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De drôles de cocos

De drôles de cocos


L’histoire du mouvement ouvrier britannique jusque dans sa résistance à la « vilaine Thatcher » me laisse dubitatif quant à l’épisode, paraît-il, célèbre de Tower Colliery. Une mine renommée depuis le 19ème siècle car la légende nous apprend, par Télérama interposé, que c’est là où les mineurs ont créé le drapeau rouge, sans même en revendiquer la propriété intellectuelle (un bon point pour François-René), ces inventeurs prolétaires ont pour ce faire trempé une pièce d’étoffe dans le sang d’un veau (faute de patron sous la main aurait dit Arlette) avant de brandir le sanglant étendard en tête d’un cortège. Quelle bonne idée et quelle prédestination quand on sait tout le sang dont s’est nourri ce symbole !  

Tower Colliery reste au cours du temps un bastion du marxisme gallois et de l’anti-libéralisme, ce qui va de soi. 

La mine, propriété d’État du monopole British Coal doit être fermée et les mineurs licenciés avec indemnité de 80 000 francs par tête de pipe. Leur syndicat « National Union of Mineworks » réunit les plus combatifs et permet le rachat de la mine par les mineurs. Mine qui se trouve privatisée de fait même si elle doit donner l’occasion d’une mise en pratique véritable d’une expérience coopérative à partir de 1994.

Les salaires sont très généreux : 21 000 francs par mois, les salariés sont tous co-actionnaires et la division du travail subsiste du directeur au personnel d’entretien. La propriété est bien privée avec une cogestion dont la finalité est de restaurer les rendements et de réaliser des profits.  Les assemblées générales sont consultées très régulièrement et il n’est pas question de désigner des représentants ouvriers qui prendront les décisions pour les autres. Et pourtant, au fur et à mesure, la participation aux assemblées se raréfie et les votes par procuration sont les plus nombreux.

Mais que se passe-t-il au juste ? La direction, très à gauche et dans son utopie en marche se lamente et cherche à culpabiliser les co-actionnaires : « ils ne se rendent pas compte de ce qu’ils vivent … participer à la gestion de l’entreprise c’est un droit et ici il faut en faire un devoir ! » et puis « ils ont le nez sur la fiche de paie, il y a que cela qui les intéresse ». Encore un peu et le paternalisme va se transformer en père-fouetardise, la direction traite ses actionnaires comme de simples salariés, et ceux-ci s’ils n’étaient qu’actionnaires ne s’intéresseraient qu’à leurs dividendes, une leçon de matérialisme peut être ?

Les années passent et le relais aussi, de plus jeunes arrivent et rachètent des parts, mais ces jeunes là n’ont pas le sentiment d’appartenance à la classe ouvrière, ils ne font que saisir une opportunité. Reste l’expérience pour des antilibéraux qui au final pensent avoir retourné le mode de production capitaliste au profit des salariés, mais doivent absolument maintenir un taux raisonnable de profit dans une industrie en crise. L’ardeur au travail est peut être plus important qu’avant et l’enthousiasme aussi qui en guise de conclusion met dans la bouche d’un cadre ce « nous avons piégé le capitalisme ! ».

Tant qu’il le croit … au jeu d’un pseudo capitalisme populaire, les prolétaires deviennent capitalistes tout en se croyant prolétaires, à ce tarif là il y a de quoi convaincre tous les cégétistes de la terre des vertus d’un  mode de production qui ne dirait pas son nom (n’est-ce pas Martine ?).

                                                                        Xavier COLLET, le 27/04/2001


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