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Les téléphériques parisiens
Les leçons de Microsoft

Un faire-part pour une heureuse naissance

Apprenons leur le savon

Comment disserter sur la politique industrielle ?



Les téléphériques parisiens

On ne glosera jamais assez dans les médias sur le manque de vision stratégiques des entreprises, alors que l'État, ou plutôt ses serviteurs ont le mérite eux, de ne pas s'arrêter à une rentabilité à court terme.

En réalité, les hommes de l'État n'y voient pas plus loin que le bout de leur mandat, et laissent toujours quelques bombes à retardement aux bons soins de leurs successeurs. On nage là dans le royaume des apparence, l'action compte moins que la perception de l'action par les électeurs. Notre rôle à nous est de rendre à l'apparence les aspects de la réalité. Cette réalité si contraire aux apparences rendues par la "classe parlante", cette réalité qui veut qu'à long terme la gestion de l'État est un désastre. Notons tout de même que les termes se raccourcissent de plus en plus et que le désastre est imminent.

Tous ces hommes de l'État n'y voient guère loin, c'est une réalité (sauf projet pharaonique, fruit d'un égo démesuré).

Tous, non, car il existe un coin en Europe où les hommes de l'État ont gardé une volonté de gérer le très long terme, alors que les nôtres se sont résolus à une dérégulation dudit long terme ;-)). Ces bons socialistes, sont les conseillers municipaux de la ville de Craiova en Roumanie. Bien que dépourvus de tout cours d'eau, ils ont décidé d'instaurer un nouvel impôt sur les bateaux.

Quelle vision admirable de l'avenir lointain, en prévision des séismes et de la dérive des continents, ils ont envisagé que dans quelques millénaires Craiova pourrait devenir une ville côtière. A quand la taxation des téléphériques à Paris ?

Xavier PREGENTIL, le 2 novembre 1999

 

Les leçons de Microsoft

Je vois que l'affaire Microsoft ne laisse personne indifférent et c'est bien normal !
Mais dans l'agression caractérisée dont est victime Microsoft il importe de se situer dans le bon camp. Non pas tant pour défendre Microsoft (et pourtant dans le cas actuel c'est nécessaire) mais parce que l'État fédéral se permet une ingérence qui, si elle n'est pas combattue, peut nous mener dans le "meilleur des mondes" . Il est évident que l'utilisant de la loi anti-monopole US est une arme politique qui agresse le droit de propriété et plonge dans l'incertitude toute application mise en place par des entrepreneurs révolutionnaires.

Si Microsoft et cela a été le cas, abuse de sa position envers ses clients, il reste possible par la grâce de la concurrence (réelle et potentielle) au client de se tourner vers d'autres systèmes d'exploitation, ce que malheureusement nous ne pouvons faire concernant EDF

Si Bill Gates a fait le choix (plutôt que d'investir dans des développements profitables pour l'utilisateur final) de se lancer dans une politique de croissance externe et d'annexion c'est là son problème et le client peut condamner cette stratégie simplement en n'achetant plus des produits Microsoft. Utiliser les pouvoirs de violence et de coercition de l'État comme l'ont fait Microsoft et ses concurrents (Sun et autres) pour sanctionner des comportements et pratiques ne relevant que de la stratégie de chacun est indigne et hautement condamnable. Cela me rappelle cet entrepreneur du bâtiment qui éliminait tous ses concurrents du secteur authentiquement libre (selon la typologie établit par Frederick Mann : ceux qui se font pas percepteur en collectant TVA et charges sociales) en passant un coup de fil à l'URSAAF !!!

Microsoft n'est pas comparable pour autant à un État impérialiste et colonial, la nature de l'État est de vivre à nos crochets sans aucune contrepartie, à nous rançonner, briser toute résistance et éventuellement nous assassiner. Supprimer l'État est une mesure louable et souhaitable en irait il autant de Microsoft?

Maintenant pour répondre à cette déclaration pertinente :
Les entrepreneurs de tous les pays sont effectivement la cible de trop d'attaques inadmissibles. Cela ne justifie en rien la défense de ceux qui  utilisent les règles du marché et de la liberté d'entreprendre pour s’arroger les "privilèges" que nous refusons aux bureaucrates et finissent par avoir les mêmes stigmates qu'eux : paralysie de la créativité, autoritarisme, etc...

