La pauvreté en France


Les formes de la pauvreté évoluent

La société française des Trente Glorieuses était marquée par le quasi plein-emploi. L'OST faisait même face à une pénurie d'ouvriers spécialisés, l'absence de qualification n'était donc pas un obstacle à l'employabilité. Le statut de salarié permettait donc d'échapper à la pauvreté bien que dans l'absolu le niveau de vie du Français moyen des années 60-70 était inférieur à celui d'aujourd'hui. Rappelons-nous que la pauvreté est un phénomène relatif.

Les inégalités étaient toute de même importantes, beaucoup de personnes âgées se retrouvaient en retraite avec le minumum vieillesse, le développement du commerce de masse avec les grandes surfaces avait aussi ruiné de nombreux indépendants, la situation des salariés agricoles n'était pas non plus très bonne.

Le modèle corporatiste d'État providence laissait penser que le développement du salariat allait permettre l'augmentation générale du niveau de vie (ce qui est vrai) tout en éradiquant complètement la pauvreté.

 

Mais c'était sans compter avec l'explosion d'un chômage de masse lié aux mutations de la production qui exige l'élévation des qualifications.

Les "nouveaux pauvres" se comptent donc parmi des jeunes sans qualifications, lesquels sontt durablement exclus du marché du travail - n'ayant quelquefois jamais travaillé - ou au mieux réalisant de fréquents aller et retour entre contrats à durée déterminée (CDD), contrats aidés par l'État, formations et chômage. Rejoignent aussi ces rangs les salariés peu qualifiés de la cinquantaine qui se retrouvent au chômage, l'approche de l'âge de la retraite et la longue formation de requalification nécessaire ne favorise pas leur retour à l'emploi.

La pauvreté gagne aussi une partie des salariés précaires, c'est-à-dire ceux qui ne disposent pas d'un contrat à durée indéterminée (CDI). Certes les mieux qualifiés peuvent se satisfaire d'emplois précaires dans l'intérim dans la mesure où ils ne connaissent que peu de périodes sans activités, mais la plus grande part des CDD et des emplois à temps partiels concernent des emplois plus faiblement qualifiés ou des "petits boulots" même s'ils sont souvent un tremplin vers des CDI à temps plein.

Ces salariés pauvres, au nombre de 1,74 million en 2005, ont été baptisés "working poors"dans la mesure où ils doivent compter sur des emplois précaires qu'une partie de l'année et/ou pas nécessairement à temps plein pour une rémunération équivalente au SMIC horaire. Leurs revenus se situent donc sous le seuil de pauvreté. Certains renoncent à leur activité pour bénéficier de revenus de transferts, on parle là de la trappe à la pauvreté. Parmi ces working poors, les femmes seules avec enfants sont largement sur-représentées, souvent femmes au foyer divorcée contraintes à prendre un emploi à temps partiel.

 

Les dispositifs de prise en charge de la "nouvelle pauvreté"

 

Le mode de protection sociale corporatiste n'a rien prévu pour ceux qui ne sont plus salariés depuis longtemps sans être en retraite.

La Sécurité sociale devra donc évoluer vers une prise en charge des situations de pauvreté au nom de la lutte contre le chômage : la CNAV met en place des dispositifs de pré-retraites pour les demandeurs d'emplois proches de l'âge de la retraite, l'UNEDIC maintient des droits aux allocations chômages aux demandeurs d'emploi en formation tout en les émilinant temporairement des statistiques du chômage.

L'État conscient du poids des charges sociales sur l'emploi accorde des allégements de charge sur les bas salaires - ce qui représente un manque à gagner pour la Sécurité sociale, mais aussi des allocations en moins à verser -, créé des contrats aidés, ou créé même des emplois publics comme les fameux "emplois jeunes".

Mais ces solutions n'ont pas d'effets durables sur l'emploi et ne remédient pas à la situation des working poors, chaque majorité politique proposera donc sa solution en bouleversant le dispositif sans effectuer de réformes véritables du système de protection sociale.

 

Si le retour à l'emploi ne fonctionne pas, les "demandeurs d'emplois longue durée" sont pris en charge dans des dispositifs d'assistance dont :

le Revenu Minimum d'Insertion (créee en 1988) qui est une allocation non contributive versée aux adultes de plus de 25 ans dépourvus d'autres ressources, à la condition que soit signé avec un organisme ou une association un contrat d'insertion, adapté à chaque personne, et contenant un certain nombre de dispositions censées amener le signataire à se réinsérer progressivement (exemple : refaire faire ses papiers d'identité, ou entamer une remise à niveau de lecture, ou …). Remarquons que les jeunes de moins de 25 ans sont exclus du dispositif, sans doute le législateur a-t-il pensé que les familles pouvaient prendre en charge ces jeunes.

la Couverture Maladie Universelle (créée en 1999) qui prend en charge les dépenses liées à la maladie pour tous les individus vivant depuis au moins trois mois en France, qu'ils aient été ou pas affiliés à la Sécurité sociale. Elle permet aussi le remboursement du ticket modérateur et du forfait journalier, par exemple.

Nota : le ticket modérateur est la part des dépenses de maladie qui n'est pas remboursée à l'assuré : par exemple, la consultation chez un médecin conventionné est remboursée par la Sécurité sociale à 70%, le ticket modérateur est donc de 30% ; les soins de kinésithérapie sont remboursés à 60% seulement, etc….

Le forfait hospitalier est une somme forfaitaire et journalière qui est versé par le patient hospitalisé pour couvrir les dépenses « hôtelières » (nourriture, logement…) et qui n'est pas remboursé par la Sécurité sociale. Ticket modérateur et forfait hospitalier sont pris en charge, en totalité ou en partie, par les mutuelles quand les assurés sociaux en ont une, ce qui n'est évidemment pas le cas des pauvres qui n'ont pas les moyens de payer les cotisations.

 

1. Proposez des solutions pour enrayer la pauvreté en France.

2. Distinguer les procédés de lutte active contre la pauvreté des procédés de lutte passive.