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Robin des bois, l'ultralibéral

 Robin des Bois, l'ultralibéral


Contre toute logique la gauche récupère un symbole

A toutes nos belles âmes et nos professionnels des bons sentiments, qui s'arrogent le monopole du cour et de l'expression publique, il faudrait rappeler que Robin des bois, qu'ils récupèrent volontiers comme symbole dans leur combat contre la mondialisation libérale, s'attaquait à un roi illégitime et spoliateur - et donc à l'Etat sorti de son rôle - pour rendre les richesses ainsi pillées à leurs créateurs et seuls propriétaires légitimes, c'est-à-dire aux contribuables.

Il n'y a pas là de lutte des puissants en tant que riches contre les faibles en tant que pauvres ; c'est un combat de toujours entre les spoliateurs parasites (les hommes de l'Etat) et les véritables créateurs de richesses (les hommes libres et responsables). C'est un combat jamais acquis (car la liberté est toujours menacée) entre les " puissants " en tant que détenteurs du monopole de la violence légitime et les " vulnérables " en tant qu'individus protégés par leurs seuls droits que les hommes de l'Etat ont trop vite fait de bafouer.

La logique mercantiliste est anti-libérale

 Et, ne croyons surtout pas que le communisme est mort et que le libéralisme triomphe sur la planète. Les négociations entre Etats dans le cadre de l'O.M.C montrent que c'est le mercantilisme qui est triomphant et ce dernier est une négation du libéralisme. Les mercantilistes, parce qu'ils considèrent que l'économie est un jeu à somme nul (ce que gagne un pays ou un individu est nécessairement perdu par un autre pays ou un autre individu) transposent dans l'économie leur vision antagoniste des rapports politiques.

Ce sont eux qui font des échanges une véritable guerre économique comme ils transforment la religion en guerre de religion. Les économistes ont montré que l'échange est un jeu à somme positive car, s'il est librement consenti, c'est que tous les protagonistes de l'échange ont tout à gagner à échanger. De ce processus dynamique naissent les " harmonies économiques " brillamment analysées par Bastiat.

Aujourd'hui, ce sont les pays riches et protectionnistes - c'est-à-dire les puissants - qui imposent leurs normes, leurs régulations, leurs subventions et leurs propres protections alors que les pays pauvres --les faibles - réclament le démantèlement de ces systèmes. A l'origine, les accords du G.A.T.T. avait pour mission de veiller que tous les pays démantèlent leurs propres systèmes de protection puisque aucun ne voulait le faire s'il n'avait pas la garantie que les autres fassent de même. En transformant les accords du G.A.T.T. en O.M.C qui se présente comme une instance de régulation du commerce, c'est le mercantilisme qui triomphe et le libéralisme qui recule. A tous ceux qui ont des doutes sur la vocation humaniste du libéralisme, l'histoire et la science économique montre que le libéralisme libère et protège les faibles contre les puissants. Et comme les puissants n'ont spontanément tendance à mettre en ouvre un tel processus de libération et de libéralisation, il faut des institutions fortes pour garantir un Etat de droit, c'est-à-dire un Etat respectueux des droits individuels fondamentaux.

Les droits acquis au profit des puissants, le libéralisme au profit des plus faibles

Finalement, à tous les croyants qui ont des doutes sur la possible conciliation - ou réconciliation - entre un engagement libéral et la foi, l'histoire montre que les pays communistes furent anti-religieux et l'Etat-providence en France (ou le futur Etat européen) est un fondamentaliste laïque puisqu'il a l'ambition de se substituer à la providence. Là encore, comme Jésus qui prend parti pour le faible, le libéralisme n'est jamais du côté des puissants, c'est-à-dire de ceux qui détiennent le pouvoir. Pour un croyant, un homme est un fils de Dieu avant d'être homme ou femme, patron ou salarié, riche ou pauvres ; pour un libéral, un homme est d'abord un individu avant d'être homme ou femme, patron ou salarié, riche ou pauvres. Cette notion d'individu abstrait est fondamental car elle fonde l'Etat de droit, c'est-à-dire l'Etat libéral : les lois sont faites pour protéger l'individu abstrait c'est-à-dire tous les hommes dans ce qu'ils ont d'universels. On ne peut pas faire ni des lois de circonstances pour tel ou tel individu concret, ni des lois discriminatoires pour protéger et différencier ainsi telle ou telle catégorie spécifique sans mettre en péril l'Etat de droit.

 Jean-Louis CACCOMO, le 8 février 2001


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