Je dirais qu’en l'occurrence ce ne sont les règles du marché qui sont utilisées mais celles de la politique. En effet aucune règle du marché ne permet l'obtention de privilèges, le marché ne garantit aucun avantage acquis des agents, il est mouvement et remise en cause perpétuelle selon la logique du chaos.

Xavier COLLET, le 8 décembre 2000



Un faire-part pour une heureuse naissance

Nous vous annonçons avec grand plaisir la naissance d'un nouveau bébé ; il répond au nom d'AFIL, ce qui signifie : Agence française pour les investisseurs internationaux. C'est le résultat d'un heureux mariage entre le ministère de l'économie et celui de l'aménagement du territoire. Les millions de contribuables qui vont être ruinés par le nouveau bébé se penchent avec attendrissement sur le berceau. Au départ certes l'appétit du petit bébé est fort modeste ; sa voracité ne fera qu'augmenter jusqu'à la gloutonnerie quand l'heure sera venue de l'hôtel particulier et de la salle à  manger de direction. Ensuite inévitablement, il y aura des succursales régionales, départementales et, pourquoi pas, municipales. Peut-être aura-t-il la joie de connaître des compagnons de jeux à l'étranger ce qui conduirait à une fédération internationale des AFIL.  Décidément, les fées sont là .
L'argent enlevé par la force grâce à l'activité inlassable et bien connue de l'un des deux parents sera irrémédiablement détruit ; il en restera cependant une bonne partie pour aller joyeusement enrichir ces mêmes heureux parents et, comme dans les tribus exotiques, toute la parentèle, ceux que je dénomme les "Hifis". Les élus et fonctionnaires qui ont arrosé fort généreusement Moulinex en Normandie, Philips au Mans, International Paper à  Lyon, lesquelles n'en n'avaient nul besoin,  savent fort bien comment on détruit l'argent en voulant du sommet d'une incompétence inévitable faire le métier difficile entre tous de banquier d'affaires.

Le faire-part officiel publié dans la bonne presse indique que l'on va sous le nom du nouveau bébé regrouper les différentes "forces" qui s'occupent des investissements internationaux : c'est écrit textuellement ainsi. En fait on désigne de  la sorte les  administrations et autres  organismes qui s'occupent d'attirer les capitaux étrangers et qui sont si nombreux que c'est une vraie cacophonie. Dans l'usine à  gaz universelle, ces bureaucraties sont tellement nombreuses qu'elles dépensent l'essentiel de leur énergie à se battre entre elles pour défendre leur territoire. La situation est probablement très grave pour qu'on se préoccupe en haut lieu de les coordonner. Ainsi va la France dans le désordre général ! C'est l'application de la loi des calamités qui s'énonce ainsi : à «Toute action étatique, en dehors des tâches régaliennes qui sont elles-mêmes à l'abandon,  génère des calamités ; quand une calamité atteint un point de rupture, il faut en créer une autre pour soi-disant corriger la première».

Accessoirement et en passant, nous apprenons à  cette occasion qu'il y a déjà un Ambassadeur Délégué aux investissements internationaux ; nous avons souvent signalé la vogue de ces faux Ambassadeurs. Le statut particulier des vrais est tel que l'envie taraude bien d'autres fonctionnaires de les imiter. L'Unesco, entre autres, a créé une catégorie nouvelle : les "Ambassadeurs de bonne volonté", terme plutôt comique s'il n'était pas générateur d'un "effet de ruine" certain. Ces faux Ambassadeurs n'ont pas toutes les possibilités légales et juridiques des vrais Ambassadeurs qui représentent les nations, parmi lesquelles le droit de mettre sa voiture n'importe ou de faire la fête en permanence, ou encore celui qu'utilisent certains pays peu scrupuleux de faire des trafics divers grâceà la fameuse valise. Mais ils essaient de s'en rapprocher et en attrapent deci-delà  quelques-uns.

La naissance de la  nouvelle bureaucratie est une victoire du ministre de l'Aménagement du territoire dans la guerre intestine des administrations puisque il va arracher une parcelle de pouvoir à son collègue de l'économie ce qui est un exploit compte tenu des rapports de force historiques bien établis. C'est après tout une consolation, au moment où l'épouse du Délégué à  l'Aménagement du territoire fait l'objet d'un acharnement médiatique très médiocre à propos d'une loi à laquelle par malchance elle a attaché son nom.  Les régions françaises seront représentées au conseil d'Administration avec bien d'autres seigneuries ; jamais personne de sensé et d'efficace n'a pu travailler d'une façon utile avec 40 administrateurs autour de la table..

