QUI A PEUR DE LA MONDIALISATION ?


Les États, et non les marchés, sont les véritables ennemis des communautés traditionnelles

 

Aujourd'hui, il y a peu de débats politiques ou d'études économiques qui, d'une manière ou d'une autre, ne font pas référence au thème de la mondialisation. Ce qui nous surprend à ce propos c'est la disproportion entre des commentaires alarmants et d'autres optimistes. En fait, le ton dominant présente la mondialisation des marchés comme un événement bien sûr inévitable, mais dont les effets devraient être limités voire annulés.
Tous les partis politiques ont peur de la mondialisation : la gauche dénonce les conséquences économiques de la libération des marchés internationaux, alors que la droite s'inquiète plus particulièrement de la disparition des cultures nationales, remplacées par une seule culture mondialiste.
De telles attitudes s'emparent également de mouvements de pensée favorables à la Ligue du Nord : les articles de Massimo Fini critiquent avec véhémence la mondialisation, les marchés mondiaux et la culture Américaine. Sa position est un exemple résumant les attitudes de ceux qui considèrent la Ligue du Nord comme un mouvement régional anti-industriel et traditionaliste.

 

L'œuvre libératrice de la révolution informatique


Toutes ces hypothèses sont fausses. Le réveil partout dans le monde de sentiments indépendantistes et anti-étatiques, exprimé à travers la philosophie de la Ligue du Nord, ne représente nullement une forme de résistance contre la liberté de mouvement des peuples, des idées, des biens et des capitaux, mais en est une conséquence directe. Sans la crise de légitimité de l'État, consécutive à la mondialisation des marchés, à la révolution informatique et des télécommunications et au discrédit du collectivisme, des mouvements tel celui de la Ligue du Nord auraient eu bien des difficultés à émerger. Les bouleversements économiques, technologiques et idéologiques ont irrémédiablement mis à mal l'étouffant contrôle culturel et économique que les États centralisateurs exerçaient sur les peuples vivant à l'intérieur de leurs frontières. Désormais le peuple d'Italie du Nord sait qu'il peut se dispenser d'un État national, car il sait qu'il s'intègre dans un filet d'échanges mondiaux dans lequel la dimension des États n'a plus aucune importance.


Par conséquent, il n'y a aucune contradiction entre le dépérissement des entités politiques (États) et l'expansion des marchés. Bien des petits pays ont déjà réussi à prospérer en s'ouvrant complètement aux marchés mondiaux, alors que les tendances naturelles des grands États au protectionnisme les ont souvent conduit à la stagnation économique. Ce qui explique que les aspirations sécessionnistes et la défense des marchés libres fasse bon ménage.
Il n'est pas correct d'associer sous le même mot de "mondialisme" les phénomènes opposés d'un gouvernement mondial et de la mondialisation des marchés : le premier terme est synonyme de concentration maximale des pouvoirs ; le second représente la plus radicale force de décentralisation existant. Le Mondialisme n'est une menace pour la liberté des peuples que s'il consiste à instaurer un super État mondial omnipotent et incontrôlable.


La gauche comme la droite ont tort de craindre la mondialisation. Chaque participant à ce processus tirera avantage à l'extension de la division du travail sur une échelle internationale, ainsi une plus grande quantité de bien seront accessibles à des prix de moins en moins chers. De même, l'idée que les marchés libres conduiraient à la disparition des cultures traditionnelles et au déplacement des peuples est fausse. En réalité le marché est un grand réseau de relations volontaires où nul n'est autorisé à faire usage de la force pour imposer à d'autres ses préférences esthétiques ou morales. Le cours de l'histoire nous a révélé que ce furent les États, et non pas les marchés qui ont détruit des traditions.

 

Le libertarianisme pour le respect des particularismes


Le pouvoir coercitif de l'État a toujours été l'instrument par lequel des cultures dominantes ont écrasé des cultures minoritaires : n'est-ce pas ainsi que sont nés les Empires et les États nationaux jacobins ? La position des ennemis de la mondialisation est aussi intenable moralement parlant ; en fait, une telle position sacrifie les droits de chaque individu à sa liberté, favorise les dissensions, les barrières et les frontières artificielles entre les peuples alors que ceux-ci seraient portés à une coopération spontanée. De quel droit ces communautariens autoritaristes (incapables de comprendre le concept de communautés volontaires) invoquent ils l'usage de la force afin de nous empêcher d'échanger connaissances, idées, valeurs, biens et argents avec d'autres personnes vivant dans d'autres endroits sur cette planète ? De quel droit se permettent ils de nous maintenir dans leur cage d'une appartenance communautaire imposée, immobile, close.


Jours après jours, il nous apparaît plus clairement qu'après que les termes de gauche et de droite aient perdu leur signification, l'attitude de tous devant la modernité de la mondialisation est devenue un indicateur important de division politique : d'un côté les Libéraux classiques et les Libertariens, optimistes quant aux évolutions des marchés de par le monde ; de l'autre les autoritaristes pessimistes de tous poils, exigeant des formes plus ou moins rigides de planification et le protectionnisme pour sauvegarder le status quo. Si Libéraux et Libertariens emportent la partie, alors ce sera le triomphe de l'idéal des grands penseurs de la Liberté du 19ème siècle, tels Cobden Bright et Bastiat; lesquels rêvaient d'un monde structuré autour de communautés pacifiques dévouées au développement des échanges culturels et commerciaux. Ce rêve fut brutalement interrompu par les Étatismes sanglants du 20ème siècle, mais une nouvelle chance se présente désormais.

 

Guglielmo PIOMBINI