant aux pays
faisant de l'inflation. II.
L'Union Européenne, un espace propice à la mise en place de politiques
économiques A.
Un renoncement aux politiques économiques nationales
Rappel de première
: Les politiques économiques consistent en l'ensemble des actions menées
par l'Etat afin d'infléchir la conjoncture économique ou de transformer
les structures économiques.
Les premières de ces
politiques sont appelées politiques conjoncturelles, elles sont de nature
budgétaire ou monétaire et influent à court terme sur le
carré magique Les
secondes sont des politiques structurelles, elles vont modifier durablement les
structures économiques du pays, il pourra s'agir par exemple de privatisation
ou de nationalisation, de mise en place d'un système de protection sociale
obligatoire ou au contraire d'une réforme vers un système privé
de protection sociale. Toutes les réformes sont effectivement des politiques
structurelles. 1.
Une contrainte sur les politiques budgétaires
La volonté pour un
pays de la zone euro de pratiquer une politique de relance aurait de nouveaux
effets sur les partenaires de la monnaie unique. Supposons effectivement que la
relance se fasse avec un fort déficit budgétaire, son financement
impliquerait une forte demande de capitaux donc une pression à la hausse
des taux d'intérêt qui toucherait tous les pays de la zone euro y
compris ceux qui ont fait des efforts en matière d'équilibre budgétaire.
Mais si les institutions monétaires européennes ne parviennent pas
à ramener la brebis galeuse dans le bon chemin alors les pays vertueux
se mettront eux aussi à pratiquer des déficits (externalité
négative des politiques budgétaires expansives) faisant perdre toute
crédibilité à l'euro.
Ainsi le laxisme budgétaire
conduirait à faire perdre l'avantage de la baisse à long terme des
taux de change qui fut un aspect positif de l'euro suite à fin de la course
à des taux d'intérêts élevés qu'imposait une
Deutsche Bank chargée d'éviter les dérives inflationnistes
de la réunification allemande.
Le Pacte de Stabilité et de croissance
est-il toujours d'actualité ?
Les politiques sociales sont
également contraintes par la monnaie unique dans la mesure où toute
désincitation à l'activité pèse sur la productivité.
La libre circulation à l'intérieur des frontières et l'impossibilité
de dévaluer vont rendre le travail le plus cher à niveau de productivité
égale peu attrayant, ce qui implique une pression à la baisse sur
les salaires (prix) ou sur l'emploi (quantité) dans les pays relativement
désavantagé à ce niveau.
2.
Des critères de convergence
La mise en place de critères
de convergence
La stabilité des taux de change
ou l'adoption d'une monnaie commune suppose :
une convergence des taux d'inflation ;
une convergence des
taux de croissance, une croissance différente déséquilibrant les échanges ;
une convergence structurelle
avec un allégement de la contrainte extérieure dû à une bonne spécialisation internationale
et la spécialisation dans des production pour lesquelles l'élasticité de la demande
aux prix est faible.
Le traité d'Amsterdam
de 1997 prévoit le Pacte de stabilité et de croissance, c'est-à-dire
les critères d'admission dans la zone euro, lesquels sont : inflation maîtrisée
(pas plus de 1,5 % au-dessus de la moyenne des 3 pays les plus vertueux), taux
de change stable, déficit budgétaire inférieur à 3 % du PIB, dette publique inférieure
à 60 % du PIB. Ces deux derniers critères sont maintenus après la mise en place
de l'euro et constituent le pacte de stabilité et de croissance. Celui-ci concrétise
des obligations budgétaires communes indispensables à l'intégration
dans la zone monétaire européenne (triangle des incompatibilités
de Mundell). B.