Le Délégué s'empresse d'affirmer d'ailleurs avec une rude franchise que le bébé ne fera rien d'utile même en grandissant car selon lui «: L'Agence en tant que telle ne résoudra pas les difficultés auxquelles nous sommes confrontés et qui relèvent du domaine législatif". Tout le monde est prévenu. Il a semble-t-il compris d'un seul coup que les obstacles étaient principalement fiscaux. Il ne parle pas cependant de l'enfer administratif qui s'ajoute à  l'enfer fiscal. Il ne peut évidemment l'évoquer, la nouvelle Agence devant inévitablement augmenter le feu de l'enfer administratif.

Au même moment et sans que ce soit sans doute calculé, cinquante six  grands patrons s'adressent par voie de presse au législateur pour attirer l'attention sur le déclin inévitable de ces investissements étrangers si on continue à s'enfoncer dans cet enfer administratif, notamment par la nouvelle loi en vue sur les licenciements. Ils ont bien du mérite de se prononcer ainsi car, au niveau des leurs affaires, l'essentiel de leurs profits se fait justement ailleurs qu'en France.

La seule façon d'obtenir davantage de  capitaux étrangers serait de leur donner confiance, c'est-à-dire que la France détruise sa fiscalité délirante avec les formalités tout autant délirantes. Mais il faudrait pour cela une vraie Libération. Le nouveau bébé ne verrait pas le jour et sans doute il n'y aurait  même plus de Ministre de l'Aménagement du territoire : « Horribilis » pour toute la classe politique toutes tendances confondues et tous les « Hifis » adjacents.

Là est le problème.


                                                                                                                                                                    Michel DE PONCINS, le 29 octobre 2001

 

Apprenez leur le savon

Parlant de la nomination de Mlle Parly, nouvelle secrétaire d'État au Budget, Éric Aechimann, ordinairement lucide, commençait ainsi son article dans Libération (4 janvier) : "C'est ce qu'on appelle une belle opération de communication."
On devrait, quand même, se méfier des opérations de communication. Elles font parfois réfléchir les braves gens. Et c'est fort dangereux…
La nomination de Mlle Parly au secrétariat d'État au Budget est ainsi présentée comme une promotion de la femme. Elles sont 11 sur 29, dit-on, dans le gouvernement. On voudrait bien savoir ce que cela change. Mettre une énarque à la place d'un énarque, ce n'est pas un promotion de la femme : c'est une conservation de l'Énarchie.
En fait, la nomination de Mlle Parly est celle d'une technocrate de 36 ans, conseillère de M. Jospin depuis 1997,c'est-à-dire depuis 2 ans, sortie de l'ENA en 1987 pour occuper successivement des fonctions entre Bercy, l'Intérieur et l'Équipement.
Elle est la fille de la directrice de cabinet de M. Claude Allègre. Un grand communiquant, lui aussi, pour sûr…À devenir dynastique, le sérail gouvernemental nous est donc présenté comme opérant la promotion de  la femme. Par rapport au sérail ottoman, cela est peut-être vrai. Dans la France actuelle, cela est un peu gros.
Mlle Parly était déjà, au cabinet de Jospin, chargée de conseiller le premier ministre. Elle va continuer, au sein de l'administration de Bercy, dont elle est issue, à se Repentances livrer à l'arithmétique trompeuse, imperturbablement appelée méthode Jospin.
Cette méthode de gouvernement n'est qu'une astuce de communication.


Ce personnage nous semble donc parfaitement emblématique de l'oligarchie régnante..

Or, la nomenclature d'État méprise tellement le peuple qu'elle ne se rend même pas compte quand elle l'insulte. Ainsi Mlle Parly affirmait sur France 2 en 1998 qu'elle "préférait le service de l'État à la vente des savonnettes", c'est-à-dire au travail productif quotidien de tous les Français ordinaires.

