PIB ou IDH ?


 

 

Nous avons dit plus haut que le PIB était la meilleure mesure globale du bien-être économique de la société. Maintenant que nous savons précisément comment il est calculé, nous pouvons apprécier cette affirmation.

Le PIB mesure à la fois le revenu total de l'économie et la dépense totale en biens et services. Le PIB par tête nous indique donc le revenu et la dépense du Français moyen. Chacun préférant gagner plus et dépenser plus, le PIB per capita semble donc être une mesure naturelle du bien-être économique individuel de l'individu moyen.

Néanmoins, tout le monde n'est pas d'accord sur ce point. En 1968, alors qu'il était candidat à l'élection présidentielle, le sénateur américain Robert Kennedy s'exprimait ainsi :

« [Le PIB] ne reflète pas la santé de nos enfants, la qualité de leur éducation ou le plaisir de leurs jeux. Il n'inclut pas la beauté de notre poésie, la force de nos mariages, l'intelligence du débat public ou la probité de nos fonctionnaires. Il ne mesure pas notre courage, ni notre sagesse, ni notre dévotion à notre pays. En fait, il mesure tout sauf ce qui fait que la vie vaut d'être vécue, et nous dit tout sur l'Amérique, sauf pourquoi nous sommes fiers d'être Américains.»

 

Robert Kennedy a raison. Pourquoi attache-t-on alors autant d'importance au PIB ?

Parce qu'un PIB important nous permet de vivre mieux. Certes, le PIB ne mesure pas la santé de nos enfants, mais les pays à PIB élevé ont les moyens d'assurer des prestations médicales de qualité pour les enfants. Le PIB ne mesure pas la qualité de l'éducation dispensée aux jeunes, mais les pays à PIB élevé sont dotés de systèmes éducatifs de meilleure qualité. Le PIB ne mesure pas la beauté de la poésie, mais les pays à PIB élevé peuvent se permettre d'apprendre à lire à davantage de gens et leur offre donc la possibilité d'apprécier la poésie. En résumé, le PIB ne mesure pas directement ces choses qui font que la vie vaut d'être vécue, mais il mesure notre capacité à produire ce qui rend la vie agréable.

Le PIB n'est donc certainement pas une mesure parfaite du bien-être. Des choses essentielles ne sont pas prises en compte dans le PIB. Les loisirs, par exemple. Si tout le monde travaillait sept jours par semaine, au lieu de cinq aujourd'hui, la production de biens et de services serait nettement supérieure, et le PIB bien plus élevé. Mais la perte du week-end et de ses possibilités de loisirs ne serait certainement pas une bonne chose en termes de qualité de vie.

Autre exemple d'élément qui n'entre pas dans le calcul du PIB, la qualité de l'environnement. Si le gouvernement éliminait toute la réglementation antipollution, les entreprises entreprises pourraient produire davantage sans se préoccuper de la pollution qu'elles génèrent. Le PIB augmenterait donc, mais le bien-être social pourrait bien décliner.

 

Et comme le PIB valorise les biens et services à l'aide des prix de marché, il exclut par construction toutes les activités qui s'exercent en dehors des marchés. L'éducation des enfants par exemple contribue de toute évidence au bien-être social, mais n'est pourtant pas reflétée par le PIB. Si les parents décidaient de travailler moins afin de consacrer davantage de temps à leurs enfants, la production de biens et services diminuerait et le PIB déclinerait, une diminution qui ne signifierait pas nécessairement une détérioration des conditions de vie.

 

Par conséquent, on pourra conclure que le PIB est un indicateur correct du bien-être social, dans la plupart des cas, même s'il est important de se souvenir de ce qu'il prend en compte et de ce qu'il ignore.

 

Gregory MANKIW, Principes de l'économie, Economica, 1998

 

 

 Valeur de l'IDH (1999)PIB en dollars par habitant en parité de pouvoir d'achat (1999)(1)
Ensemble des pays en développement0,6473 530
Pays les moins avancés0,4421 170
Pays arabes0,6484 550
Asie de l'Est et du Pacifique0,7193 950
Amérique latine et Caraïbes0,7606 880
Asie du Sud0,5642 280
Afrique subsaharienne0,4671 640
Europe de l'Est et ex-URSS0,7776 290
OCDE0,922 020
Monde0,7166 980

 

PNUD, Rapport sur le développement humain, 2001

 

 

Comparer la situation de chaque groupe de pays selon les indicateurs IDH et PIB par habitant, que constatez-vous, expliquez.

Le PIB en parité de pouvoir d'achat (PPA) est le PIB converti à un taux de change (calculé par la Banque Mondiale et l'OCDE) qui permet de niveler les différences de prix entre pays. Un dollar exprimé en PPA a le même pouvoir d'achat dans un pays donné qu'un dollar américain aux États-Unis.

