Le système monétaire et financier


Contrairement à une légende véhiculée par ceux qui s'opposent au libre financement de l'économie, le système monétaire et financier n'est pas un casino pour spéculateur mais le lieu et le moyen de mettre en rapport ceux qui disposent d'excédent de financement et ceux qui en éprouvent un besoin. Sans marché financier pas d'investissement et donc pas de croissance économique.

I. Les circuits de financement de l'économie

    A. Capacités et besoins de financement

Les capacités de financement résultent de gains monétaires, que ce soient des bénéfices perçus par des entreprises, des revenus du travail ou de la propriété pour les ménages, des prélèvements obligatoires par les administrations publiques, de l'épargne et des placements d'agents économiques pour les établissements financiers.

Les besoins de financement naissent des investissements que doivent réaliser les entreprises, des dépenses des ménages ainsi que de leurs acquisitions de biens immobilers, mais aussi de la dette contractée par l'État suite à ses déficits budgétaires réguliers.

Pour les entreprises les bénéfices ne suffisent souvent pas à financer les investissements, elles ont traditionnellement besoin de recourrir à l'endettement, il en va de même pour l'État dont la dette dépasse les 1 200 milliards d'euros en 2007, les ménages par contre dégagent une épargne placée le plus souvent auprès des organismes financiers. On admettra donc que les ménages dégagent une capacité de financement alors que les entreprises et l'État dégagent un besoin de financement.

Pour aller plus loin dans cette analyse on peut insister sur le rôle des sociétés d'assurance, des fonds de pension et des organismes de placement collectifs en valeurs mobilières (OPCVM - dont nous parlerons plus loin - ) qui sont des investisseurs institutionnels dont l'objectif est de placer des liquidités afin qu'elles rapportent, ils ont donc une capacité de financement.

    B. Les circuits de financement externe

        1. Le financement direct

Le financement direct fait appel au marché financier sur lequel certains agents peuvent se procurer des ressources à long terme en émettant et en plaçant des titres auprès des agents à capacité de financement. Ce financement est qualifié de direct dans la mesure où le titre émis est directement acheté par le préteur qui détient de ce fait un titre de créance (obligation) ou de propriété (action).

        2. Le financement indirect

La banque intervient en tant qu'intermédiaire financier entre ceux qui ont des liquidités à placer et ceux qui ont des besoins de fiancement. Par son activité d'intermédiation, la banque transfère des ressources à court terme qui sont les dépôts à vue en des emplois à plus long terme sous forme de crédits bancaires.

 C. L'évolution des circuits de financement

        1. L'économie d'endettement

En France, après la première vague de nationalisation de 1945 concernant également le secteur financier, l'État contrôle la reconstruction. Les banques sont étroitement surveillées et pour des raisons idéologiques il est question de casser leur influence, c'est dans cet esprit que la loi du 2 décembre 1945 fait éclater les banques en trois catégories : les banques de dépôts, les banques d'affaires et les banques de crédit à moyen et long terme. Et effectivement cette spécialisation étroite va empêcher le développement de l'activité bancaire, tant et si bien qu'une modeste réforme bancaire en 1966-1967 va prévoir une moindre spécialisation et donc un retour modeste de la compétition entre les établissements bancaires.

Pour les entreprises le financement intermédié des investissements s'imposait de par les limites de l'autofinancement et la difficulté d'obtenir des capitaux autrement que par les banques privés. On pouvait bien parler d'économie d'endettement puisque les entreprises se finançaient en s'endettant auprès des banques, lesquelles octroyaient des crédits en s'endettant auprès de la Banque de France. Laquelle Banque de France est alors entièrement contrôlée par l'État qui indique les taux à fixer (coût du financement bancaire) et les mesures d'encadrement du crédit (limites quantitatives à ces financements en fonction des objectifs de progression de la masse monétaire).

Ainsi, le secteur bancaire demeure un instrument des politiques publiques. L'autonomie des banques est faible et il en va de même de la concurrence entre les établissements du fait d'une spécialisation qui demeure forte et de l'existence d'un secteur mutaliste et coopératif bénéficiant de conditions très avantageuses accordées par l'État.

La dépendance des banques va devenir complète avec la nationalisation totale du système bancaire en 1982. Toutes les banques appartiennent désormais à l'État, il est dès lors au ministère des finances de décider de façon discrétionnaire de financer ou non telle ou telle entreprise, en réalité souvent selon des considérations politiques. Les banques sont toutes désormais au service de la nouvelle politique socialiste donc les entrepreneurs qui déplaisent n'ont pas accès aux financements, ceux qui plaisent se voient signer des chèques en blanc.