Principes des politiques économiques au niveau de l'UE
1. Le principe
de subsidiarité en Europe
Les politiques structurelles
sont prises au niveau fédéral en respectant le principe de subsidiarité
: LE
PRINCIPE DE SUBSIDIARITÉ DANS LE TRAITÉ SUR L'UNION EUROPÉENNE
Le préambule du Traité sur l'Union européenne indique que dans " l'union sans
cesse plus étroite entre les peuples de l'Europe ", les décisions sont prises
" le plus près possible des citoyens, conformément au principe de subsidiarité
". Les auteurs du Traité ont ainsi voulu affirmer la subsidiarité comme une orientation
fondamentale de la construction européenne. Il est clair, malgré les dénégations,
qu'il s'agissait par là, à certains égards, de répondre aux inquiétudes des opinions
publiques, qui s'alarmaient de voir la Communauté intervenir dans des domaines
de plus en plus variés sans qu'un réel contrôle politique paraisse s'exercer sur
l'extension de ce champ d'action.
Comme le Traité de Maastricht
élargissait le champ des compétences reconnues à la Communauté, il est apparu
souhaitable de contrebalancer cette extension en soulignant que le rôle de l'Union
devait, en règle générale, rester subsidiaire. Comme principe général, le principe
de subsidiarité ne s'applique pas seulement aux rapports entre les collectivités
publiques plus larges et les collectivités publiques plus restreintes, mais aussi
aux rapports entre les autorités publiques, quelles qu'elles soient, et la société
civile. Il demande que l'autorité publique n'intervienne dans le domaine économique
et social que s'il est nécessaire de compléter les initiatives provenant de la
société civile pour obtenir le Bien commun ; il demande également, de manière
générale, que les collectivités publiques dont le ressort est plus large n'interviennent
que pour compléter, si nécessaire, l'action des collectivités publiques dont le
ressort est plus étroit.
On peut constater que, comme
principe général, le principe de subsidiarité suppose l'existence d'un Bien commun
: si le rôle de l'instance " supérieure " est de compléter, de prolonger ce que
fait l'instance " inférieure ", c'est que toutes deux doivent aller dans la même
direction. En ce sens, on peut s'interroger sur la compatibilité de ce principe
avec la notion moderne de la démocratie, fondée sur l'idée que plusieurs conceptions
légitimes du Bien commun peuvent coexister. De même, l'étendue des devoirs de
l'instance " supérieure " peut faire problème : s'il est clair que, négativement,
elle doit respecter l'autonomie de l'instance " inférieure ", a-t-elle également
des devoirs positifs, c'est-à-dire l'obligation d'intervenir si l'instance " inférieure
" ne remplit pas suffisamment sa tâche ? Certains l'affirment et estiment que
le principe de subsidiarité a deux versants : si, d'un côté, il doit entraîner
une limitation des interventions de l'instance " supérieure ", de l'autre côté,
il doit conduire à développer les compétences de celle-ci dès lors que l'instance
" inférieure " ne parvient pas à réaliser convenablement un objectif commun. Ainsi,
comme principe de philosophie politique, le principe de subsidiarité peut donner
lieu à plusieurs interprétations et s'intégrer dans plusieurs conceptions politiques.
Rapport Poniatowski
sur la subsidiarité, 1999 C'est
donc dans le respect du principe de subsidiarité que des politiques peuvent
être du seul ressort de l'Union européenne. Rappel
sur la dynamique de l’intégration et sur le triangle des incompatibilités.
L’Europe
est aujourd’hui confrontée à la mise en œuvre de trois politiques économiques.
-
La politique monétaire, qui est désormais conduite par le
Banque Centrale Européenne et qui favorise le maintien de la parité
de l'euro notamment vis-à-vis du dollar ;
-
La politique budgétaire, qui reste essentiellement de la compétence
des Etats membres et dont les marges de fluctuation sont contraintes par le
le Pacte de Stabilité et de Croissance.
-
Les politiques structurelles mises en place au niveau européen
et financées par le budget européen.
2.
