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Les conditions sociales du développement Les mythes du syndicalisme Les syndicats se nourrissent d’une traduction ouvriériste et du fantasme très marxiste de paupérisation absolue du prolétariat. Il s’agit de dire par exemple que la tendance à la réduction du temps de travail, l’amélioration des conditions des salariés, les congés payés sont l’œuvre syndicale, des conquêtes arrachées au patronat. Il est vrai qu’à l’aube du vingt et unième siècle, il vaut mieux, en France, être salarié qu’entrepreneur individuel et quitte à être salarié alors autant être fonctionnaire. Tout n’est pas rose non plus dans ce monde du salariat, et les syndicalistes qui défendent si bien nos droits devraient déjà commencer par nous rembourser un salaire qu’ils nous piquent tous les mois sous forme de cotisations sociales. Comparer un peu le net à payer avec le coût total, vous aurez une idée de ce que nous doivent nos bienfaiteurs. Exploitation
ou avancée sociale ? Mais
enfin replaçons nous dans le contexte de la réduction du temps de travail et
des conditions du salariat en France au début de la Révolution Industrielle.
C’était une époque, vers 1850 où les enfants travaillaient à l’usine
avec leurs parents, où il n’y avait guère que le dimanche pour se reposer.
La misère des ouvriers leur permettait tout juste de subsister et de se
reproduire, sans les mettre forcément à l’abri de la tuberculose. C’était
pour les marxistes l’occasion de montrer que le contrat de travail formalisait
l’exploitation capitaliste. Un contrat pourtant librement signé par les
parties : un échange salaire contre force de travail qui comme tout échange
libre ne pouvait profiter qu’aux échangeurs. Car aussi incroyable que cela
puisse paraître aujourd’hui, cette vie de labeur misérable représentait une
avancée sociale par rapport à la situation préexistante à la Révolution
Industrielle. Comme le démontrait Maslow, la seule motivation du salarié
consistait alors à satisfaire ses besoins physiologiques. Besoins hypothétiquement
remplis dans les campagnes où la moitié des enfants mourraient en bas âges et
les femmes en couches. Ces
besoins désormais satisfaits, la motivation du salarié devait s’appuyer sur
des besoins d’ordre supérieur. Ce n’est pas tant la réduction du temps de
travail qui importait que la satisfaction d’avoir un toit, un endroit où
maintenir sa famille à l’abri de la nécessité. Nous traversons alors la
grande époque du paternalisme, des cités et magasins ouvriers sont mis en
place par les grandes manufactures. Avant la marotte de l’entreprise
citoyenne, le patron se voulait le père de ses employés. La réduction du temps de travail devient ensuite une priorité, elle est rendue nécessaire comme outil de motivation et condition d’acceptation d’un travail qui devient ingrat dans l’opinion ouvrière alors même que le niveau de vie augmente. Ainsi le développement de l’organisation scientifique du travail permis par l’innovation fordiste du travail à la chaîne n’attire la main d’œuvre que sous la condition de versement de salaires bien plus substantiels que dans des secteurs d’activité nécessitant de plus grandes qualifications, l’abrutissement contre le salaire donc, et cela marche … Les
syndicats ont bloqué le développement social en France Aujourd’hui,
sur fond de mondialisation et de nouvelles technologies, on ne peut s’imaginer
imposer la semaine de 50 heures pour un sous SMIC de CES. Les patrons pourraient
peut être en rêver mais ils seraient bien mal avisés et se contenteraient
dans ce cas de salariés qu’ils ne pourraient pas former, pour des tâches élémentaires
et souvent bâclées. Un
minimum de qualification est nécessaire dans les pays industrialisés, les
boulots déqualifiés vont déjà entretenir une phase accélérée de développement
dans les pays ouverts du Sud. Le salarié de chez nous se motive désormais par
l’atteinte du besoin d’estime ou encore de réalisation personnelle, les
conditions de travail, les loisirs permis par des salaires décents sont la
condition sine qua non de salariés plus productifs grâce à leur compétences
dans l’utilisation de nouveaux outils, de salariés formés et stabilisés
dans l’entreprise. Les grandes évolutions de la société, le développement
économique permis par un mode de production capitaliste ont été les déclencheurs
de cet embourgeoisement qui malheureusement n’est pas général dans le cas
français. C’est qu’au contraire de ce que l’on pense souvent, la société
française n’est pas capitaliste. La question syndicale se pose là d’emblée,
avec la responsabilité accablante que FO, CGT, CFDT et consorts ont dans
l’existence de cette fracture sociale marquée par la distorsion incroyable
entre salaires et coûts du travail ainsi que dans la rigidité du maquis des réglementations
sociales. Distorsion qui a jeté hors du salariat ceux dont la productivité
reste durablement inférieure au coût salarial de leur emploi et qui les
maintient dans un assistanat social et un clientélisme politique.
Xavier COLLET, le 14 septembre 2002
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