À partir du milieu des années 80, il faudra renoncer à ce mode très particulier de contrôle financier de l'économie, car avec la mondialisation des capitaux l'économie d'endettement est morte. Désormais les entreprises peuvent se passer des banques pour se financer à partir de l'épargne draînée dans le monde entier. On parle de désintermédiation financière car les marchés des capitaux vont remplacer les banques.

       2. L'économie de marché financier

L'internationalisation des marchés des capitaux va coïncider avec la remise en cause de la logique d'une économie étatitsée en France puisque 1986 marque le début des privatisations. Ainsi les entreprises privatisées vont se passer des financements publics pour obtenir des capitaux directement auprès de ceux qui en disposent et sont prêt à les prêter ou à les mettre à disposition contre une participation dans ces entreprises. Les besoins de financement vont donc trouver un financement direct par les marchés financiers. On peut parle désormais d'un financement direct ou encore d'une économie de marché financier.

Les banques, qui ont perdu une grande partie de leur rôle d'intermédiaire, vont pouvoir revenir dans la course grâce à un mouvement de déréglementation consistant en leur privatisation progressive et en la fin de la spécialisation. La concurrence bancaire est de retour et chaque établissement va pouvoir émettre et acheter des titres permettant respectivement d'augmenter le capital social et de prendre des participations dans d'autres entreprises. Les banques vont aussi proposer de placer des valeurs mobilières auprès de leur public à travers les organismes de placement collectifs en valeurs mobilières (OPCVM), les particuliers clients des banques vont ainsi délaisser pour partie les comptes courants et acquérir des parts d'OPCVM, détenant ainsi un portefeuille de valeurs mobilières gérés par ces organismes. En participant au développement des places boursières, en permettant à leurs clients de se lancer en bourse afin d'obtenir des rendements sur leur épargne, les banques bénéficient d'un phénomène de réintermédiation bancaire.

Les ressources financières qu'il est possible d'obtenir sur les marchés des capitaux ne permettent plus à l'État de limiter les capacités de recours au financement, les investisseurs institutionnels (zinzins) sont effectivement nombreux, qu'il s'agisse des sociétés d'assurance, des OPCVM, ou encore des fonds de pension qui cherchent les meilleurs placements pour garantir les retraites de leurs clients (alors qu'il est à craindre que les salariés français cotisent à fonds perdus).

Mais ceux qui prêtent ou prennent des participations sont attirés par les rendements et la sûreté des placements réalisés. En effet, il faut dire que les capitaux disponibles viennent du monde entier et qu'ils s'investissent là où les entreprises sont les plus rentables et les plus généreuses pour ceux qui leur ont fait confiance que ce soit en terme de dividendes ou d'intérêts. Évidemment à l'hyper-réglementation qui régnait dans le cadre de l'économie d'endettement à la française devra succéder une déréglementation aboutie et un moindre interventionnisme public car qui voudrait placer ses capitaux dans un pays où la législation restreint la rentabilité et où la fiscaliré réduit les bénéfices distribuables ?

 

II. Le financement par les marchés de capitaux

LES MARCHÉS DE CAPITAUX

Financement à long terme

Financement à court terme

Marché financier : échange de titres à long terme (plus de 7 ans)
Marché monétaire : échange de titres à court et moyen terme (moins de 7 ans)
Marché obligataire et marché actions : les titres sont émis sur le marché primaire ; ils sont négociés sur le marché secondaire
Marché des titres de créances négociables
Marché interbancaire

Marchés accessibles à tous les agents économiques

Marché réservé aux banques

    A. Le marché financier

Le marché financier est le lieu d’émission et d’échange de titres longs, c'est-à-dire dont le remboursement intervient au-delà de 7 ans. On appelle ces titres des valeurs mobilières.

 Les valeurs mobilières dans leur diversité

Les actions représentent des titres de propriété sur l'entreprise qui les émet, à ce titre elles confèrent un droit de vote aux assemblées générales et un droit sur les dividendes (actions ordinaires). Représentant la totalité du capital social des sociétés anonymes pouvant faire appel public à l'épargne (capital social supérieur à 250 000 €) la somme de la valeur  nominale des actions est égale au montant total du capital social. À partir de là différentes nuances ont été mises en place :

les actions de priorité : droits privilégiés sur les dividendes ;

les actions à droit de vote double : permet un droit de vote double pour une seule action ;

les actions à dividende prioritaire sans droit de vote ;

les certificats d'investissements : donnent droit à des dividendes normaux mais sans droit de vote.

 

Les obligations sont des titres de créance sur l'entreprise, ils donnent droit à versement d'un intérêt fixe et à un remboursement à long terme à date fixée (obligations ordinaire), mais il en existe des nuances :

les obligations convertibles en actions ;

les obligations à bons de souscription d'actions : les bons donnent droit aux détenteurs d'obligations de souscrire des actions de la société à un prix fixé d'avance.

