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 « Le marché accroît les inégalités entre les riches et les

 

pauvres ! »

 


 

 Toutes les discussions économiques débouchent un jour ou l’autre sur des programmes politiques. Ces mêmes discussions engagent aussi une conception de l’homme et un regard sur la société. Autant en être conscient si l’on ne veut pas être abusé par la technicité du discours de certains experts, technicité qui repose parfois sur la donnée de fausses évidences.

Je voudrais ouvrir un cycle de chroniques qui se propose de mettre en discussion – sinon de renverser définitivement - des propositions trop rapidement énoncées aujourd’hui en vue de faire le procès de l’économie de marché et de la mondialisation à l’œuvre sous nos yeux.

La connaissance a vocation à discuter toute vérité établie, non à se contenter de marteler des évidences pour flatter les pouvoirs établis. Loin d’être des vérités indiscutables, ces propositions reposent toujours sur des hypothèses plus ou moins avouées et dont les fondements ne sont pas toujours les plus assurés. Mais elles ont toujours le même objectif, nous rendre dépendants et tributaires de l’action des pouvoirs publics.

 

Les manuels d'économie, les médias, les décideurs politiques, les vedettes du show-biz savent qu'ils flatteront toujours l'audimat des bons sentiments en reprochant au marché d'accroître les inégalités entre riches et pauvres. Mais, la connaissance ne se construit pas à partir de sentiments.

Depuis que l’homme vit en société, il y a toujours eu des riches et des pauvres. Cela n’est pas propre au capitalisme actuel. Ce qui est spécifique à l’économie moderne, c’est l’existence d’un processus de croissance qui permet d’améliorer les conditions de vie de l’ensemble de la population. Les classes moyennes sont une invention moderne, produit de la société de consommation, elle-même résultat des formidables gains de productivité liés à l’industrialisation. Avant d’être une société de consommation, notre société doit se doter d'un capital (humain, physique et financier) qui lui permet d’être une société de production. Certes, il existera toujours des inégalités puisque ce concept se définit en relatif. A partir du moment où quelqu’un s’enrichit plus vite que vous, une inégalité surgit. Sauf à contrôler la vie de tout le monde, l’inégalité est le résultat, à un instant donné, d’un processus de développement qui est par nature dynamique. Comme la croissance repose sur la libération des énergies et des potentiels de chacun, il en découlera nécessairement des trajectoires de revenus différentes.

 

Les pays qui ont décidés de s’isoler de l’économie mondiale, refusant les règles du jeu imposé par la nature des phénomènes économiques eux-mêmes, sont ceux qui régressent le plus dans la pauvreté. La pauvreté sévit donc le plus dans les pays qui sont le moins capitalistes. Il en va des individus, des entreprises, comme des pays puisque, finalement, les pays, comme les entreprises, ne sont composés que d’individus. Seuls les individus prennent des décisions ou décident de ne plus en prendre. Ce sont les décisions, les croyances, les compétences et les motivations de ces individus qui feront le succès de leurs entreprises, et la prospérité de leurs pays. Et si ces individus sont brimés par des institutions qui les oppriment, bloquant toute ascenseur social, ces individus s’expatrieront dans un monde désormais ouvert à la mobilité des hommes et des idées.

Aucun patriotisme n’est assez puissant pour retenir des individus qui considèrent qu’ils n’ont aucun avenir dans leur propre pays.

 

Jean-Louis CACCOMO, le 8 mars 2005