On veut bien croire à cette préférence.
Déjà la Cour de Versailles trouvait encore en 1788 que la soupe était bonne.
Mais quels qu'aient pu être les défauts de la cour de Versailles, même en 1788, nous nous en voudrions d'injurier à la mémoire des rois de France en omettant de rappeler ce que Louis XVI lui-même écrivait à propos du Commerce.

Le commerce est pour un peuple le plus sûr moyen de s'enrichir; une nation qui veut le faire fleurir doit être laborieuse, constante, sincère, sûre, fidèle et commode pour les étrangers.
Bien loin de gêner les marchands par des impôts, le prince doit leur laisser le profit direct du commerce puisqu'ils en ont toute la peine; il doit promettre des récompenses à ceux qui  pourraient procurer au royaume celui de quelque nouvelle nation, et surtout laisser sur ce sujet une entière liberté.
Lorsque le commerce est libre dans un État, tout ce qui y entre est utile, et tout ce qui en sort laisse en sortant d'autres richesses à sa place.

Cette citation nous change fort du mépris flagrant, et d'ailleurs affiché, pour le commerce venant des représentants de notre classe dirigeante actuelle, si républicaine qu'elle se prétende… (cf. notre Courrier du 4 janvier).
Et dire que c'est ce roi, ami des commerçants et des artisans, que les Français, — ou plus précisément: les hommes de l'État, — ont guillotiné !

Jean Gilles MALLIARAKIS in "La lettre quotidienne des Libertés", le 5 janvier 2000

 

 

Le libre fonctionnement du marché condamne aujourd'hui en France certains secteurs d'activités générant faillites et chômage, cette évolution est-elle souhaitable ou l'Etat doit il intervenir ?

 

 

Certains secteurs sont particulièrement touchés par la fermeture d'unités de production en France, ainsi la sidérurgie licencie que ce soit chez Metaleurop ou Péchiney, le textile délocalise, l'armement va mal chez Giat Industries et la dernière mine de France ferme à Creuzwald.

La loi de l'offre et de la demande a condamné ces usines dont les coûts s'avéraient plus importants que ceux d'une concurrence désormais mondialisée, les prix qui auraient dû être augmentés pour permettre le maintien de ces unités se révèlent déjà trop élevés au goût des acheteurs. Ces fermetures sont-elles logiques, une plus large intervention de l'Etat n'aurait-elle pas pu sauvegarder ces activités sur le territoire français, était-ce souhaitable ?

Nous répondrons en examinant dans une première partie l'influence du libre fonctionnement du marché sur ces secteurs, puis  en rendant compte des actions possibles de l'Etat pour maintenir l'activité, nous verrons dans une troisième partie les conséquences de l'intervention publique.

 

 

Que les conditions de la concurrence pure et parfaite soient ou non remplies, il suffit qu'aucun marché ne soit incontestable pour que l'aiguillon de la concurrence produise ses effets. Les demandeurs sur le marché sont des maîtres exigeants, ils décident par leurs actes d'achat de qui se développera et de qui périclitera ou disparaîtra. Il reste aux offreurs à s'adapter ou encore à faire des paris sur les goûts à venir des consommateurs en innovant et en prenant ainsi une longueur d'avance sur leurs concurrents. D'ailleurs ils n'ont pas le choix, garantir toujours un prix et qualité qui leur attire une clientèle est la condition de leur survie, ils aimeraient bien se débarrasser de la concurrence, ils s'accordent d'ailleurs quelquefois avec elle pour maintenir leurs marges, quand bien même ils ne peuvent empêcher un concurrent potentiel de s'introduire sur leur marché et de remettre en cause leur position en offrant mieux. La main invisible fait donc son ouvrage, concurrence parfaite ou non, et celle-ci contribue bien à satisfaire l'ensemble de la société par la satisfaction des intérêts particuliers de chacun.

 

Non contente de seulement déterminer un prix d'équilibre pour chaque chose, la loi du marché oriente les offreurs vers les biens et services les plus demandés, elle les dissuade de gaspiller des ressources pour produire ce qui l'est déjà en excédent.

