Crise de 1929 : le marché est-il responsable des crises économiques ?


On impute souvent à l'économie de marché des effets qui ne lui sont en réalité pas imputables mais imputables aux interventions de l'État dans l'économie. Il en va ainsi de l'accusation portée au capitalisme de mener inéluctablement à des crises économiques. Les théoriciens de l'intervention de l'État ont ainsi mis sur le compte du marché la grande crise de 1929, en expliquant que celle-ci prouve la faillite des mécanismes d'auto-régulation. Que penser d'une telle assertion ?

Une dépression est une chute de la production et des échanges, elle se caractèrise par une baisse brutale de la productivité, des investissements, de l'emploi et de la valeur du capital fixe (usines, machines, etc ...). Une fluctuation normale dans le cycle des affaires ou une baisse temporaire du niveau de la croissance ne constitue pas une dépression. Effectivement le phénomène dépressionniste est plus profond et plus grave puisqu'il correspond à une croissance négative et une baisse importante de la valeur des actifs.

Les explications les plus courantes de la dépression sont la surproduction, la sous-consommation, les monopoles, la substitution du capital au travail, la mauvaise répartition de la valeur ajoutée, l'accumulation excessive de capitaux, ...Mais ces explications se sont révélées fausses. Les réajustements de l'activité économiques, les transferts de capitaux et de travail d'un secteur à un autre adviennent constamment dans une économie capitaliste, en effet il existe toujours des possibilités de profit supérieur dans certaines branches d'activité qui explique ne certaine mobilité des facteurs de production. Les différences de profit réalisable peuvent résulter d'un excès d'offre dans un secteur par rapport à un autre, ce secteur connaîtra donc une baisse des prix, de rentabilité des investissements et des emplois ; le retour à l'équilibre dans ce secteur se fera donc par une réaffectation de l'offre excédentaire vers d'autres secteurs. Ceci fait partie intégrante du processus de croissance et de développement.

Dans une économie de marché basée sur l'étalon or, les investissements improductifs réalisés dans des secteurs devenus peu rentables sont limités et ne mènent pas à une bulle spéculative. En effet l'offre de monnaie et de crédit destinée à financer les investissements est déterminée par des facteurs économiques objetcifs. C'est le système bancaire qui est garant de la stabilité économique à condition que les crédits n'excèdent pas les réserves bancaires en or. Ainsi pour attirer la confiance des épargnants et réaliser des profits, les banques ne prêteraient que pour des projets d'investissement rentables. Dans une période d'intense spéculation les banques sont largement sollicitées pour l'obtention de prêts, face à des réserves s'amenuisant elles vont augmenter leurs taux d'intérêt et examiner de plus près les investissements projetés par leurs clients en étant plus exigeante sur la viabilité des projets. En conséquence il sera plus difficile d'obtenir des crédits et donc les investissements devraient se contracter, les entrepreneurs doivent donc revoir leurs projets. La hausse des valeurs mobilières, qui reflète les anticipations d'augmentation de valeur des entreprises, est stoppée et les actions surévaluées vont baisser. Les hommes d'affaires qui se sont engagés dans des projets peu porteurs ne peuvent obtenir davantage de crédits et vont donc faire faillite, ceci évite que d'autres investissements ne soient gâchés dans des secteurs non rentables. Au pire l'économie pourra alors connaître une légère récession, c'est-à-dire un léger déclin de l'investissement et de la production. Mais dans une économie dans laquelle l'État n'intervient pas, tout désajustement disparaît rapidement et l'investissement et la production repartent. Cette récession temporaire n'est pas novice, au contraire elle est bénéfique car elle permet de corriger des erreurs. L'impact de ctte récession peut se ressentir de façon significative dans certains secteurs mais ne touchera pas l'ensemble des secteurs de l'économie.

Une dépression saccageant l'ensemble de l'économie américaine telle celle des années 30 n'aurait pas été possible sans l'intervention de l'État. Le gouvernement de l'époque avait manipulé le stock de monnaie au lieu de laisser les banques gérer les crédits en fonction de leurs réserves. Cette pratique était devenue habituelle depuis la création en 1913 de la Réserve fédérale, une institution contrôlant indirectement l'ensemble des banques commerciales du pays. La Réserve fédérale dispensa les banques commerciales de limiter leurs crédits à hauteur du montant de leurs réserves, en les refinançant en fonction de la politique monétaire décidée par des officiels gouvernementaux. L'État pu alors mettre en place une politique de crédit peu cher, les taux d'intérêts ne dépendaient plus de la demande de monnaie et l'offre de monnaie ne dépendait que de la volonté de l'État qui encourageait ainsi la spéculation. La motivation fut que la prise de contrôle du crédit et sa distribution généreuse par lÉtat 'permettrait d'encourager l'investissement et de garantir la prospérité de l'économie.