Le rôle limité des politiques économiques européennes
est contraint par le budget européen
Le
Conseil européen des 16 et 17 juin 2005 a débattu sur la période
budgétaire 2006-2013 et donc sur les contributions des Etats membres au budget
européen. Celui-ci restera modeste puisque le Parlement européen
avait proposé un budget à la hauteur de 1,07 % du PIB de l'Union
européenne, la Commission européenne plaide pour un budget plafonné
à 1,14 % et des pays comme la France, l'Allemagne et la Grande-Bretagne
n'entendent pas laisser le budget européen dépasser les 1% du PIB
de l'Union. Le
budget de l'Union européenne se monte pour 2005 à 116,55 milliards
d'euros (un peu plus du tiers du budget français) et il est toujours voté
à l'équilibre. Il est financé aux 3/4 par un prélèvement
auprès des Etats plafonné à 1,24 % du revenu national brut
des Etats membres, s'ajoutent à cela les recettes de TVA et les droits
de douane ainsi que les taxes sur les importations de produits agricoles (PAC
oblige !). Les dépenses se répartissent en dépenses de fonctionnement
pour les institutions européennes et en dépenses opérationnelles
notamment pour la PAC (42,6 % des dépenses), l'aide structurelle au développement
des régions pauvres (36,4 % des dépenses).
C. Réalisations
des politiques économiques européennes
1. Les
politiques structurelles européennes
A
l'origine la création de l'Europe est un projet économique à
des fins politiques. La libre circulation des marchandises à l'intérieur
de la CEE avait pour ses fondateurs que sont Jean Monnet, Maurice Schumann, Alcide
de Gasperi, une finalité de paix perpétuelle entre les anciens ennemis
de la Première et de la Seconde guerre mondiale. Dans un contexte de guerre
froide il s'agissait pour l'Europe d'un projet politique de défense autonome
à travers la Communauté Européenne de Défense qui
ne verra jamais le jour.
La
constitution du marché unique puis de l'union monétaire se fait
parallèlement à politiques structurelles d'accompagnement financée
par le budget européen et destinées :
à maintenir
l'atomicité du marché par une politique de la concurrence interdisant
la constitution de monopole, ainsi que les ententes (sur les prix, les limitations
de production, les répartitions de marchés) et les abus de position
dominante (imposition de prix ou application de conditions contractuelles inégales
selon les clients ou les fournisseurs) ; Mise
en place en 1962, la PAC visait à assurer une libre circulation des produits agricoles
dans l'UE, des prix uniques pour les produits dans toute l'UE et un revenu garanti
aux agriculteurs. Les
cours agricoles, qui baissent à cause de la surproduction, étaient ainsi maintenus
plus élevés ne l'aurait permis le marché libre par : des
achats publics par le FEOGA (Fonds Européen d'Orientation et de Garantie Agricole)
qui stocke les excédents ;
La
PAC était injuste car elle conduisait à faire subventionner par les contribuables
la surproduction des agriculteurs et en même temps à faire payer les consommateurs
plus cher les produits agricoles (communautaires et étrangers), ainsi en tant
que contribuables, ils étaient 2 fois ponctionnés.
Les
subventions ont accentué la surproduction car les agriculteurs dont les prix sont
garantis peuvent augmenter leurs revenus en augmentant les quantités produites
- ce au mépris des lois de l'offre et de la demande -, ainsi en 1992 la PAC est
réformée avec réduction des subventions et aides au revenu des agriculteurs qui
acceptent de mettre des terres en jachère. La
PAC se caractérise en outre par : la
libre circulation des produits agricoles à l'intérieur de la Communauté sans droits
de douane, de contingentement ou de limitation d'ordre qualitatif (normes) ;
PAC
7$ C’est la subvention journalière d’une vache japonaise. Une vache européenne
reçoit 2,5$. Quand 1 milliards de personnes, notamment en Afrique, vivent avec
moins d’un dollar par jour ! Conclusion d’un grand écrivain africain «mieux vaut
être une vache japonaise qu’un Africain». 2.
Les politiques sociales européennes
Le traité de Maastricht consacré
à des mesures économiques possède un volet social qui lui
a été annexé en 1989 et qui prévoit la création
d'un droit du travail européen. C'est ainsi qu'en 1994 ont été
créés des comités d'entreprise européen.