La surproduction n'est donc pas possible puisque les biens ou services dont l'offre excède la demande connaîtront une baisse de prix qui découragera les producteurs, ceux qui persisteraient alors à ne pas changer de production devraient survivre en proposant des prix plus faibles (offre supérieure à demande donc baisse des prix). Or, ceci n'est possible qu'à la condition de pouvoir baisser la rémunération des facteurs de production, les salaires devront donc être revus à la baisse ainsi que la rémunération des capitaux. Il est fort probable qu'alors les associés ou actionnaires chercheront à placer leurs capitaux ailleurs pour s'assurer un taux de profit supérieur, que les salariés rechercheront de nouveaux emplois à moins qu'ils n'acceptent une baisse de leur salaire... Enfin si cela demeure possible, car le salaire est rigide à la baisse et les charges sociales importantes ne permettent pas aux entreprises de diminuer significativement le coût de la masse salariale comme cela serait possible dans une économie libre de marché, en réalité ce sera le chômage pour les salariés des secteurs en perte de vitesse.

Par contre d'autres secteurs recrutent, notamment dans le domaine des nouvelles technologies et plus largement dans les services, cela signifie que la demande de travail y est forte, mais aussi celle de capitaux. Travail et capitaux dans la mesure de leur mobilité s'orienteront donc vers les secteurs où la demande est la plus forte par rapport à l'offre, la demande ne déterminant pas seulement les prix d'équilibres mais aussi les productions à développer selon les besoins exprimés.

Le marché permet donc de placer les facteurs de production là où ils sont le plus utiles pour satisfaire les besoins de la population.

 

Le textile n'est pourtant pas en perte de vitesse partout puisqu'il délocalise. Pourquoi ne le serait-il que dans les pays développés ? C'est que la demande recherche le prix le plus faible, pourquoi acheter un pull français si le même fabriqué en Pologne coûte moitié moins cher ?

La concurrence ne touche donc pas seulement les producteurs de biens et de services, elle s'exerce sur tous les marchés y compris sur ceux des capitaux et du travail. Mondialisation oblige, ces marchés sont désormais mondiaux, les investisseurs placeront leurs capitaux là où les perspectives de profit sont les plus importants et là où le prix du travail, c'est-à-dire le salaire est le plus faible à rapport qualité-prix semblable.

A cet égard la France est très chère en matière de travail non qualifié, les secteurs en perte de vitesse mais aussi ceux faisant appel à une main d'œuvre non qualifiée sont donc condamnés dans ce pays au profit notamment des secteurs nécessitant une main d'œuvre qualifiée, laquelle demeure relativement peu chère et très productive.

 

 

Le fonctionnement du marché peut évidemment être modifié par l'intervention de l'Etat. La volonté de maintenir l'emploi dans des secteurs sinistrés fonde la politique industrielle française.

La préoccupation est ici sociale et nationale, concernant Giat Industries par exemple, le ministère de l'industrie et celui de la défense considèrent que la France doit conserver son pôle d'armement sur le territoire français.

 

L'intervention pourra se faire de plusieurs façons différentes.

Ainsi la baisse des prix se faisant sous la pression de la concurrence, il suffira d'écarter cette concurrence notamment étrangère par des mesures protectionnistes au moyen de certifications européennes exigées, de taxes à l'importation ou de quotas, même si le protectionnisme a beaucoup reculé dans le cadre de l'OMC. Le résultat ce protectionnisme est de bloquer l'importation de produits concurrents ou de maintenir leur prix à des niveaux supérieurs à ceux des produits français, en conséquence l'activité des secteurs non compétitifs pourra se maintenir et le pouvoir d'achat des consommateurs français sera amputé.

Il sera possible aussi de permettre à des entreprises françaises de maintenir ou de développer leurs exportations non compétitives par le moyen de subventions à l'exportation, l'Etat compensera donc la différence entre le prix de vente à l'exportation et le prix souhaité par l'exportateur, ainsi une paire de sabot rendue compétitive au prix de 10 € mais dont les coûts de production sont de 12 € pourra bénéficier d'une subvention à l'exportation d'au moins 2 € la paire.

 

A l'exportation ou intérieure la subvention est le moyen le plus direct de maintenir l'emploi. La concurrence impose un prix plus faible que celui qu'il est possible de pratiquer ? L'Etat interviendra alors pour prendre à son compte la baisse des prix, pour amoindrir les coûts de production ou, plus radical encore, pour nationaliser et compenser directement les pertes par le budget de l'Etat.

