Des biens collectifs
1. Définissez les biens collectifs et donnez en des exemples différents de ceux du livre (159)
On peut parler de biens collectifs à condition :
1. Que l'utilisation de ce bien simultanément par plusieurs individus ne nuise pas à l'avantage qu'en éprouve son premier utilisateur, on parle de non-rivalité (exemple : la défense nationale), l'appropriation de ce bien par un seul individu n'est donc pas possible. Mais attention la non-rivalité a des limites, si le bien ou service est saturé, il peut retrouver sa caractéristique de bien privé (la consommation du nième individu empêche le n+1ième individu d'en profiter).
2. Que ce bien soit non-excluable, c'est à dire que la technique actuelle ne permette pas d'empêcher celui qui ne paie pas de le consommer (les réverbères pourraient ne plus être des biens collectifs si un système de capteur permettait d'identifier ceux qui profitent de son éclairage ; par contre les oeuvres artistiques facilement téléchargeable sur Internet pourraient devenir des biens collectifs car non-excluables et non-rivales).
Donc comment produire un bien collectif en cherchant à en obtenir un profit ? Car qui va donc le payer si on peut en profiter sans le payer soi-même puisque l'usage de ce bien par un individu ne prive pas les autres d'en profiter simultanément ? Musgrave suppose que l'existence de ceux-ci impliquent qu'ils soient fournis par l'Etat car un entrepreneur privé n'aurait pas intérêt à les proposer.
2. Une route, un concert, un phare sont-ils des biens collectifs ? (163, 164, 165)
Non pour les deux
premiers, ils supposent la non-rivalité, mais il faut aussi que ce bien soit
non-excluable (définition page 167), or il est possible de faire payer un droit
d'accès à un concert ainsi qu'à une autoroute. Ainsi l'organisation d'un concert
ou la construction d'une autoroute peuvent être rentabilisés par celui qui en
prend l'initiative. Cependant mettre un péage sur de simples routes peut se
révéler techniquement difficile, il s'agirait alors d'un bien collectif dont
la construction et l'entretien doivent être payés par la collectivité plutôt
que l'usager. La technologie pourrait faire évoluer cet état de fait.
Quant au phare c'est censé être l'exemple type du bien collectif,
il est allumé pour tous les bateaux (non-excluabilité) et le fait
d'en voir la lueur n'empêche pas les autres navires d'en profiter (non-rivalité).
Et pourtant les premiers phares étaient souvent privés : leurs
propriétaires se faisaient payer par les autorités portuaires
et si celles-ci se montraient chiches alors ils éteignaient les phares
ce qui déroutait le trafic maritime vers d'autres ports. Ceci n'étant
pas dans les intérêts du port, il finissait toujours par payer.
3. Mais les routes embouteillées sans péages sont-elles des biens collectifs ?
Lorsqu'il s'agit de routes embouteillées alors la non-rivalité n'existe plus. Le fait d'emprunter cette route va géner les autres utilisateurs, créer des externalités négatives qui poussent justement à la réglementation de la circulation ou à la création de taxes sur la circulation (péage) ou sur le stationnement.
4. Un bien collectif peut-il faire l'objet d'une exploitation privée ?
Ces biens collectifs sont en grande partie des "services publics", ainsi il en va par exemple de l'éclairage d'une rue, qui va déclarer vouloir l'éclairage de sa rue si le voisin le fait avant et paie l'intégralité de la facteur sans pouvoir nous empêcher d'en profiter : métaphore du "passager clandestin" ?
Le seul moyen d'éclairer la rue serait donc d'en contraindre le paiement aux usagers, seuls les pouvoirs publics peuvent exercer cette contrainte par le biais des impôts et des taxes payables non seulement par les usagers mais aussi les non-usagers. Mais le rôle de l'Etat va-t-il au delà d'en assurer le paiement de la charge, doit-il aussi produire lui même ce service public ou le sous-traiter ?
L'école privée est un exemple de service sous-traité, si l'Etat finance en partie par le paiement des traitements des enseignants, et en fixe le programme, l'école privée, au contraire de l'école publique, n'est pas une administration publique.
L'entretien des voies est aussi souvent sous-traité, des entreprises privées s'en chargent répondant à des appels d'offre des collectivités locales. C'est donc le financement privé des biens collectifs qui pose problème plus que l'exploitation privée (page 164).
5. Quelle production optimale de biens collectifs ?
Lorsque le bien collectif est financé par les contributions publiques alors les usagers n'ont plus nécessairement intérêt à cacher leurs préférences. L'État devra alors réaliser un calcul coûts-avantages pour décider de la réalisation des travaux et de son abstention. Du côté des coûts il placera ceux de la construction et de l'entretien mais aussi ceux des effets négatifs ; du côté des avantages il retiendra les bénéfices tirés par les usagers. Là encore il sera compliqué d'estimer les bénéfices des usagers d'autant que les partisans du projet exagéreront les bénéfices qu'ils en attendent alors que d'autres pourront s'estimer lésés et exagérer à l'inverse. L'État organisera donc une consultation publique, mais il lui sera de toute façon impossible d'estimer le prix que les usagers accepteraient de consacrer aux travaux. On ne peut donc connaître le niveau optimal de production de biens publics puisque avantages et coûts ne sont qu'approximés. Rien à voir avec la production de biens privés pour lesquels les acheteurs font connaître la valeur accordée aux biens par le prix qu'ils sont prêt à y consacrer, alors même que les vendeurs intégrent leurs coûts dans les prix de vente qu'ils réclament.
Mais reste-t-il des biens collectifs, la police en est elle un ? (pages 165-166) et si non les fonctions régaliennes de l'État pourraient être privatisées ?
Le
divorce entre les paiements soutirés et les services rendus donne aux
services étatiques l'apparence de la gratuité : celui qui obtient des
patrouilles policières plus régulières dans sa rue ne voit pas ses impôts
augmenter d'autant. On a ainsi intérêt à exagérer ses besoins de services
publics, dont les coûts sont répartis sur l'ensemble des contribuables.
Il s'ensuit une pénurie chronique des services étatiques de sécurité,
l'offre ne satisfait pas à la demande avec la conséquence usuelle que
l'État doit imposer
un rationnement arbitraire. Certaines personnes sont bien protégées, d'autres
mal, et peu d'individus reçoivent la sécurité que chacun serait prêt à
payer librement.
La
sécurité est un bien excluable : la police payée par moi ne serait pas
obligée de protéger mon passager clandestin. Il est vrai que la présence
de la police exerce un effet dissuasif qui participe de la notion de bien
public. Mais la même dissuasion est produite si des individus s'arment
pour défendre leur maison ou se baladent armés dans la rue.
Pierre
LEMIEUX
Murray
ROTHBARD
Tous les biens collectifs correspondent-ils pareillement à leurs définition de non excluabilité ? Déterminer différents bien collectifs et discutez-en. Comment estimer les besoins de la population en biens collectifs ? Le recours à une société de vigile produit-il des externalités ? |