Le principe d'un droit social
unifié a été
Chaque Etat possède
cependant sa propre législation sociale, parmi elles la législation
française est la plus protectrice et par conséquent celle qui pose
le plus d'entrave à la flexibilité du travail. Les syndicats français
sont très conscients que des charges plus faibles ou des conditions d'emploi
moins contraignante dans les autres pays d'Europe ne facilitent pas l'emploi en
France. Ils parlent là encore de "dumping social" et aspirent
pour y remédier à une législation européenne plus
proche du "modèle social français" voire un "alignement
par le haut des droits européens dans lequel chaque acquis social devrait
être considéré comme un seuil au-dessous duquel il serait
interdit de descendre" comme l'exigent notamment les antimondialistes.
Une telle conception du droit
social n'est pas celle des pays plus libéraux comme le Royaume Uni ne sont
pas prêt à accepter, au nom notamment de la préservation de
l'emploi et d'une plus grande liberté contractuelle (droit d'embaucher
et de licencier sans contrainte par exemple). Mais
quelque soit le modèle social choisi (anglo-saxon, scandinave ou à
la française) il ne pourra déroger aux grands principes de la législation
sociale européenne, c'est ainsi que le principe de l'égalité
homme-femme au travail a conduit la Cour de justice des Communautés européennes
(CJCE) a exiger de la France l'autorisation du travail de nuit pour les femmes. III.
Volontarisme européen ou intégration dans la mondialisation A.
Pour un développement de politiques économiques européennes 1.
L’Europe, une façon d'encadrer la mondialisation ?
La Communauté Européenne
s'est construite sur des règles et des principes pas nécessairement
compatibles avec l'ouverture des marchés internationaux selon les critères
du GATT (clause de la nation la plus favorisée). La création d'une
union douanière avec son tarif extérieur commun met en place une
forteresse protégée vis-à-vis des flux commercaux extérieurs
à la zone. C'est à l'intérieur de ce grand marché
européen que se développe un commerce intra-zone important et que
des entreprises européennes dans des secteurs clés tels que l'espace,
l'aéronautique, la mécanique, la chimie, se concentrent (Airbus,
Alsthom, Pechiney) et partent à l'assaut du marché mondial en profitant
d'économies d'échelles constituées sur un marché protégé
mais en profitant aussi des politiques industrielles volontaristes des Etats,
les mêmes qui ont créé des Crédit Lyonnais ...
Avant même l'euro,
la forteresse Europe s'est construite aussi sur le plan monétaire puisqu'à
la fin du SMI elle répond par le SME, une zone de stabilité financière
marquée par des taux de change flexibles dans une fourchette de +/- 2,25
% entre les monnaies européennes (marge revue à +/- 15 % suite à
la crise du SME de 1993). Ainsi
soudée en matière commerciale et financière l'Europe pèse
davantage dans les négociations internationales organisant la mondialisation.
2. Rôle
d'un Etat européen dans la croissance
Les théoriciens keynésiens
de la croissance endogène en appellent à des fonctions d'entraînement
de la croissance pour un Etat fédéral européen et utilisent
l'argument du déficit démocratique des institutions européennes
afin de rendre les décideurs européens dépendant des lobbies
de la société civile et des ONG militantes.
Ils sont partisan d'une augmentation
drastique du budget fédéral afin de financer une politique de formation
et de recherche-développement ainsi que le financement de grands travaux
d'infrastructures. De telles dépenses sont censées porteuses d'externalités
positives, donc facteur de croissance.
3. Quelles
politiques conjoncturelles ?
Le risque de chocs asymétriques,
c'est-à-dire de perturbation de l'offre ou de la demande limitée
à un seul pays ne peut plus se résoudre par une variation des taux
de change. Par exemple un choc au niveau de l'offre : les conséquences
des 35 heures avec la hausse du coût du travail en France alors qu'il reste
le même dans les autres pays européen implique une perte de compétitivité
que l'on ne peut compenser par une dévaluation.
