un article du wikilibéral

Science économique et philosophie politique


 

La science économique en tant que  telle est purement descriptive et ne peut pas en tant que telle fournir de  normes, mais :

pour exister en tant que science elle doit présupposer comme normes  la recherche de la vérité et supposer la rationalité d'autrui ;
pour exister en tant que science économique, elle doit reconnaitre  sa raison d'être qui est de distinguer les actes créateurs des actes de  destruction ;
il s'agit bien de n'importe quelle création et non pas seulement de production matérielle ou marchande, les malentendus à ce  sujet n'étant que de mauvaises raisons pour disqualifier la science économique là où elle pourrait être nécessaire ;
il se trouve que tout acte juste est créateur, alors que tout acte  injuste est destructeur : les solutions pratiques de la science économique  sont les mêmes que celles de la philosophie  politique.


Tout acte juste est  créateur, tout acte injuste est pure destruction

En effet : 

Toute réorganisation volontaire de son patrimoine par un  propriétaire légitime lui donne davantage de valeur, ne serait-ce qu'à ses  yeux ; de même, dans tout échange volontaire, où par définition personne  ne vole personne, chacun donne plus de valeur à ce qu'il reçoit qu'à ce  qu'il donne en échange : ces deux types d'actes sont donc par définition  productifs, créateurs de valeur.

En revanche, toute injustice, toute violation de la propriété naturelle, détruit le lien entre le porteur d'un projet et ses  possessions, qui donnait leur valeur à ces dernières ; en outre toute  remise en cause de la propriété, sur quelque richesse que ce soit, met en  branle un processus de rivalité pour le butin où les efforts faits pour  s'emparer de l'enjeu consomment de la richesse à la hauteur de celle qui a  été ou sera volée  - c'est la Loi de la destruction totale, aussi  appelée Loi de Bitur-Camember. "Mettre en cause la propriété c'est la  détruire" est donc une proposition vraie dans tous les sens du terme, le  sens économique comme le sens juridique.

 

Pourquoi tant de libéraux sont économistes

Cette  correspondance rigoureuse entre acte juste et acte productif, entre injustice et destruction, explique que tout économiste compétent qui n'est  pas libéral est un cynique, ou alors déteste ses semblables. Elle peut aussi expliquer pourquoi la plupart des libéraux sont économistes : il est vrai  que tout grand philosophe qui a su réfléchir aux notions de création, de  violence, de destruction, de consentement, de responsabilité, est capable de  retrouver la propriété naturelle comme critère ultime de justice ; cependant, tout philosophe n'est pas assez grand pour cela, et c'est au  moins le cas de tous ceux qui sont tombés dans les pièges de la sophistique  étatiste, parce qu'elle leur présentait une causalité sociale fausse qu'ils  n'avaient pas appris, comme ils l'auraient dû», à démasquer comme telle - un  exemple en est la "Doctrine sociale de l'Eglise" qui, en tant que conception  de la causalité sociale, continue à postuler des relations qui n'existent  pas et à en méconnaître d'autres qui, elles, existent.

De sorte que, dans la  pratique, la plupart des gens deviennent libéraux en apprenant la science économique. Parce que celle-ci donne d'abord l'occasion de se rendre compte que  certaines politiques ou institutions de l'étatisme n'ont pas l'effet que  leur prêtent leurs partisans, mais le plus souvent un effet inverse : par  exemple elle volent les pauvres au profit des riches alors qu'on prétend  et qu'on croit le contraire. Ensuite, parce qu'elle permet de démontrer qu'aucune de ces  politiques et institutions ne peut avoir l'effet que leur prêtent, ou font  semblant de leur prêter, ceux qui les approuvent - notamment parce que  l'argent public finit toujours dans des poches privées, et que la  redistribution politique est toujours faite par les puissants, aux dépens  des faibles. Enfin, ayant commencé à lire les auteurs qui affirmaient cela depuis  des lustres, on finit par trouver les raisonnements qui rappellent que si  ces politiques, si ces institutions étatistes ne peuvent pas faire ce que  tout le monde croit "bien" et ne font que le "mal", c'est parce qu'elles  sont injustes, criminelles. "Rappellent", parce qu'on aurait dû le savoir  depuis toujours : si elles le sont, injustes et criminelles, c'est parce  quen volant les faibles au profit des puissants, elles violent la justice  naturelle telle que chacun la connaît et la reconnaît comme telle dans sa  vie normale, c'est-à-dire quand il ne se rêve pas en homme de  l'Etat.

Ces deux faits : que toute injustice est pure destruction, sans aucun profit réel pour personne, et que la plupart des  gens qui s'opposent à l'injustice sont ceux qui ont compris cela, est ce qui  explique la persistance, en dépit de son manque de rigueur logique, de la  notion de Libéralisme économique - manque de rigueur parce que ce dernier  n'est pas distinct de la philosophie politique libérale, et aussi parce que  celle-ci peut logiquement se passer de lui même si, en pratique, on voit  bien que seuls les grands philosophes y parviennent.
C'est aussi ce  qui explique qu'un bon économiste peut être meilleur philosophe politique qu'un philosophe moyen. L'objet de leur étude - les conséquences de la  pensée et de l'action et leurs solutions pratiques -  étant les mêmes, il s'ensuit qu'on peut se servir de l'une pour remplacer ou pour vérifier l'autre, identifier à chaque étape les erreurs de raisonnement de l'une à l'aide d'un raisonnement correct formulé dans l'autre.
C'est enfin ce  qui explique qu'on prête à la science économique une capacité à justifier le libéralisme qui n'existe en fait que si on associe à ses conclusions, lesquelles sont purement descriptives, des énoncés normatifs qui ne lui sont pas propres - même si, comme toute science, elle doit les présupposer.

