Le Grand Bond en Arrière

Daube : grand bond en arrière

Le torche-cul du mois s'appelle " Le grand bond en arrière ", comme une antithèse d'un grand bond en avant meurtrier auquel l'auteur, Serge Halimi, doit encore croire. Ce grand bond en arrière, sous-titré " Comment l'ordre libéral s'est imposé au monde " résulte d'un fantasme qui a largement cours à la rédaction du " Monde Diplomatique ". Entre moult diatribes enflammées contre ce vilain individu hédoniste et égoïste profitant du libéralisme pour améliorer sa situation matérielle, Halimi cherche laborieusement - en plus de 600 pages - à convaincre qu'un ordre libéral se serait emparé du monde depuis la prise du pouvoir de Pinochet en Chili. Un ordre né d'un complot, à la manière d'un nouveau protocole des Sages de Sion, et mené depuis l'après-guerre par la conjuration occulte de la société du Mont Pèlerin. Face à cette conjuration et à la faillite du keynésianisme, la gauche mondiale se serait soumise aux poids des réalités en cessant de prôner la planification à tout crin et l'extension à l'infini du domaine public. À en suivre Halimi dans ses délires, tonton la francisque aussi se serait vendu au " complot néo-libéral " pour liquider un projet de société de rupture avec le capitalisme. Sans craindre un instant le ridicule, il pousse jusqu'à affirmer que les media propageraient le culte de la liberté individuelle et consumériste. Rassure-toi Serge le résistant, tous les profiteurs petits et grands de l'hyper-réglementation et d'un État mondial fliqueur et taxeur sont restés dans ton camp, ils te remercient d'apporter de l'eau à leur moulin pour construire le " meilleur des mondes ".


Malaise dans la mondialisation

Malaise dans la mondialisation est un de ses innombrables bouquins que la gauche consacre au phénomène.

A priori j'aurais dit "à la litière", mais le problème est que cette fois la réflexion est intelligemment menée et porte un projet que les libéraux que nous sommes ne peuvent que juger liberticide.
Zaki Laïdi constate d'abord l'aspect pluridimensionnel de la mondialisation et critique en partie le rejet radical du marché auquel s'adonne les ultras de l'antimondialisation. Oui, mais c'est pour reprendre l'antienne d'une "idéologie du marché" détruisant le lien social et dont il convient de se tenir à l'écart.
Il propose donc l'extension du politique au niveau régional avec des organismes élus permettant de répondre à une demande sociale. Il croit donc en de nouveaux blocs politiques de type européen fondés sur des identités culturelles bien marquées. Enfin il s'avoue mondialiste, critique des avantages acquis, bien sûr favorable à une économie de marché, … mais restreinte au nom d'une cohésion sociale qu'elle menacerait …

On croirait du Bayrou, en plus audible, donc moins ridicule et plus redoutable.


Bonjour Paresse

Après une apparition de Corinne Maier sur la Matinale d'Anal +, le côté gourde de cette fée Carabosse sympathique m'a séduit je dois l'avouer.
On se rappelle tous la bonne copine un peu à côté de ses pompes qui traînait toujours dans le sillage d'une bombe sexuelle comme le rémora autour de son requin.
Corinne Maier c'est ça, difficile de prendre au sérieux ses délires post-moderno sociopatolo gauchiste de son " Bonjour Paresse ", on y reconnaîtra tout de même la référence à Françoise Sagan sous forme d'une identification physique pas trop brillante.

Mais venons-en au bouquin, à lire je pense au second degré en passant au-dessus des calembours et des blagues carambard à deux sous. L'œuvre n'est pourtant pas complètement nulle. Ainsi, au début, sachant que la sociologue (non, il n'y a pas de sots métiers, quoique …) travaillait chez EDF, j'ai pensé que sa description de l'entreprise se focalisait sur le monopole de sévice public. J'y trouvais alors des choses très vraies, pour avoir moi-même travaillé un temps à la Chambre de Commerce et d'Industrie de Paris sans avoir encore compris à quoi pouvait bien servir cet " organisme consulaire " sinon à donner une occupation à quelques salariés dont l'utilité sociale est inversement proportionnelle au pedigree académique.

Je comprenais alors qu'à EDF comme là-bas la finalité de tous soit de travailler le moins possible en se donnant l'air de crouler sous le boulot. Des passages confirmaient bien mon impression : " vous êtes entourés d'incompétents et de pleutres qui ne s'apercevront guère de votre manque d'ardeur ", quant à ceux qui battent le record du brassage d'air : " leur hiérarchie est prête à tout pour s'en débarrasser, même à les faire monter en grade ". Mais là où cela se gatte c'est quand je me rends compte que notre sociologue à deux pattes prend le cas des sévices publics pour une généralité de l'entreprise. O grossière erreur qui la conduit à d'énormes contradictions, car là où l'on produit des richesses on ne se regarde pas le nombril en s'interrogeant sur le lien social et la convivialité de façade, on n'est pas chez les profs ici.