Si le choc asymétrique
est au niveau de la demande, par exemple une baisse de la demande pour les automobiles
françaises alors que la demande en automobiles allemandes n'est pas touchée,
les effets de ce choc se perpértueront aussi faute de dévaluation.
Les
Etats seront alors tentés d'intervenir en soutenant un secteur par des
subventions mais ceci fausserait la concurrence avec les autres entreprises européennes
ce n'est donc pas permis. Il leur restera donc à tenter d'enrayer la baisse
de compétitivité, mais pour cela il faudrait permettre une flexibilité
à la baisse des salaires et/ou un ralentissement de la hausse des prix
plus important que celui des pays partenaires (désinflation compétitive).
Une telle politique de rigueur est difficile à faire passer dans l'opinion,
on comprend pourquoi faute de maintenir une économie compétitive
l es
Keynésiens demandent donc la mise en place au niveau européen de
politiques budgétaires concertées et critiquent "la logique
libérale"des critères du PSC qui s'oppose à toute volontarisme
politique par le buget. Face à une panne de la croissance en Europe dans
un contexte de croissance forte aux Etats-Unis, en Inde, en Chine, les Keynésiens
en appellent à des politiques contra-cyclique (dépenses de l'Etat
quand la croissance est faible) et dénoncent les politiques pro-cycliques
facteurs de crises déflationnistes. Ainsi en cas de ralentissement économiques
les rentrées fiscales baissant l'état des finances publiques va
se dégrader et le PSC contraint alors à une baisse des dépenses
alors que les Keynésiens pensent qu'il faudrait au contraire les augmenter
aux fins de relance.
Pour les Keynésiens,
l'Europe comme un tout est plus faiblement exposé à la contrainte
extérieure que ne l'est chaque pays européen isolément. Ceci
est dû à ce que le commerce intra-zone soit dominant, ils considèrent
donc que le cadre adéquat a une relance est devenu l'Europe.
B. Ou pour
une ouverture aux marchés et à la mondialisation 1.
Déréglementation limitée : du service public au service universel
Les
concepteurs de l''Europe fédérale souhaitent conserver hors marché
une partie des services auxquels devraient avoir accès tous les Européens.
Il s'agit là de garantir à tous les usagers (terme à opposer
à clients) la fourniture de biens et services d'intérêt général
à un prix abordable. Là encore le terme d'intérêt général
ne possède pas une définition objective, c'est l'Etat fédéral
qui détermine ce qui est d'intérêt général,
quant aux biens et services concernés il s'agit des biens collectifs (non
individualisables, non excluables) mais aussi d'autres biens et services que l'Etat
souhaite mettre à disposition de tous quelque soit leur revenu et faire
payer aux contribuables (santé, transports, ...)
La déréglementation
va faire évoluer la notion de service public à la française,
laquelle se base sur la continuité (quant il n'y a pas de grève)
et l'égalité des usagers (accès pour tous au même prix).
Elle impliquait aussi que les services publics soient assurés par des entreprises
publiques en monopole non contestable. Le passage à la concurrence et au
privé se fait sous condition de l'encadrement d'autorités administratives
indépendantes (AAI) telles que l'ART (autorité de régulation
des télécommunications) qui fixent des obligations de service universel.
Ce service universel a pour objet de garantir à tous et partout l'accès
à certaines prestations jugées essentielles pour des prix abordables
et une qualité acceptable.
2.
Vers une Europe plus libérale ?
Pour
des pays dans lesquels l'Etat intervient beaucoup, l'intégration européenne
est une opportunité de déréglementation. Elle attise la même
peur que la mondialisation puisque l'intégration de pays est-européen
fait craindre une délocalisation et l'immagration d'une main d'oeuvre moins
chère. L'exemple de la polémique sur la directive Bolkenstein prévoyant
la libéralisation complète de tous les services (y compris certains
services dits publics en France) dans l'Union européenne est parlante à
cet égard, elle a pris pour emblème la phobie du "plombier
polonais" qui pourrait proposer librement ses services en France à
des prix aussi faibles qu'en Pologne. Depuis la directive Bolkenstein a été
largement amputée et la libéralisation complète des services
reste à faire.