 

En ce qui concerne la compensation de la baisse des prix, le principe est le même que pour les subventions, le prix du produit redeviendra compétitif mais payé en partie par les contribuables comme dans tous les cas de subventions dans lesquels le transfert de la charge de paiement se fait de l'acheteur au citoyen. Le financement des aides au coût de production se fait de manière semblable : l'aide à l'investissement dans les secteurs sinistrés se réalise par des franchises d'impôt et de taxes diverses, l'aide à la création et au maintien de l'emploi par des allègements de charges sociales compensées par l'Etat auprès des organismes de la Sécurité sociale.

 

Enfin si tout cela ne suffit pas à développer les investissements et à maintenir l'emploi sinistré, la nationalisation sera envisagée, la production sera alors assurée de la recherche du profit et quelques soient les pertes réalisées.

 

 

Des salaires faibles, une concurrence déloyale contre laquelle l'Etat souhaite protéger les salariés français et étrangers.

L'argument est social et moral, cependant le protectionnisme se fait à l'encontre des intérêts des salariés étrangers, lesquels n'acceptent ces faibles salaires que parce qu'ils demeurent tout de même plus élevés que tout ceux auxquels ils peuvent prétendre dans leur pays (eux aussi sont attirés par les rémunérations les plus importantes), de plus la dynamique du marché pousse les salaires du Tiers-Monde à la hausse avec l'augmentation de la délocalisation (demande de plus en plus importante de travail de la part des entreprises multinationales implique hausse des salaires). Les capitaux étrangers sortant de France pour s'investir sur place participent aussi au développement économique local.

 

Maintenir les investissements et l'emploi dans des secteurs peu compétitifs, ce dessein n'est pas impossible et effectivement un volontarisme politique permet de peser sur les orientations qu'indique le marché.

Le prix en tant que vecteur d'information sur le marché ne sera plus un prix de marché libre, il en résulte nécessairement une modification de la structure de la production et de l'allocation des ressources. La Politique Agricole Commune européenne avant la réforme de 1992 passait par une subvention des prix agricoles à la production, les prix ont été maintenus artificiellement au-dessus des prix d'équilibre au moyen d'achats publics. Achats indispensables à la stabilité des cours car l'offre sur le marché était supérieure à la demande donc poussait à la baisse des prix agricoles.

L'offre de produits agricoles ne s'est donc pas tarie, au contraire les agriculteurs ont augmenté leurs rendements et créé une formidable surproduction dont une partie passée en achats publics a été détruite face aux limites des infrastructures de stockage. La rémunération des investisseurs et des salariés agricoles n'a pas encouragé la reconversion vers d'autres secteurs non subventionnés pour lesquels les besoins en capitaux et en main d'œuvre non satisfaits maintiennent une pénurie donc des prix élevés.

 

La Politique Agricole Commune a dû être révisée afin de mettre fin à la surproduction et être remplacée par un revenu garanti pour les agriculteurs plaçant une partie de leurs terres en jachères, la production a donc pu baisser pour mieux s'adapter à la demande, les revenus de cette activité sont cependant restés stables, y gelant des facteurs de production. Gel permettant la maintien d'une rémunération non en rapport avec l'utilité sociale dans la mesure où le marché libre supposerait que le salaire ou le profit augmentent en adéquation avec la hausse de cette utilité, c'est-à-dire la capacité à répondre à une demande en augmentation.

 

 

 

L'intervention de l'Etat sur le marché peut a priori se justifier socialement dans le cas où sa carence aboutirait à des faillites et des licenciements dans les secteurs d'activités en perte de compétitivité.

Cependant toute intervention dans un mécanisme que personne ne régit véritablement mais qui résulte d'une myriade de décisions individuelles sur les marchés des biens et services, du travail, des capitaux, possède de profonds effets pervers qui viennent gripper cette fragile mécanique.

Dans un marché libre, l'intérêt général résulterait de la recherche par chacun de son intérêt particulier, mais ici la capacité d'intervention de l'Etat sur le marché favorise l'intérêt particulier de l'offreur non compétitif contre l'intérêt des consommateurs, des contribuables, des autres secteurs d'activités privés des facteurs de productions bloqués dans le secteur aidé  et désavantage même les salariés maintenus dans leur emploi, lesquels devront tôt ou tard acquérir une formation pour se reconvertir, quant aux salariés se formant pour entrer dans des métiers condamnés à terme, ils seront peut être les exclus de demain.

 

Xavier COLLET, le 8 mai 2004

 


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