Né en 21 à Kharkov

Un nazi honoré ?

Le président de l'Ukraine Viktor Ioutchenko va rendre officiellement hommage à un indépendantiste également chef nazi du nom de Roman Choukhevitch ainsi qu'à son organisation l'UPA.

C'est là le type d'information trouvé sur Internet qui mérite d'être vérifié surtout lorsque l'on sait que Ioutchenko a payé de sa personne dans la Révolution Orange afin de mettre fin à la dictature en Ukraine et d'y implanter libéralisme et démocratie.

Il fut empoisonné à la dioxyne, défigué par le camp des nostalgiques de l'URSS, lesquels n'ont depuis pas vraiment désarmé, espérant écraser la Révolution Orange de peur d'avoir un jour des comptes à rendre.

Toute information relative à Ioutchenko et plus encore à la passionaria libérale Timotchenko sont donc à prendre avec des pincettes.

En effet la boue sur les indépendantistes d'alors ne sert qu'à accréditer les bobars staliniens sur les peuples collaborateurs afin de légitimer a posteriori un génocide que les communistes ne reconnaissent même pas. Sachant qu'ils ne sont pas crédibles sur leur négationnisme, les Lacroix-Riz, Collon, tentent au moins de transformer les victimes en coupables, osent même des procès d'antisémitisme tout en pétitionnant pour la dictature du plus antisémite des latino-américains : Hugo " Adolfo " Chavez.

Ils enragent contre la reconnaissance des crimes communistes par le pouvoir issu de la Révolution démocratique Orange et développent le fantasme d'un coup d'état des factieux communistes contre les pro-occidentaux mandatés par Bush (sic). A priori donc l'information n'est pas pertinente dans la mesure où elle se trouve sur le site d'un hurluberlu, militant communiste d'Istres exposant sur son torchon virtuel la brimbeloquerie habituelle de sa clique : faucille et marteau, étoile rouge, portrait de Lénine, tout ceci exhibé sans la précaution de préciser au lecteur non averti que le communisme a fait plus de 100 millions de mort au vingtième siècle.

Je préfère cependant vérifier, ce que je fais à travers une autre source de gauche : " Libération ".

Le journal bien-pensant insiste sur la division entre une Ukraine pro-occidentale et une Ukraine pro-russe voire pro-soviétique. La tragique histoire de l'Ukraine est passée par là, l'Ouest fut occupée par la Pologne alors que l'Est fut intégrée à l'URSS et victime d'un véritable génocide.

Le nazi en question auquel il serait rendu honneur devient dans Libé le général d'une armée très controversée : celle des insurgés ukrainiens. La controverse en question est issue de l'hostilité de l'UPA à l'entrée des soviétiques en Galicie en 1939 suite à l'ignominieux pacte soviéto-nazi. Vu le sort des hommes, des femmes et des enfants Ukrainiens sous le joug communiste on ne saurait reprocher cette hostilité. L'horreur de l'occupation communiste a d'ailleurs jeté les insurgés ukrainiens dans les bras des nazis de l'opération Barbarossa en 1941.

Et la controverse naît là, de cette collaboration avec les nazis présentée hors de son contexte historique. D'ailleurs " Libération " souligne bien que c'est l'historiographie soviétique, qui avait présenté l'UPA comme pronazie.

Il faut dire que le terme de collaboration (avec les nazis) doit rappeler des souvenirs à plus d'un français.

Les premiers collaborateurs en France furent des communistes passés par proximité idéologique vers l'hitlérisme, quant aux staliniens orthodoxes ils firent allégeance aux nazis entre le pacte de 1939 et le retournement de 1941. Que celui qui jette la première pierre soit sans péchés, or même en faisant l'impasse sur leurs répugnante idéologie, sont-ils sans péché ceux qui, pour obtenir des nazis, la reparution de l'Humanité ont écrit (source " Le Monde ") :

- Article 1 : " Vous avez laissé paraître journaux communistes dans d'autres pays : Danemark, Norvège, Belgique. Sommes venus normalement demander autorisation ".

- Article 2 : " Sommes communistes, avons appliqué ligne P.C. sous Daladier, Reynaud, juif Mandel. Juif Mandel nous a emprisonnés et [a] fusillé des ouvriers qui sabotaient Défense Nationale... ".

- Article 3 : " Pas cédé face dictature juif Mandel ".

- Article 4 : " (...) Notre défense du pacte (germano-soviétique) vous a avantagé. Pour l'URSS nous avons bien travaillé, par conséquent par ricochet pour vous ".

D'autres que les communistes se seraient plus légitimement interrogés sur le passé de Choukhevitch.

Il me paraît donc nécessaire de ne pas ignorer les tâches dans l'histoire de tous les peuples. Oui, Choukhevitch a pris la tête du bataillon Nachtigall de la Wehrmacht, mais il se retourne en 1942 contre les nazis et prend à nouveau la tête de la résistance ukrainienne après le meurtre de gestapistes.

Je ne suis pas historien pour jouer les procureurs informés, je constate seulement que Vladimir Ioutchenko en fait un symbole de la résistance aux totalitarismes communiste et nazi et c'est bien le symbole qui en restera.

Faire un procès blanc-noir sans rien connaître de l'histoire c'est facile surtout dans un contexte d'ignorance à peu près totale du grand public sur l'histoire Ukrainienne. C'est moins simple de s'interroger sur soi-même à la façon de Jean-Jacques Goldman :

" Et si j'étais né en 17 à Leidenstadt. Sur les ruines d'un champ de bataille.

Aurais-je été meilleur ou pire que ces gens. Si j'avais été allemand ?

Bercé d'humiliation, de haine et d'ignorance. Nourri de rêves de revanche.

Aurais-je été de ces improbables consciences. Larmes au milieu d'un torrent ? ".

Oui, aurais-je eu le courage de cacher des Juifs, puis de me battre jusqu'à la mort contre l'oppression communiste, de résister jusqu'en 1954, j'aime à le croire. Mais qu'auraient fait les Lacroix-Riz, Collon, les hurluberlus des sections communistes s'ils avaient sévi à cette époque sur ce champ de bataille là, je pense que la réponse est évidente bien trop évidente. Certains m'ont d'ailleurs répondu à cela qu'il vaut mieux laisser les méchants voler les contribuables pour apprendre des conneries à leurs enfants que leur donner l'opportunité d'arracher les dents à des cadavres. Autre époque, autre lieu, autres pratiques, le degré de bassesse et de saloperie que nous permet l'histoire est variable, puissions nous vivre des époques paisibles pour n'être que de petits héros ou de petits salauds.