Ce que veulent
vraiment les pays du sud
Il
est de bon ton en France de dire du mal de la réunion de Davos, et de dire du
bien, au contraire, de la réunion de Porto Alegre, au Brésil.
Il est de bon
ton en France de dire du mal de la mondialisation.
Il est de bon ton en France
de parler des pays du sud comme s’ils revendiquaient la même chose que les syndicats
et les bureaucrates français.
Des gens très à la mode à Paris comme M. Bové
ou M. Chevènement sont allés parader à la réunion dite "anti-mondialisation"
de Porto Alegre.
Était également présent l’inévitable M. Bernard Cassen président
du Mouvement Attac, et administrateur du Monde Diplomatique.
Bien que la réunion
de Porto Alegre se tienne dans les locaux de l’université catholique c’est un
vrai discours de haine qui a été entendu. Ce discours de haine a été explicitement
développé par la représentante du prétendu mouvement argentin des fameuses Mères
de la place de Mai : "Vous êtes des hypocrites, vous êtes des monstres, vous
dévorez tout… Vos politiques tuent. Vous êtes la mort, nous vous haïssons",
a-t-elle lancé à M. Soros déchaînant, si nous en croyons la dépêche AFP du 29
janvier à 8 h 37 (heure de Paris) les applaudissements du public de Porto Alegre.
Les
gens de Porto Alegre se sont un peu plus déshonorés encore, dès lorsque l’on sait
qu’ils ont applaudi à tout rompre le camarade Ricardo Alarcon, président du soi-disant
parlement de la dictature cubaine, salué par une impressionnante ovation à l’issue
de son discours contre les États-Unis et "la dictature globale".
"Notre cri est très clair et ferme. La mondialisation de l’économie sera
remplacée par un affrontement global entre, d’un côté les peuples et de l’autre
ceux qui dirigent ce monde, c’est-à-dire vous", a aussi déclaré Rafael Alegria,
de l’organisation pro castriste basée au Honduras Via Campesina. On rappellera
que Via Campesina est l’organisation "paysanne" qui avait financé le
déplacement de José Bové à Seattle en 1999.
Cependant il ne suffit pas à une poignée d’agitateurs de se dire les peuples pour
être effectivement les peuples. Il ne suffit pas non plus de cracher sa haine
à l’endroit du très suspect George Soros, (effectivement très riche,… et très
hostile à ce qu’il appelle, lui aussi, "l’ultra libéralisme"), pour
représenter les pauvres.
Les
vrais représentants du Tiers-monde, (il est plus à la mode dire aujourd’hui "le
sud") formulent aujourd’hui 3 grands reproches aux dirigeants des pays industrialisés
du "nord".
1° Ils avaient la parole à Davos où "les pays du Sud ont une fois de plus
dénoncé le protectionnisme du Nord et les effets pervers de la mondialisation"
(Le Monde 29 janvier). Par exemple, M. Marcus Vinitius Pratini de Moraes, ministre
brésilien de l’agriculture, a dénoncé les subventions agricoles des pays riches
qui "atteignent 1 milliard de dollars par jour". Le commerce agricole
mondial en est complètement faussé. De nombreux pays en développement, dont l’exportation
de produits agricoles ou textiles représente une ressource essentielle, se trouvent
privés de débouchés. "Nous avons accumulé des milliards de dollars de déficits
commerciaux", déplore-t-il. "Les aides à l’agriculture doivent être
abolies", a directement lancé le ministre des finances sud-africain, M. Trevor
Manuel. Or, le protectionnisme agricole est une grande idée "française".
2° Le passage du libre échange dans le cadre du GATT au commerce administré dans
le cadre de l’OMC a été défavorable au sud : "Les avantages théoriques de
la mondialisation sont évidents, a dit M. Yashwant Sinha, ministre indien des
finances. Mais le processus est largement contrôlé par le Nord et très inéquitable."
M. Sinha remarque que son gouvernement a abaissé ses tarifs douaniers conformément
aux préceptes de la libéralisation mais que le Nord a conservé ses protections
dans de nombreux domaines comme le textile et l’agriculture.
Plus largement
l’iniquité Nord Sud provient, selon lui, de ce que toutes les grandes institutions
internationales chargées d’établir les règles de la mondialisation sont aux mains
des pays développés. Or le passage du GATT à l’OMC a été la grande idée "française"
incluse dans les accords de Marrakech…
3° Quant à la fuite des cerveaux, nous serons certes d’accord avec M. Sinha pour
déplorer l’exode des ingénieurs informaticiens de son pays formés aux frais du
budget indien au profit de Microsoft ou d’Intel. Selon lui, 30 % des programmeurs
du géant des logiciels viennent de son pays. Ce phénomène est aussi observable
avec les ingénieurs et informaticiens français, très nombreux aux États Unis.
Nous avons la faiblesse de penser que la fiscalité et les idées françaises sont,
là aussi, grandement responsables de ce drame.
Au total la vraie cause des peuples, le véritable intérêt des pays du sud, ce
n’est certainement pas le discours de haine et de révolte. C’est au contraire
le libre échange, et non le commerce administré cache-nez du protectionnisme.
C’est la libre entreprise ouverte aux initiatives les plus modestes. C’est une
moindre fiscalité et une moindre redistribution. Les idées qui sortiront le sud
de sa pauvreté ne sont pas les idées actuellement à la mode à Paris. Ce ne sont
pas les mots d’ordre de MM. Bové, Cassen ou Chevènement. Ce sont, au contraire,
les idées de liberté. Il faut avoir le courage de le dire.
Jean-Gilles MALLIARAKIS, le 30 janvier 2001
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A
propos de Bové savez vous que son cousin mexicain, le gentil sous-commandant Marcos
a été entraîné à Cuba dans les années 80 par notre ami Daniel Alarcon Ramirez,
dit Benigno, ancien chef de la sécurité de Castro, ancien compagnon de Guevara
en Bolivie et actuellement réfugié politique en France?
Évidemment, Ignacio
Ramonet et Danielle Mitterrand en sont fous.
Le clan des "pipe-auteurs"
a bien des points communs...
Laurent
MULLER