Le marché financier comprend :

        1. Le marché primaire

Le marché primaire est le marché sur lequel les titres sont émis. On parle d'offre publique de vente comme on l'a vu lors des privatisations qui donnaient lieu à des émissions d'actions, on peut aussi y souscrire à un emprunt obligataire. L'État intervient aussi sur ce marché pour financer ses énormes déficits, bien sûr il n'émet pas d'action car nul n'est propriétaire de l'État, mais il peut émettre des obligations assimilables du Trésor (OAT) qui sont des titres de la dette publique, eh oui l'État et même les États viennent ici concurrencer les entreprises et pour attirer des souscripteurs ils sont disposés à proposer des taux d'intérêt importants qui seront à terme payés par les contribuables, détournant ainsi des capitaux d'usages plus utiles.

Les banques et les sociétés de bourse placeront ces valeurs mobilières auprès des souscripteurs, mais doit-on vraiment s'engager à long terme lorsque l'on en achète ?

       2. Le marché secondaire

Non, les acheteurs ne sont pas obligés de s'engager à long terme puisque les titres déjà émis pourront être revendus et rachetés à la bourse sur le marché obligataire et le marché actions. C'est là d'ailleurs tout l'intérêt du marché financier puisqu'il permet ainsi de financer des investissements à long terme tout en permettant de conserver à l'épargne investie en bourse son caractère liquide puisque les titres pourront être revendus à n'importe quel moment. La bourse peut donc être assimilée à un marché d'occasion sur lequel l'offre et la demande fixe la valeur des titres, une valeur qui varie donc constamment et s'éloigne de la valeur d'émission. L'échange de titres aura donc lieu à la valeur côtée - la cotation - permettant le plus grand nombre d'échanges, cette cotation se fait par information, c'est la fameuse cotation assistée en continue (CAC).

Les détenteurs d'actions vont espérer que le cours de leur action augmente afin de bénéficier d'une plus-value potentielle ; les détenteurs d'obligations espèrent que les taux vont baisser pour que leurs obligations prennent de la valeur. Par exemple si je souscris à une obligation rapportant 7 % par an, et que les nouvelles obligations émises ne rapportent que 5 % alors je pourrais revendre mes obligations à une valeur supérieure à celle que j'ai acquittée. Pour les émetteurs de valeurs mobilières cette variation des valeurs de leurs titres n'influent pas sur leurs gains ou leurs pertes, sauf volonté de nouvelles émissions.

Le marché action d'Euronext se divise lui-même en plusieurs marchés :

Le premier marché se constitue du marché au comptant, celui-ci est destiné aux plus grosses sociétés, 800 sociétés environ sont cotées dont les 40 plus importantes constituent l'indice CAC 40. Pour pouvoir être coté sur ce marché il faut qu'au moins 25 % du capital soit mis dans le public, que le chiffre d'affaire soit supérieur à 25 millions de francs  par an  et que la société communique régulièrement ses résultats.

Le second marché cote 300 sociétés de taille moyenne dont au moins 10 % de leur capital est mis sur le marché.

Le nouveau marché cote de jeunes entreprises à fort potentiel de croissance.

Comment s'estime la valeur d'une action ?

    B. Le marché monétaire

Il s'agit du marché des capitaux à moyen et court terme, précisément à terme inférieur à 7 ans, ce marché est compartimenté en deux.

        1. Le marché interbancaire

Le marché interbancaire est réservé aux établissements de crédits, aux banques centrales des pays de l'euro, à la Banque Centrale Européenne (BCE), ainsi qu'aux Trésors publics des pays de l'euro. Sur ce marché circulent des liquidités bancaires qui s'échangent entre les établissements en possédant des excédents et ceux qui en ont besoin. Le taux d'intérêt au jour le jour sur le marché interbancaire de l'euro varira en fonction de l'offre et de la demande de ces liquidités, ce taux sera influencé par le taux directeur de la BCE, taux qui correspond au taux d'intérêt que la banque centrale réclame pour prêter de la monnaie centrale. Ainsi lorsque la BCE augmente son taux directeur elle raréfie la monnaie banque centrale et influence les taux d'intérêts à la hausse.

        2. Le marché des titres de créances négociables

Depuis 1995 ce marché est ouvert à tous, mais il faut avoir les moyens d'y participer puisque le montant minimum des titres échangés est de 75 000    - les particuliers peuvent cependant y placer leur épargne à travers les OPCVM -. S'y échangent des titres financiers à court et moyen termes, négociables et adaptés à chaque catégorie d'emprunteurs : billets de trésorerie émis par les entreprises, certificats de dépôts émis par les banques et bons du trésor négociables émis par le Trésor public. Le terme des créances est de 10 jours à 1 ou 2 ans et jusqu'à 7 ans pour les bons du trésor, les taux y sont pour le refinancement inférieurs à ceux des banques.

Comprendre la crise des subprimes