 

Alors que le Production Intérieur Brut est un indicateur quantitatif l'Indicateur de Développement Humain se veut un indicateur qualitatif. Il a été élaboré en 1990 par le PNUD (Programme des  Nations-Unies pour le Développement), organe des Nations-Unies proche des thèses tiers-mondistes, à partir des travaux d'Amartya Sen.

L'IDH est élaboré à partir de trois composantes : une première variable alliant le taux d'alphabétisation et de scolarisation ; l'espérance de vie à la naissance et enfin la revenu réel par habitant. Le résultat se situe entre 0 et 1, plus le pays se situe aux alentours de 1 plus son niveau de développement est élevé.

 

Mais cet IDH pose un certain nombre de problèmes.

Un problème de fiabilité car les statistiques à partir desquelles il est établi sont de qualité inégale selon les pays. Ainsi en l'abscence d'un état-civil correctement tenu, les données relatives à l'espérance de vie et à la mortalité ne sont que peu exploitables.

Un problème de sincérité concernant notamment l'alphabétisation et la scolarisation, les résultats issus sont le plus souvent gonflés d'autant que l'appareil statistique permet difficilement d'estimer le taux net de scolarisation en primaire (rapport des enfants d'âge primaire inscrits par rapport au total des enfants d'âge primaire).

Un problème de parti pris de l'IDH dans la mesure où il a été élaboré par des théoriciens anticapitalistes considérant que l'Etat devrait posséder un rôle prépondérant dans toute société et que les échanges marchands ne sont pas à somme positive ! Bien que le PIB tienne compte, à tort ou à raison, de la production non-marchande, les défenseurs de l'IDH donnent à cette production non marchande un poids plus important que la production marchande.

Ainsi l'IDH conduit à surestimer le bien-être par habitants dans les pays socialistes notamment par le critère alphabétisation nécessaire à toute diffusion de propagande.

Par contre l'IDH ne tient pas compte du respect des libertés fondamentales de l'homme, de la stabilité des institutions, du respect de l'état de droit, de la propriété privée et du droit à l'initiative, critères qui peuvent sembler "bourgeois" aux économistes tiers-mondistes mais qui n'en demeurent pas moins des conditions sine qua non de la phase de décollage économique menant au développement. A cet égard d'ailleurs la France est classée à la 44ème place mondiale dans l'indice des libertés économiques 2006 de l'Heritage Foundation, et se situe à la 24ème place sur l'Europe des 25 (devant la Grèce).

 

Enfin les pays qui se sont le plus rapidement développés, à savoir les NPI d'Asie du Sud, n'ont pas fait de la scolarisation le préalable du développement. On constate d'ailleurs qu'un fort taux de croissance des dépenses d'éducation n'a pas de retombées positives sur la croissance économique. Ainsi selon Easterly (2001), sur la période 1960-1985, la croissance annuelle des dépenses d'éducation par enfant était de 2,8 % en Asie de l'Est et de 4,3 % en Afrique sub-saharienne, pourtant la croissance n'atteint que 0,5 % par an en Afrique sub-saharienne alors qu'elle fut de 4,2 % par an en Asie de l’Est. Ceci s'explique d'une part par la qualité défaillante de l'éducation dispensée ou par son côté idéologique dans les dictatures marxistes telles que Cuba, et d'autre part par la faible incitation à continuer des études quand les perspectives de promotion sociale sont faibles de par l'absence de développement. Effectivement c'est le développement économique à partir de la production marchande qui est le préalable à la scolarisation et à l'alphabétisation ainsi qu'à l'élévation des conditions sanitaires et non le contraire.


 

1. En quoi le PIB est-il un indicateur quantitatif ? N'est-il pas aussi d'un certain façon qualitatif ?

Quantitatif car le PIB mesure des quantités, c'est-à-dire la somme des valeurs ajoutés. Mais il possède des implications qualitatives car c'est bien l'augmentation des richesses dans un pays (notion quantitative) qui permet une amélioration qualitative.

2. Sans l'État les entreprises pourraient-elles polluer autant qu'elles le veulent ?

3. Le bien-être est-il une notion objective ? Comment le mesurer alors ?

On montrera que les individus peuvent arbitrer entre revenu et temps libre, on utilisera la notion de coût d'opportunité pour estimer la valeur du temps libre en insistant sur le fait que cette valeur étant subjective, le bien-être l'est aussi...

4. Rechercher les thèses des tiers-mondistes. Ont-ils permis le développement des PED ?

On opposera rapidement les théories de Prebisch au développement par la spécialisation dans l'échange et par les IDE.