Beaucoup de bureaucrates crurent effectivement que la politique monétaire, donc l'intervention de l'État dans le domaine monétaire, était de nature à maintenir une croissance continue. En réalité le résultat fut le krach de 1929. Durant toutes les années 20, l'État a obligé les banques à maintenir des taux d'intérêt artificiellement faibles, ce qui a conduit à encourager les prêts pour toutes formes d'investissement jusqu'à générer des bulles spéculatives. En 1928 des signaux d'alerte étaient clairement apparents et indiquaient que la valeur des actions était largement surestimée. L'État ignora ces signaux. Un système de banque libre (sans banque centrale refinançant en dernier recours) aurait évité cette dérive de par l'impossibilité de se refinancer pour les banques ayant accordé des prêts sans précaution. Mais voila, avec la Réserve fédérale les investissements se sont multipliés, les prix des actifs ont augmenté sans limite, les gens se sont mis à investir dans n'importe quoi et à revendre bien plus cher ce qu'ils avaient acheté la veille. Eh oui, il y avait toujours des gens pour racheter plus cher puisqu'ils pouvaient obtenir des crédits et se croyaient sûrs de revendre plus cher ce qu'ils avaient acquis...

Ainsi en 1929 le gouvernement dû finalement se résoudre à augmenter les taux d'intérêt de façon drastique, mais c'était trop tard. On ne saurait dire quel événement fut celui qui le premier déclencha la panique, mais le krach devint inévitable. Certains n'étaient plus capables de rembourser leurs emprunts et des banques commerciales furent mises en grande difficulté. Une vague d'inquiétude s'empara du pays et ceux qui avaient déjà gagné de l'argent en bourse, anticipant une baisse des cours se mirent à vendre pour réaliser leurs gains et surtout pour rembourser aux banques les sommes qu'ils avaient empruntées pour spéculer. Face à cette vague de vente, d'autres se mirent aussi à céder leurs actions et en une seule journée les cours de la bourse chutèrent tant que les valeurs mobilières devenaient sans valeur. Les détenteurs d'actions devaient rembourser leurs emprunts, ils ne le purent donc pas, des fortunes entières disparurent. Si bien qu'en 1932 l'activité économique en fut paralysée.

Telles furent bien les causes de la crise de 1929, elle illustre bien les conséquences désastreuses de l'intervention de l'État dans l'économie. Lorsqu'une mauvaise décision économique est prise par un homme d'affaire il en subit les conséquences sans créer un désastre économique national, mais si ce sont des bureaucrates qui prennent de mauvaises décisions en intervenant dans les rouages de l'économie alors les conséquences deviennent catastrophiques. Pourtant ce n'est ni la Réserve fédérale ni le gouvernement américain qui furent accusés de la crise de 1929, mais le capitalisme. Faute de comprendre les causes de ce désastre, ses effets se prolongèrent pendant des années puisque l''État voulu résoudre les effets de la récession par plus d'interventionnisme encore.

Ainsi, contrairement à ce que l'on nous a apprit, l'intervention de l'État date de bien avant le New Deal, elle remonte au moins aux années 1920. Mais il est vrai que l'interventionnisme s'accentue sous l'administration Hoover puis plus encore lors du New Deal de Roosevelt. Les ajustements automatiques pouvant mettre fin à la dépression ont donc été neutralisés par la mise en place de contrôles économiques, par une augmentation des impôts et une législation du travail. Ceci contribua à une forte augmentation des salaires et donc à une hausse des coûts de production des entreprises au moment même où ces coûts aurait dû baisser pour permettre le retour des investissements et de la production. La confiance économique ne fut pas au rendez-vous puisque les entrepreneurs craignaient les nouvelles mesures du New Deal telles que de nouvelles législations ou de nouvelles taxes et donc ne pouvaient faire des projets de développement à long terme.

Pour agir et pour produire les entrepreneurs ont besoin de s'informer, de réaliser des calculs rationnels, ils ne peuvent se contenter de la confiance et de l'espoir, notamment en ce qui concerne les politiques imprévisibles menées par le gouvernement. Le New Deal n'a donc pas pu mettre fin à la dépression, en 1937 le chômage a atteint 10 millions de personnes aux États-Unis et la production est retombée à son niveau le plus bas de 1932. C'est un mythe que de penser que Roosevelt a sorti l'Amérique de la dépression, elle n'en est sorti que par l'expédient le plus efficace des étatistes : la guerre (...)

Nathaniel BRANDEN

1. Qu'est ce qu'une bulle spéculative (ou financière) ?

2. En quoi consiste la spéculation, est-elle dangereuse, est-elle nécessaire ?

3. Quel rôle joue la confiance économique dans la reprise ? anticipations

4. Synthétiser les mécanismes de la crise de 1929