Le Libéralisme économique n'existe donc pas en tant que doctrine distincte, mais traduit seulement deux convictions des économistes à condition qu'ils soient compétents : 
un énoncé normatif emprunté à la philosophie : il est bon de créer et mauvais de détruire ;
un énoncé descriptif issu de la science économique proprement dite, en ce qu'elle se rapporte à sa raison d'être : la violence est pure destruction, de sorte que la violence ne peut servir la création que dans  la mesure où elle s'oppose à une autre violence qui est, elle, destructrice.

 

Dénaturer les concepts  politiques normatifs est l'arme numéro 1 du socialisme  pseudo-démocratique

L'apport premier de la science économique  consistera à dissiper les fausses définitions et les faux concepts qui  surabondent à ce sujet dans la sophistique étatiste, et qui constituent  l'arme principale du socialisme pour violer la justice naturelle en  dénaturant le Droit.

En particulier, le métier de l'économiste est d'apprendre à distinguer les actes créateurs des actes destructeurs, et celui qui n'a pas appris à le faire  est un charlatan : ainsi, il n'y a jamais de "destruction créatrice"  (Schumpeter) mais une création qui rend ses substituts moins nécessaires. Rendre moins rare une classe d'objets, cela peut abaisser la valeur de  chacun, mais cela les laisse intacts, et les met pas moins mais davantage au service des projets de qui que ce soit : c'est la raison même de la création, l'inverse de la destruction.
Le métier de l'économiste implique aussi d'avoir appris à distinguer  la violence de la non-violence, et la violence destructrice de la violence contre-destructrice - défensive ou réparatrice. La violence agressive est destructrice, la non-violence et la violence défensive et réparatrice  servent la création - c'est une autre manière de dire que les actes justes  sont créateurs, alors que les actes injustes sont pure  destruction.

Le "libéralisme économique" rejoint évidemment à ce titre le corps central de la philosophie politique libérale dans sa définition d'un acte violent comme privant un autre de ce qu'il  possédait, c'est-à-dire de ce dont il pouvait compter disposer pour servir  ses projets.

Une arme essentielle de la sophistique étatiste consiste à dénaturer cette définition, pour rationaliser la violence agressive des  hommes de l'Etat. Cette action publique doit passer pour "non-violente", on se servira donc du mythe d'un prétendu contrat social qui serait distinct des contrats réellement conclus qui constituent la société civile, et la religion  pseudo-démocratique et socialiste dont le mythe central est celui de la  prétendue représentation, au nom de laquelle les puissants parlent et agissent comme si le droit de voter des citoyens impliquait qu'ils ont  consenti à ce que les élus décident de tout à leur place, sous prétexte  qu'ils seraient leurs "représentants".
La vérité, insupportable aux adeptes de la religion  pseudo-démocratique et socialiste parce qu'elle expose le ridicule de ses  prétentions criminelles, est que le pouvoir que donne le bulletin de vote  est infinitésimal, alors que le vote quotidien, incessant sur le marché,  l'exercice permanent de sa souveraineté par le citoyen en tant que  consommateur est à 100 % efficace, parce que l'acheteur y obtient  exactement ce qu'il veut dans la mesure du possible, d'abord pour lui-même  parce qu'il repart avec ce qu'il a réellement choisi, et pour la société  parce qu'il y influence les procédures de décision dans la mesure exacte  de l'enjeu qu'ils représentent pour lui.

La vraie démocratie, c'est le marché, et tout progrès de l'étatisme  usurpe le pouvoir des citoyens et détruit la démocratie - le socialisme est incompatible avec la démocratie réelle définie par le seul principe  qui puisse la justifier : que chacun a le Droit de décider des affaires  qui sont les siennes.

Ainsi les représentant de l'Etat reconnaissent la violence du pouvoir d'Etat mais la prétendent "réparatrice", c'est-à-dire qu'ils font passer pour des "agresseurs" ceux qui ne le sont pas, afin d'empêcher qu'on identifie comme tels ceux qui le  sont. Par exemple l'Etatisme conservateur parlera de "concurrence déloyale" en  l'absence de violence et de tromperie, l'Etatisme marxiste parlera sans preuve .d'"exploitation capitaliste", les deux parleront d'"abus de  position dominante", tous faux concepts sophistiques et mensongers, dont  la seule raison d'être est de falsifier l'interprétation morale d'un  exercice paisible du Droit de propriété pour pouvoir violer ce  dernier.

Les soi-disant "économistes" qui acceptent ces  fausses notions sont évidemmment des charlatans : de même qu'un philsosophe politique, un économiste qui n'est pas libéral est un imposteur, soit qu'il  mente sciemment, soit qu'il prétende à une compétence qu'il n'a  pas.
On remarquera que ces deux types de sophismes dénaturent la  notion de consentement, le critère central du droit comme de l'économie, en postulant son existence en-dehors des deux conditions sans lesquelles il n'a  pas de sens, à savoir : un acte effectif de la pensée qui acquiesce à la décision et un objet concret sur quoi cet acte puisse légitimement porter, c'est-à-dire une propriété dont vous ayez le Droit de disposer, et dont  l'usage que vous en faites ait des conséquences réelles pour  vous.

Contrairement à  toute une tradition absurdiste  d'"unanimité" au sens collectiviste, celle où tout le monde devrait demander la permission à tout le monde pour faire quoi que ce soit, je ne peux pas  "consentir" à ce qu'un autre fasse ce qu'il veut à ce qui est à lui, parce  que je n'en ai pas le Droit.
Toute conception du consentement dépend de  la notion de propriété et toute notion d'unanimité qui ne dit pas au  préalable qui a le Droit de consentir et à quoi est un tissu de  contradictions et produit automatiquement confusion et paralysie.



Source : Wikilibéral