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Mafia syndicale
Depuis,
sous le prétexte de leur « rôle fondamental de revendication »,
les syndicats enfreignent effectivement la liberté du travail. Ceux qu’ils
appellent péjorativement les « jaunes » sont objets de menaces et
de coercitions, le respect de leur droit ne peut souvent être obtenu sans l’usage
de la violence. Les rapports au travail deviennent des rapports de
force, la loi a choisi son camp en dépossédant les propriétaires de leur
outil de travail, toute résistance de leur part pourra être assimilée à un
« délit d’entrave », tout absence de résistance également tant
un syndicaliste pourra réclamer une promotion et l’obtenir sous peine de
préjuger d’une attitude discriminatoire. Le corps de l’inspection du
travail veillera bien au maintien des privilèges acquis, les arbitres sont là
très partiaux de par leur appartenance politique non dissimulée. En France, le pouvoir syndical tend à se
substituer au pouvoir des propriétaires de l’outil de travail. C’est une réalité
qui porte atteinte gravement à la propriété privée. Quel intérêt y a t-il
à risquer ses biens dans une entreprise alors qu’un capital placé en SICAV
est bien mieux protégé ? L’intérêt est d’autant moindre s’il se
porte sur l’imprimerie ou sur le déchargement de navires. Dans ces activités
le principe de la liberté syndicale (adhérer ou ne pas adhérer au syndicat de
son choix) est battu en brèche. Le syndicat marxiste CGT y détient le monopole
de l’embauche : ainsi tout artisan imprimeur devra savoir, non seulement
que son imprimerie ne lui est pas acquise mais qu’en plus tous ses salariés
devront être adhérents de la CGT et choisis par la centrale syndicale, il en
va de même dans le secteur des docks. Ainsi, en 1976, le Monde a du mettre la
porte un de ses imprimeurs car celui ci refusait de se syndiquer à la CGT.
Pareil problème est survenu au Parisien Libéré qui a tenté de faire face
avec plus de dignité. De liberté syndicale il n’en existe plus guère
depuis que la gauche révolutionnaire a obtenu l’élimination de la pluralité
syndicale en permettant aux seules 5 centrales syndicales « représentatives »
la présentation au premier tour des élections des représentants du personnel.
Ces critères de représentativité sont aussi fantaisistes que l’obligation
de prouver l’attitude patriotique du syndicat lors de la seconde guerre
mondiale (visiblement ce n’est pas un problème pour la CGT !!!) ou la nécessité
de prouver son caractère revendicatif vis à vis des employeurs … Cette politisation des syndicats français est
peut être une des raisons de leur désaffection, mais les règles électorales
dans l’entreprise sont telles qu’une majorité non syndiquée sera représentée
par des éléments politisés et syndiqués qui parleront en son nom. Il ne faut
pas oublier que les syndicats, nourris de quelques votes et de la manne de la sécurité
sociale dont ils font leurs choux gras, sont des courroies de transmission des
partis de gauche et les plus acharnés
défenseurs de leur propres intérêts (défense du statut public, des sévices
publics et du principe de répartition qui leur permet de gérer la Sécu). En
d’autres temps – France 1947 – la CGT n’hésitait pas à provoquer des
troubles civils pour tenter d’instaurer une dictature bolchevique, certains
comme SUD ou la FSU ne sont pas loin de ces positions aujourd’hui. Le rapprochement des centrales CGC et CFTC des partis de droite pas très libérale (normal on est en France) ne leur fait pas renoncer au mythe de la « justice sociale ». C’est un révélateur supplémentaire de la démagogie politicienne, tant il serait difficile de faire admettre à ces syndicats que leur rôle de groupe de pression ne coïncide pas avec la recherche d’un prétendu intérêt général. Car après tout la revendication satisfaite dans une entreprise publique ne signifie pas autre chose qu’une augmentation des impôts ; dans une entreprise privée elle permet difficilement une baisse des prix pour les consommateurs en cas d’augmentation de la valeur ajoutée. Le partage de la valeur ajoutée se décide sous la pression de la concurrence : les salariés qui ne profitent pas d’une hausse de leur productivité peuvent aller voir ailleurs, il en va de même des actionnaires dont l’augmentation des dividendes ne suit pas celle de la valeur ajoutée, des consommateurs qui sauront passer dans une autre enseigne. Les syndicats, facteurs de rigidités, nuisent en réalité à ces trois catégories qui se recoupent de plus en plus.
Xavier COLLET, cahiers de l'ADEL, 1990
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