Par contre l'ouverture des
capitaux en Europe a avancé plus rapidement. Son ouverture totale et le
passage à la monnaie unique a été un facteur de la globalisation
financière et a permis au secteur européen de la bancassurance,
dans lequel les établissements français sont leader, de devenir
un acteur mondial de premier plan.
Enfin les pays européen
se font une concurrence pour attirer les capitaux et cette concurrence là
prend la forme d'une compétition sociale et fiscale. Des pays à
faible fiscalité sur les entreprises et possédant un code du travail
flexible comme les pays Baltes ou l'Irlande n'ont donc surtout pas intérêt
à l'harmonisation fiscale et sociale sur le modèle français.
La
constitution européenne fusionne en un seul texte l'ensemble des traités
communautaires dont la charte des droits fondamentaux (droits civils, politiques,
économiques et sociaux des européens), en respect du principe de
subsidiarité elle se donne des objectifs politiques. Elle prévoit
une présidence européenne au Conseil européen assurée
par une personne physique pour au moins deux ans, et ce ci en lieu et place de
la présidence tournante tous les 6 mois d'un pays qui dirige le Conseil
européen. Par ailleurs le Conseil des ministres prendra des décisions
à la majorité qualifiée de 55 % des Etats membres représentant
65 % de la population, ce qui serait plus simple puisqu'il serait difficile d'obtenir
l'unanimité des 25 pays pour voter une directive.
Elle
répond à l'argument de déficit démocratique à
travers le "droit d'initiative citoyenne" qui prévoit de soumettre
une proposition de loi à la Commission, suite à la demande d'un
million de citoyens de divers Etats (risque d'emprise des lobbies notamment ceux
de l'antimondialisation). A travers la charte elle prévoit la mise en place
de politiques en faveur de l'emploi, de lutte contre les discriminations et l'exclusion.
Cette constitution devait entrer en vigueur le premier novembre 2006 à
condition d'être approuvée par l'ensemble des Etats membres, or la
France et les Pays Bas ont voté non à la ratification de la constitution
européenne.
à
constituer un pôle industriel européen par une politique industrielle
- à l'origine de la CEE il y avait les traités de la CECA (Communauté
Européenne du Charbon et de l'Acier) et Euratom qui prévoyaient
l'un une politique commune du charbon et de l'acier, l'autre une politique commune
en matière d'énergie atomique - on peut aussi citer en matière
d'aéronautique la création d'Airbus, en matière de réseaux
de transports Thalys et Eurostar ;
à
instaurer une solidarité entre régions européennes par
une politique d'aménagement du territoire participant au développement
des régions pauvres avec le FEDER (Fonds européen de développement
régional) ;
à
soutenir les pays les moins avancés dans l'intégration européenne
(Irlande, Grèce, Espagne et Portugal) par le Fonds de cohésion
;
à faciliter la libre circulation des hommes avec la possibilité
d'étudier dans tous les pays membres (programme Erasmus) ;
à financer
l'insertion professionnelle des jeunes, des chômeurs de longue durée
et des travailleurs en conversion par le Fonds social européen ;
à assurer le
revenu paysan et à moderniser le monde agricole par la Politique Agricole
Commune (PAC).
des
aides aux exportations pour permettre aux agriculteurs de vendre moins cher sur
les marchés extérieurs à la communauté ;
des
droits de douane sur les importations hors UE.
la
préférence communautaire, qui est assurée notamment par la mise en place
d'un tarif extérieur commun ;
la
solidarité européenne, qui se traduit par la participation de tous les pays membres
au financement des aides à l'agriculture ;
la
volonté d'agir sur les structures de l'agriculture : modernisation des exploitations,
orientation des productions, etc .