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Tragédie des communs
Ancêtre de la loi Verdeilles, celle là-même qui conduisit à une condamnation de la « France » devant le tribunal européen, le caractère de bien public du gibier s’affranchissait déjà de toute considération propriétariste. On pouvait chasser l’aristo à poil et plume sur n’importe quelle terre, d’ailleurs les journaux de l’époque relatent les mésaventures de pauvres paysan qui durent supplier « par grâce, d’attendre que la récolte soit finie pour faire des battues qui nuisent cent fois plus aux moissons que ne le feraient les animaux pourchassés ». Face à ces comportements « peu citoyens » on en vint à vouloir organiser, contrôler sans revenir sur les grands principes de communauté des gibiers. Pauvres petites et grosses bêtes, leur sort était déjà scellé. Le monopole des chasses de la noblesse revenait en fait à une appropriation collective limitée à une partie très minoritaire de la population, le principe en était déjà mauvais mais les conséquences sur l’éradication des espèces demeurait négligeable justement par le faible nombre de nobles. Ce même principe dans le cadre d’une appropriation collective générale fut catastrophique. Aujourd’hui encore on entend dire qu’il est des biens qui appartiennent à tous, qui ne doivent être la propriété exclusive – pléonasme - de personne. Et la chansonnette en conclut encore une fois que le monde n’est pas une marchandise. Mais de ce principe il faut aussi en assumer les conséquences ! Alors que les antimondialistes sacralisent la logique du premier servi, les ravages de ce principe là se font sentir à coup de disparition des bancs de poisson dans le golfe de Gascogne, d’extinction d’espèces chassées à outrance et dont la survie même ne peut être l’intérêt de personne. Les écologistes devraient être les premiers à connaître la « tragédie des communs », Bastiat l’avait déjà bien illustrée et démontré que ce qui appartient à tous fait l’objet du moindre soin. A quoi bon entretenir quelque chose dont mon voisin pourrait s’emparer sans se donner lui-même la peine d’y porter le même soin que moi ? Eh oui nous ne sommes pas des anges, à quelques exceptions notables, ainsi celui qui se soucie de maintenir intact ce qui pourrait profiter aux autres devient la dupe de toute la collectivité.
Xavier COLLET, le 12 septembre 2003
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