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ÔTE TA BARBE JOSÉ JE T'AI RECONNU ! L'atroce attentat du 11 septembre,
au prix de plus de 5 000 morts innocents, ceci sans même parler des conséquences
prévisibles, frappant à leur tour d'autres innocents, aura au moins le mérite
de faire ouvrir les yeux à bien des gens. Chose inouïe, dans le fatras des imbécillités
entendues, prostrés que nous avons été pendant plusieurs jours devant nos
appareils de télévision, nous avons aussi appris des choses intéressantes. Je garderai ainsi le souvenir d'une émission
("7 à 8" sur TF1 le 15 septembre) consacrée à
l'Afghanistan des talibans. Son propos n'était certes pas de nous le rendre
sympathique, et encore moins banal. Il s'en dégageait même une dégoûtante
impression de barbarie incomparable, mélange putride et nauséabond d'atrocités,
d'arriération, d'obscurantisme et de sottise. Il est vrai qu'on y interviewait
des hommes de l'État. À la réflexion, les gens de médiats
n'auraient pas dû montrer aux Français ce que disent vraiment les membres du
gouvernement de Kaboul. Cela ressemble trop à bien des arguments que l'on
entend si souvent chez nous. Les plus obtus des téléspectateurs ont pu s'en
rendre compte. Certes il y avait des choses extrêmes,
— tellement extrêmes qu'elles prêtaient franchement à sourire. Par exemple un ministre afghan juriste
déclinait fièrement, à sa façon, la répression islamiste de l'adultère. Se
fondant sur on ne sait quelle sourate du Coran, il nous expliquait qu'un adultère
attesté par quatre témoins oculaires, décrivant précisément la matérialité
indiscutable de la chose, avait vocation à être puni de mort. Atroce
dans la théorie pénale, mais peu vraisemblable dans la pratique... Qui peut
donc se vanter de pouvoir témoigner ainsi de tels événements surpris avec
trois autres témoins de bonne foi ? Beaucoup plus "convaincante",
hélas, était la doctrine du cochon qui serait, avons-nous appris, le seul
animal de la création à n'avoir pas le courage de défendre la possession de
"sa" femelle… Et voilà pourquoi, affirmait ce pompeux imbécile, le
Coran interdirait la consommation de la viande de porc, ignorant évidemment que
cette prohibition remonte au Lévitique et obéit, heureusement, à d'autres
critères. Passé le moment de stupeur et
d'effroi, on ressentait petit à petit, quand même, derrière ces tristes
turbans et ces barbes sales, une étrange impression de déjà vu, déjà
entendu. En fermant les yeux on se demandait si
l'entretien avait été réalisé à Kaboul ou à Gênes, avec un mollah ou avec
un militant de l'antimondialisation. En écoutant le ministre afghan de la
Santé, le doute est devenu, pour moi, certitude : la dialectique des
talibans est l'exact décalque des rhétoriques coutumières à M. José
Bové. Ce sont les mêmes arguments : 1° "Ces vêtements que je
porte" (sa vilaine gandoura, sa barbe, ses babouches et son tarbouche)
c'est ma liberté de les porter. Jusqu'ici nous nous trouvons complètement
d'accord. "Ce sont des vêtements islamiques.(1) " Là encore si
certains musulmans le pensent ainsi c'est leur affaire. Alors, proclame-t-il,
aucun occidental n'a le droit de critiquer l'État afghan qui fait, de cette
manière de s'habiller, une obligation légale. Eh bien si mon bonhomme !
Je ne te reconnais pas pour civilisé dès lors que tu imposes un uniforme à
ton peuple, à tous les individus, à toutes les femmes qui habitent ton pays,
et que tu déclares posséder collectivement. 2° C'est exactement ainsi que marchent
les arguments des antimondialisation contre ce qu'ils appellent "la
malbouffe". À les entendre, "le monde n'est pas une
marchandise". C'est le titre du livre de M. Bové. Un succès de
librairie qui vient au secours des âneries identiques de Mme Forrester
(auteur de "L'Horreur économique"). Tout ce beau monde revendique le
droit, pour l'État demain, pour eux tout de suite, en tant que minorité
consciente parlant au nom du Peuple, d'interdire aux individus de consommer dans
les restaurants de la chaîne franchisée Mac Donald, au seul motif, en fait,
qu'elle est étrangère et pas chère. Ceci s'étend dans leur bouche à toutes
sortes d'autres formes de consommation résultant du libre choix économique des
individus, et particulièrement des plus pauvres d'entre eux, comme si le choix
de leur comportement appartenait à l'État. C'est ce qu'ils appellent la liberté
du modèle alimentaire : l'État va interdire aux Français de consommer
non pas même de la viande hachée avec du pain et des cornichons, mais cette
viande chez ce restaurateur. Eh bien ! De la même manière que pour les
talibans, il est insupportable de prétendre au nom de la "gastronomie française"
ou au nom de n'importe quel autre argument, quel qu'il soit, interdire à qui
que ce soit de déjeuner pour 35 francs. Rien ne doit plus être comme avant
entend-on dire. "Rien" c'est, ici, beaucoup dire. Avant de prétendre
écrabouiller les sympathisants de l'islamisme terroriste du monde entier, ce
qu'aucun Européen n'est en mesure de faire, ne pourrait-on pas commencer par
refuser les raisonnements collectivistes de tous nos écolos, de tous nos
utopistes, de tous nos apprentis jacobins qui prétendent nous couler dans le même
moule en Europe, sous prétexte de ne pas nous laisser libres de "faire
n'importe quoi". Tel est le grand argument des étatistes et des
protectionnistes, qui, eux, se permettent tout. Ce ne sont que des talibans au
petit pied dira-t-on. Faudra-t-il qu'ils grandissent pour que nous comprenions,
en France, le danger, et le déshonneur, de leurs raisonnements ? Jean-Gilles MALLIARAKIS, le 19 septembre 2001 (1) Pour cesser de parler de l'Islam et de l'islamisme à tort et à travers nous nous permettons à ce sujet de renvoyer au livre de base, celui de Henri Lammens ("L'Islam, croyances et institutions")
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