A la recherche de l'intérêt général

L'intervention de l'État dans l'économie se fonde sur la réalisation du concept de "bien commun" ou encore de "l'intérêt général". Mais comment définir ce concept précisément sans définir ce qui doit être commun, propre au collectif ? Le collectif est la somme des individus, il n'existe pas en dehors des individus, un individu peut alors définir ce qu'est son bien, son intérêt, mais comment et qui pourrait définir ce qui est bien pour un collectif ? Le concept de bien commun ou d'intérêt général est donc vide de sens, à moins qu'on le détermine à partir du bien individuel, on pourra dire alors que l'intérêt général est la somme des intérêts particuliers. Mais alors le concept ne possède pas un caractère moral, il laisse ouverte la question de savoir en quoi consiste l'intérêt particulier, à chacun de déterminer le sien.

Pourtant certains chercheront à déterminer le "bien commun"de la société en considérant la société comme un entité supérieure à l'ensemble des individus qui la composent, un intérêt général qui serait donc autre chose que la somme des intérêts particuliers. Ils en appellent souvent alors à la démocratie en confondant l'intérêt général avec la décision de la majorité même si elle est contradictoire avec celle d'une minorité ou d'individus. On peut ainsi en arriver au nom de l'intérêt général à agir contre l'intérêt d'individus y compris par la privation de leurs droits individuels tels qu'ils sont censés être protégés par l'État-gendarme.

Ainsi, si l'on commence par définir ce qu'est le bien à travers l'intérêt de l'individu alors une société pourra tendre vers un développement harmonieux au bénéfice de ses membres. Mais si on cherche avant tout à satisfaire l'intérêt général en considérant le bien de chaque individu comme une de ses conséquences possibles mais non obligatoires alors c'est la porte ouverte à l'instauration des systèmes les plus absurdes. L'Union Soviétique est un exemple de ces sociétés qui se définissent par la recherche du bien commun et dont le résultat fut la misère pour la plus grande partie de la population à l'exception de la clique au pouvoir.

Henri Lepage : "Il faut démystifier la notion d'intérêt général qui n'est bien souvent qu'un alibi cachant un phénomène d'"exploitation" du reste de la société par une caste privilégiée de fonctionnaires et de bureaucrates. L'intérêt général n'existe pas. Ce qui existe, c'est seulement l'idée que certains se font de ce qu'est à leurs yeux l'intérêt général. Celui-ci ne peut pas se définir a priori. Le seul intérêt général qui existe est ce qui résulterait d'une situation où fonctionneraient des mécanismes d'échange parfaits. La véritable défense de l'intérêt général est donc l'attitude qui consiste à essayer de rétablir dans la société le maximum de mécanismes d'échange, tout en sachant qu'on ne pourra jamais arriver à la perfection. (Mais ce dont on peut être sûr est que plus on réintroduira de mécanismes d'échange, plus près on sera de cet intérêt général)."

1. Qui peut savoir en quoi consiste l'intérêt général ?

2. La décision de la majorité est-elle celle de l'intérêt général ?

3. En fonction de votre réponse à la question 2 énoncez le problème que cela pose. Si la démocratie ne représente pas l'intérêt général et que le gouvernement émane de la volonté de la majorité du peuple, comment pourrait-il agir conformément à l'intérêt général.