Les entreprises, les vraies, celles que l'on apprécie ont su se délester des technocrates et des brasseurs de vent. Corinne Maier s'en rend compte et le dénonce aussi, ce qui la conduit d'un côté à constater que les cadres sont des branleurs puis à pleurer des larmes de crocodile sur ceux dont on supprime le poste après que l'on se soit aperçu de l'enculage de mouche auquel il donne lien. Il est vrai que si notre sociologue ne singeait pas le discours anti-libéral ambiant dans les milieux où l'on s'entend penser, elle ne serait pas loin de diagnostiquer le caractère nuisible des sévices publics et du mal français. Mais bon, elle n'en est pas là et se contente de prôner le sabotage de l'effort pour l'appauvrissement général et sacrifie au laguillièrisme en prônant sa petite violence révolutionnaire : " pourquoi ne pas s'en prendre au PDG ? Des gens qui kidnappent leur patron et lui tranchent la tête, cela ne s'est jamais vu mais, avant 1789, qui aurait osé imaginer qu'un roi puisse être guillotiné ? L'histoire de France est belle et inspirée, ménageons lui un clin d'œil en organisant un remake de ses plus riches heures ! Coupons des têtes ! Sacrifier un président permettrait de refonder la pacte sur lequel repose l'entreprise (…) ". Allez un peu de lumière pour notre petite gourde, on achètera ses bouquins quand elle nous proposerons de pendre le dernier syndicaliste avec les tripes du dernier fonctionnaire.


Le bachelier

Jules Vallès, fondateur du journal " Le Cri du Peuple " et communard acharné a commis une trilogie autobiographique un temps appréciée dans les collèges et les lycées. On doit désormais en distribuer quelques morceaux choisis particulièrement picorés dans " Le Bachelier ", le deuxième opus.
L'étudiant d'aujourd'hui pourra d'ailleurs facilement s'identifier à Jacques Vingtras (Jules Vallès), le fort en thème ou qui se croit tel, monté de son Auvergne à Paris et qui dédicace son ouvrage " à ceux qui, nourris de grec et de latin, sont morts de faim ".

Ce Jacques Vingtras là c'est un peu notre Richard Durn, ce sont les étudiants bac + 5 sur des voies de garage qui ont appris avec de mauvais maîtres que la société devait leur dérouler le tapis rouge. Des petits boulots alimentaires jugés indignes d'eux vont nourrir leur frustration sociale pour en faire de véritables bombes.

Jacques Vingtras arrive donc à Paris pour chercher d'autres républicains, et espère vivre de l'argent que lui envoient ses parents.
Il aime l'émeute et cherche à l'organiser dans les universités sans pour autant être étudiant. Il est un peu antisémite quand il s'en prend au bourgeois, à l'intéressé, à l'avare, au juif. C'est aussi contre le bourgeois en lui qu'il s'insurge, contre cette sensiblerie qu'il veut tuer pour ressembler à ces Spartiates dignes de l'admiration de Robespierre. Mais la société bourgeoise semble se venger en le forçant à gagner de quoi vivre, il prend cela comme une mesquinerie et cherche des subterfuges : " il a été formé une caisse avec les sous que chacun pouvait avoir, et nous vivons là-dessus - jusqu'au grand moment où, si l'on a soif et faim, on réquisitionnera au nom de la République dans le quartier en feu. ". Et voilà notre Vingtras Vallès répétiteur chez des escrocs et finalement pion dans un collège, il enrage : " un soir de douleur et de colère, je suis homme à arrêter dans la rue un soldat ou un mouchard que je ferai saigner, pour pouvoir cracher mon mépris au nez de la société en pleine cour d'assises… Mais tu nous le paieras, société bête ! qui affame les instruits et les courageux quand ils ne valent pas être tes laquais ! Va ! Tu ne perdras rien pour attendre ! "

Vingtras est donc une petite ordure pathétique, un monstre frustré qui combat des fragments d'humanité en lui. Il prend pour idéologie ses pulsions anomiques ou suicidaires, Vingtras est notre contemporain.


99 francs

99 francs est une autobiographie fantasmée.
Octave, le personnage principal est le jeune cadre d'une grande agence de publicité. Une sorte de schizophrène qui crache sur ses clients des multinationales, qui vomit une publicité aliénante au service du capitalisme.
Octave c’est Frédéric Beigbeder qui a lu Bourdieu, et qui pense avoir une opinion, une intégrité à défendre. Pourtant Octave a des trous dans le cerveau à force de se sniffer des rails de coke sur le capot de sa voiture. Il nage en pleines contradictions : dans un passage il se vante de pouvoir vendre n’importe quelle merde à n’importe qui, 50 pages plus loin il pleure sur la dictature des enquêtes de consommation qui le briment dans sa volonté d’écouler ce qu’il veut comme il veut.

Frédéric Beigbeder pleurnichera aussi sur la démocratie, il pensait pouvoir nous fourguer le parti communiste de Robert Hue, mais il réalise bien que la merde se vend mal. Tout le reste du bouquin lui donne l’occasion d’éructer une philosophie de café du commerce : la croissance c’est pas bien, le développement c’est moche. On sent qu’il a dû se fader du Naomi Klein et jouer du copier-coller. Les fonds de pension ça créé du chômage et le sadisme c’est cool, du coup Octave et sa petite bande de naze(i)s bourrés de fric vont massacrer une retraitée en Floride entre deux partouzes bien dégueulasse dans des vapeurs d’alcool et de coke.

Octave va se retrouver en tôle mais tout va bien se terminer pour lui car il revient dans un autre roman à la recherche de jeunes beautés pour une agence photo. Il continuera à se faire sucer allégrement avant d’enculer deux Éthiopiennes et une Russe. Finalement, dans ce roman de latrine on se demande si ce n’est pas ce genre de détail qui sauve tout le reste.
Voila, maintenant que vous connaissez